Les Nations Unies accueillent le lancement de la mobilisation mondiale #StopPauvreté
- « Si vous n’allez pas vers les autres, personne ne saura que vous êtes là. Il faut faire cet effort, et après un temps, les gens s’attendent à vous retrouver. Vous ne saurez jamais qui est le plus isolé, le plus dans le besoin, si vous ne partez pas à sa recherche. » – Emma Speaks, militante Quart Monde, New York City
La campagne mondiale de mobilisation Stop Pauvreté d’ATD Quart Monde a débuté le 8 février avec un événement aux Nations Unies intitulé : « Ne laisser personne de côté : 60 ans d’expérience avec l’approche Wresinski.»
L’idée de ne laisser personne derrière est au centre des Objectifs de Développement Durable définis par les Nations Unies dans l’Agenda 2030, qui visent à « éradiquer la pauvreté sous toutes ses formes ». Mais alors, comment une organisation peut-elle s’assurer que ses projets atteindront ceux qui sont les plus difficiles à rejoindre, ceux que les programmes échouent souvent à trouver ? Depuis 60 ans, la vie de Joseph Wresinski et l’expérience d’ATD Quart Monde aux côtés des familles les plus marginalisées offrent un exemple précieux.
« Pour changer le monde, explique Geneviève Tardieu, Directrice du plaidoyer international d’ATD Quart Monde, nous devons accepter un changement de perspective drastique et, dès le début de tout projet, inclure la participation des personnes qui vivent dans la pauvreté. »
C’est ce qui a paru si frappant à Emma Speaks, au cours de ses décennies d’implication avec ATD Quart Monde, d’abord dans une bibliothèque de rue et aujourd’hui en tant que membre du conseil d’administration d’ATD Quart Monde.
« À chaque étape, raconte-t-elle, je me suis sentie importante, j’ai senti que je comptais, que j’étais quelqu’un. J’ai pris la mesure de mon intégrité. J’ai senti que je partageais quelque chose d’important, non seulement pour moi mais pour ATD dans son ensemble, pour les gens en général. J’ai eu le sentiment d’être une part active de ce qui se passait dans la vie, un aspect important du combat que Joseph Wresinski a initié. »
Christopher Winship, professeur de sociologie à l’Université de Harvard, a fait observer dans ses propos l’importance de bâtir des relations pour lutter contre l’exclusion.
« Quand quelqu’un est dans une relation compliquée, la solution la plus simple, c’est l’évitement et l’exclusion. Cependant, quand la plus grande partie d’une société évite un groupe en particulier, les conséquences peuvent être dramatiques. Souvent, ces conséquences sont que les individus exclus vivent dans l’extrême pauvreté. Nouer des relations avec des gens différents et qui vivent dans des circonstances très difficiles peut être un défi d’envergure. Il est essentiel d’avoir conscience de ce défi et de se préparer à l’affronter. »
La discussion a été modérée par Donald Lee, président du Comité International 17 Octobre. Parmi les orateurs furent présents Fabienne Bartoli de la représentation française aux Nations Unies et Frédéric Viguier de l’Université de New York.
Les interventions ont été suivies d’une discussion qui a redit combien il était important mais difficile d’inclure les personnes qui vivent dans la pauvreté dans la lutte contre cette pauvreté même. Plusieurs participants ont remarqué que, même s’ils étaient impliqués dans le combat pour mettre un terme à la pauvreté, ils n’avaient pas ces relations si importantes décrites par le professeur Winship et Emma Speaks.
Et pourtant, les enjeux ne pourraient pas être plus grands : « Si on ne va pas à la rencontre de ceux qui vivent dans la pauvreté, a observé Winifred Dougherty de la congrégation de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur, nous courons le risque de perdre notre humanité. »
Ecouter le reportage de RFI : Emma Speaks, porte-parole des sans voix de New-York.