17 Octobre 2014 : Témoignages et messages de soutien à travers le monde

Aujourd’hui, partout de par le monde, des citoyens engagés, des militants des droits de l’homme, des personnes qui vivent au quotidien la violence de la misère et de l’exclusion, des personnes de tous milieux et convictions, se rassemblent pour dire « non » à la misère à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, reconnue par l’ONU en 1992.

Découvrez ici quelques témoignages et messages de soutien qui seront lus en cette journée.

Tous les messages sur : refuserlamisère.org

République centrafricaine

« Malgré notre souffrance et même dans la guerre nous voulons chasser la misère et vivre ensemble. »

Nous, les mamans, nous rentrons dans la brousse, chercher des fagots, des légumes, des tubercules de manioc pour nourrir notre famille, mieux vivre et gagner la paix. Aller ensemble dans un champ, c’est un signe pour notre peuple. C’est chasser la misère. Si nous croisons nos bras, la misère va nous dominer. Mais en s’unissant, en travaillant, on dit à la misère : « attention, tu as affaire à nous ! », et elle va finir.

Nous les mamans, nous disons que ce qui est arrivé dans notre pays est un mal nécessaire, ça nous a permis de connaître notre entourage. Peut être ça peut consolider nos relations de bon voisinage.

Nous, les papas, nous pouvons chasser la misère. Un de nous a appris avec ATD Quart Monde à construire une maison et faire la peinture. Avoir une connaissance, un savoir faire, ça aide. Tu peux le partager ensuite. Ça, c’est une bonne façon de chasser la misère. Nous devons tous travailler pour satisfaire nos multiples besoins, travailler ensemble dans un champ solidaire, afin de combattre les difficultés.

Nous, les jeunes, rassemblons-nous. Nous avons besoin de nous rencontrer, nous mettre ensemble pour apprendre un métier. Pour cela nous comptons sur la confiance des adultes sans condition, comme ces mamans qui nous aident et conseillent autour des activités que nous faisons avec les enfants. Nous faisions ces animations culturelles avant la crise et nous les avons reprises sur des sites de déplacés. Nous proposons des contes, des jeux, des activités manuelles pour que les enfants ne perdent pas leur intelligence, le goût d’apprendre et la valeur de l’amitié.

Nous, les jeunes, nous devons trouver un cœur d’amour pour vivre ensemble dans notre communauté, se visiter, demander des nouvelles les uns des autres pour être bien ensemble.

L’adage de notre pays dit qu’un seul doigt ne peut pas prendre un pou. Bien que tout le monde ne soit pas dans la joie, nous voulons faire la fête ensemble et montrer que le mouvement ATD Quart Monde continue de faire la guerre à la misère. Nous voulons nous lever pour agir, pour changer les choses au profit de tous.

Malgré notre souffrance et même dans la guerre, nous, les mamans, les papas, les jeunes du pays, nous voulons ramener la paix chez nous.

Pour ramener la paix dans notre famille, nous avons besoin du papa, de la maman et des enfants. Nous avons besoin qu’ils s’entendent et qu’il y ait de la considération dans la famille. La paix commence d’abord dans notre foyer. Nous voulons travailler et contribuer au retour de la paix dans le pays.

Pour ramener la paix dans le quartier, nous avons besoin de nous respecter les uns les autres, respecter le prochain dans sa dignité. Ne pas accuser ses voisins, mais rester calmes. Faire l’amitié avec ses voisins, les enfants, avec n’importe qui, même ceux que nous ne connaissons pas bien, faire l’amitié avec tous. A cause de la division, les hommes ne trouvent pas le travail, ça donne de la misère. Quand l’esprit de vengeance vient s’ajouter à l’épuisement dans lequel nous met la pauvreté, alors ça crée des réactions incroyables crée des réactions incroyables. Il y a le « gi mbi », « seulement moi », nous nous tournons le dos les uns aux autres, ça nous amène des conflits.

Pour ramener la paix dans notre pays, tout citoyen doit respecter la loi. Pour ramener la paix dans notre pays, il faut se pardonner les uns aux autres. Parce que si nous gardons notre colère contre nos amis, ça va détruire notre pays. Au contraire, nous essayons d’avoir l’esprit positif qui ne voit pas seulement ce qui ne marche pas, mais encourage ce qui donne l’espoir et bâtit. La considération, ça fait gagner la paix.

