Biographie de Joseph Wresinski
12 février 1917
Né d’un père polonais et d’une mère espagnole, Joseph Wresinski grandit dans un foyer très pauvre à Angers, en France.
Toute sa réflexion et son action resteront marquées par son expérience des humiliations et de la honte liées à la misère.
Curé dans des paroisses ouvrières et rurales, pendant dix ans, son évêque lui propose en 1956 de rejoindre un camp de sans-logis, à Noisy-le-Grand (région parisienne).
14 juillet 1956
Le Père Joseph rejoint les 252 familles rassemblées dans le camp des sans-logis. « Ce jour-là, je suis entré dans le malheur », écrit-il plus tard. Il consacre toute son énergie à faire reconnaître ce peuple en quête de dignité, un peuple avec une pensée et une expérience uniques, indispensables à la société.
« J’ai été hanté par l’idée que jamais ces familles ne sortiraient de la misère aussi longtemps qu’elles ne seraient pas accueillies dans leur ensemble, en tant que peuple, là où débattaient les autres hommes. Je me suis promis que si je restais, je ferais en sorte que ces familles puissent gravir les marches du Vatican, de l’Elysée, de l’ONU… »
A Noisy-le-Grand, il propose aux familles de créer un jardin d’enfants et une bibliothèque. « Ce n’est pas tellement de nourriture, de vêtements qu’avaient besoin tous ces gens, mais de dignité, de ne plus dépendre du bon vouloir des autres. » Une chapelle, un atelier pour les jeunes et les adultes, une laverie, un salon d’esthétique pour les femmes vont être réalisés peu à peu.
1957
Joseph Wresinski crée une association avec les familles du camp de Noisy-le-Grand. Cette association est refusée par le Ministère de l’intérieur. Il fait donc appel à des amis et crée « Aide à Toute Détresse » qui devient plus tard le Mouvement international ATD Quart Monde. Des hommes et des femmes de tous horizons et de tous pays le rejoignent peu à peu. Certains choisissent d’engager leur avenir avec les plus pauvres. Ainsi naît le volontariat permanent du Mouvement ATD Quart Monde.
Joseph Wresinski avait pour ambition d’unir toute la société autour des personnes les plus exclues : il a rencontré des dirigeants des nations, des églises et des organismes internationaux partout dans le monde.
Pour mettre fin à la misère, il faut aussi la connaître et se former : Joseph Wresinski crée un institut de recherche sur l’extrême pauvreté, réunissant des chercheurs de disciplines et de pays différents.
1987
Membre du Conseil Économique et Social (actuel CESE) de la République française à partir de 1979, Joseph Wresinski rédige un rapport aux répercussions sociales et politiques importantes en Europe et dans le monde. Ce rapport, intitulé « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » est adopté en février 1987.
Pour la première fois, le peuple du Quart Monde s’exprime officiellement par la voix de l’un des siens. Le rapport reconnaît la misère comme une violation des droits de l’Homme. Il est proclamé qu’il n’est pas possible de supprimer la grande pauvreté sans associer d’emblée les plus pauvres comme partenaires.
Quelques mois plus tard, le 17 octobre 1987, à Paris, plus de 100 000 personnes répondent à l’appel du père Joseph Wresinski. Elles expriment la nécessité de s’unir pour faire respecter les droits de l’homme en se rassemblant autour du parvis du Trocadéro, à l’endroit où fut signée la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
À cette occasion une Dalle à l’honneur des victimes de la misère est scellée : « Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré » .
1992
La Journée mondiale du refus de la misère est reconnue officiellement par les Nations Unies comme Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. Elle est célébrée chaque 17 Octobre partout dans le monde.
14 Février 1988
Décès de Joseph Wresinski dans un hôpital à Paris. Il est inhumé à Méry-sur-Oise (Val d’Oise, France), au siège du centre international d’ATD Quart Monde.
Lire aussi : « Les pauvres sont l’Eglise » de Joseph Wresinski, réédition au Cerf, 2011.
« L’homme qui déclara la guerre à la misère » de Georges-Paul Cuny, Editions Albin Michel, 2014.