Être parent envers et contre tout
Avancer ensemble petits et grands pour permettre un avenir à tous, tel est le fil rouge des Universités populaires Quart Monde de cette année en Belgique.
Article paru dans le journal Partenaires n°95
Depuis deux mois, des personnes vivant dans la pauvreté et des citoyens engagés à leurs côtés réfléchissent à partir de leurs expériences sur ce que signifie « être parent ». Lors de l’Université populaire d’octobre, ils ont pu pointer les freins et les leviers permettant d’assumer pleinement ce rôle. Avoir un soutien et un dialogue externe à la famille, apprendre par les autres, se rendre dans des lieux d’accueil et d’accompagnement sont des soutiens sur lesquels des parents peuvent s’appuyer. À contrario, du côté des freins, les participants ont cité l’isolement et les difficultés quotidiennes qui empêchent d’assumer pleinement son rôle de parent. Par ailleurs, ils regrettent que l’on décide et agisse à leur place.
Des participants ont témoigné de leur expérience avec le SAJ, Service d’Aide à la Jeunesse, qui est un service d’accompagnement qui a pour objet de soutenir les enfants en difficulté ou en danger et leurs familles. Les points de vue étaient mitigés. Certains ont exprimé un sentiment de trahison lorsqu’un professionnel leur rend visite et qu’ils reçoivent un rapport négatif par la suite. Ils ont aussi l’impression que le SAJ agit à la place des parents qui « n’ont pas beaucoup à dire », et regrettent le manque de dialogue. Une jeune participante se confie : « Il faut aussi voir la souffrance des parents … Ce qu’ils subissent. L’air de rien, ils ne sont pas en bonne santé, ni de bonne humeur quand ils ne voient pas leur enfant du lundi au vendredi, qu’ils les voient le week-end et repartir… Tu ne te sens plus parent là-dedans… ». Pour d’autres, ce service peut être une aide à la parentalité et jouer un rôle de conseiller. Enfin, certains participants ignoraient que le SAJ, souvent assimilé au placement d’enfant, était une aide possible.
« Dans certaines situations, on est tellement coupé de sa famille qu’on ne sait même plus qui on est et parce qu’on ne sait plus qui on est, on ne sait rien transmettre à nos enfants, à nos petits-enfants », explique un participant. La grande pauvreté est une des raisons du placement et se reproduit généralement de génération en génération. Elle ébranle les liens familiaux et risque de séparer les enfants de leurs parents, parfois depuis la naissance. Autorisés à ne se voir qu’une fois par mois dans certains cas, des parents et des enfants ne se connaissent pas, ils ignorent tout les uns des autres, ils deviennent étrangers les uns pour les autres. De cette rupture du lien, surtout si elle dure, jaillit une blessure irréparable pour tous, tant pour les parents que les enfants.
Cependant, fonder une famille, élever ses enfants, choisir le genre d’éducation à donner à ses enfants sont des droits reconnus dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Dès lors, que mettre en place pour maintenir le lien, afin que celui-ci ne se brise pas lorsqu’il y a placement?
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