ATD Quart Monde redonne du courage aux jeunes et aux vieux, pour qu’ils soient main dans la main, coude à coude, et cœur à cœur. Notre marche doit être comme celle des fourmis, des termites, qui prennent appui les uns sur les autres. Ainsi, il n’y a pas de ségrégation. Quand nous entendons des paroles de division, par un jeune ou un vieux, nous allons écouter longtemps pour le localiser. Ensuite, l’inviter à part, dehors, sous un arbre, là où les murs n’ont pas d’oreilles pour le conseiller, pour rechercher ce qui unit les gens pour que la paix puisse revenir.

Malgré notre souffrance et même dans la guerre, nous, les mamans, les papas, les jeunes du pays, nous voulons ne laisser personne de côté. Pour ne laisser personne de côté, nous allons là où se trouve une personne seule pour lui rendre visite. C’est à cela qu’on reconnaît un parent. Seul, nous ne pouvons pas avoir des idées, nous avons besoin de discuter ensemble, réfléchir ensemble pour chasser la misère. Comme ça notre pays avance. Laisser des gens de côté, ce n’est pas bon. Ce que nous sommes, ce que nous avons, nous voulons que l’autre ait la même chose.

Quand nous n’arrivons pas à nous pardonner, alors nous cherchons d’autres façons de faire. Nous avons besoin de tout le monde dans notre famille, dans nos écoles, dans nos quartiers et dans notre pays. Depuis deux ans nous vivons comme dans une guerre, tout le monde a disparu. Nous ne savions pas où les gens étaient passés. Mais puisque nous, nous sommes encore vivants, alors rassemblons-nous pour continuer le combat contre la misère. Comme la paix revient maintenant, nous allons chercher ceux que nous ne voyons plus, ceux qui avaient disparu pour les ramener dans l’ensemble. Les conflits armés détruisent le peu dont nous disposons, alors nous devons au moins nous assurer que tout le monde est là.

Ne laissons personne de côté, faisons attention à ce qui se vit autour de nous, prenons le temps de poser notre regard sur chacun, sachons tendre la main pour demander de l’aide mais surtout en donner à qui en a besoin.

Maurice

Témoignage d’une maman de Maurice

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Stèle en l’honneur aux victimes de la misère – Port Louis Watermont

Dans tous les témoignages c’est moi que je retrouve. Le pain rassis, l’eau sucrée, je connais. Attendre dans la cour de l’école parce que vos parents n’ont pas pu donner les sous de l’écolage, je connais aussi. Aller à la maternité en autobus pour accoucher, je connais. Voir un papa rentrer le soir les mains vides parce qu’il n’a rien trouvé ; Sentir dans son regard comment il est blessé, je connais aussi. Cette stèle-là, c’est une partie de moi ; c’est une partie de nous. Cette stèle , avant qu’elle ne soit là, on l’avait dans notre tête, dans nos rêves. Maintenant qu’elle est là, elle est peut-être dans la mémoire de tous, pour que personne n’oublie.

International

DÉCLARATION DU RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR L’EXTREME PAUVRETE POUR LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ

GENÈVE (16 Octobre 2014) – S’il convient plus que jamais d’éradiquer la pauvreté, les États doivent adopter une approche fondée sur les droits humains et à placer le droit à la protection sociale au centre de leurs politiques et programmes de lutte contre la pauvreté, selon le Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, Philip Alston.

A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, célébrée le vendredi 17 Octobre 2014, l’expert des Nations Unies a exhorté tous les acteurs internationaux à aller au-delà de charité en soutenant l’Initiative des Nations Unies socle de protection sociale afin de garantir la sécurité du revenu de base et l’accès à services sociaux essentiels pour tous.

« Une autre Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté … Pour beaucoup, ce sera en évoquant des images de personnes sans défense, dépendant de la charité pour survivre, mais un tel stéréotype est trompeur et très problématique », dit M. Alston.

(…)

Plus de 2,2 milliards de personnes – plus de 15 pour cent de la population mondiale – sont estimés par les Nations Unies comme étant proches ou vivant dans la pauvreté « multidimensionnelle » où se chevauchent des privations dans les domaines de la santé, éducation et conditions de vie. « Ce n’est pas un accident », de l’avis de M. Alston. « C’est le résultat d’une série de décisions conscientes et délibérées par les principaux acteurs qui ont choisi de donner la priorité à d’autres objectifs. L’élimination de la pauvreté extrême pourrait être facilement atteinte si c’était une véritable priorité des gouvernements « .

Dans son prochain rapport à l’Assemblée générale, il appelle la communauté internationale à soutenir l’Initiative des Nations Unies d’un socle de protection sociale qui vise à garantir la sécurité du revenu de base et l’accès aux services sociaux essentiels pour tous. Il souligne que l’un des principaux obstacles à la mise en œuvre universelle des socles de protection sociale est l’ambivalence des principaux acteurs internationaux envers ce concept, en particulier la Banque mondiale, qui reste réticente à plaider pour l’Initiative de manière significative et a plutôt choisi de se concentrer sur les « filets de sécurité sociale ».

« À moins d’un changement de cœur de la part de la Banque Mondiale, les politiques de développement continueront d’être poussées à se concentrer sur ce qu’on appelle les « filets de sécurité sociale », visant un nombre limité de personnes extrêmement pauvres », dit M. Alston. « L’éradication de la pauvreté continuera d’être traitée comme une question de politique sociale définie et conçue par la bureaucratie, plutôt que comme une question de droits de l’homme. »

Lisez ci joint le document intégral en anglais.

Message d’Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère.

La mondialisation n’a aucun sens si le nombre de laissés-pour-compte continue d’augmenter chaque année. Les processus économiques ne devraient pas continuer à mettre autant en péril la dignité humaine dans le monde.Ainsi l’émergence du Continent africain, tant évoquée, est loin d’être une réalité : le nombre de pauvres y avoisine les 50 %. Les revenus considérables générés par les activités des industries extractives ne contribuent toujours pas à l’élimination de l’extrême pauvreté, à la réduction des inégalités et au respect des droits fondamentaux de la majeure partie de la population.À l’heure où la communauté internationale s’engage, sous l’égide des Nations unies, dans la formulation de l’agenda post 2015 pour le développement durable, le prochain Sommet de la Francophonie va adopter, à Dakar, une stratégie économique qui prend pour principe fondateur une économie au service de l’humain, visant un partage équitable des richesses et un usage raisonné des ressources naturelles mondiales. Elle demande également que les Objectifs du Millénaire pour le développement, qui sont loin d’être atteints dans certaines parties du monde, fassent partie intégrante des nouveaux Objectifs du développement durable.La Francophonie partage le combat d’ATD Quart Monde pour le refus de la misère et l’appropriation par les plus pauvres des Principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme adoptés par le Conseil des Droits de l’Homme des Nations unies le 27 septembre 2012.J’appelle les Etats de l’espace francophone à redoubler d’efforts pour mettre en œuvre les dispositions de ce texte novateur consacré à la transparence et à l’accès à l’information, à associer avec détermination développement économique et droits des personnes les plus vulnérables.Les Etats membres de la Francophonie doivent renforcer l’appropriation des normes internationales ou régionales relatives aux droits économiques, sociaux et culturels, et prendre en compte les principes relatifs à la responsabilité des entreprises en matière de droits de l’Homme.Ils doivent également lutter contre l’extrême pauvreté en s’inspirant notamment des recommandations du Conseil des droits de l’Homme sur une utilisation plus efficace des politiques fiscales et sur un meilleur usage des dépenses publiques dans les services de base.Comme l’affirme clairement la Déclaration de Bamako du 3 novembre 2000, texte de référence de la Francophonie sur la paix, la démocratie et les droits de l’Homme, le droit au développement doit bénéficier à tous.

francophonie

Ci-joint, le message de l’Unesco

Documents associés

Message de l’UNESCO
STATEMENT BY THE SPECIAL RAPPORTEUR ON EXTREME POVERTY ON THE INTERNATIONAL DAY FOR THE ERADICATION OF POVERTY