Journée du refus de la misère 2014 : témoignages de Maurice en français et en créole pour le 17 Octobre à Maurice et à l’Ile de la Réunion
A l’occasion des différentes commémorations dans la Region Océan Indien
Prendre les décisions avec nous
« Mo ene habitant ene region du sud et tout le zour moi ecque mo gran garson nous pe trace pou zoine les de bout. Mo pe coze ou nom mo bann camarade ki finn soizir moi pou sa.
Nous sommes d’accord que le gouvernement mette en place des organismes tels que le National Empowerment Foundation (NEF), le ministère de l’Intégration Sociale et d’autre encore, pour nous aider à nous en sortir. Dans notre cité, plusieurs ONG sont là aussi pour nous soutenir. Mais tou dimoune d’accord dimoun riche pe vinn pli riche ecque dimoun pov pli pov. Faire le constat des lieux, on entend cela tous les jours à la radio, à la télévision et dans la presse écrite. Mais après il se passe très rarement quelques chose qui vient changer notre quotidien. Pour avoir accès à ceux qui nous revient de droit (droit au logement, droit à un logement décent) c’est un vrai parcours du combattant. L’année dernière, je faisais des démarches pour avoir une pension que le gouvernement donne pour aider les enfants à aller à l’école. Je me suis rendu au bureau de la sécurité social de l’endroit pour enclencher les démarches. Après une longue attente, l’officier m’a dit qu’il me manque des documents et que je devrais retourne un autre jour. A ma 2eme visite, il me manque encore des documents qu’il avait oublié de me demander la 1ere fois. Je suis repartie, la 3eme fois, l’officier n’était pas venu travailler. Pour chaque déplacement je dois trouver de l’argent pour le ticket d’autobus et aussi trouver des personnes pour garder mes enfants. Finalement, en arrivant la 4eme fois, l’officier me lance au visage : Madame finn trop tar pour faire application pour sa pension là. Ou finn trop tarde » Heureusement une petite association au niveau du village m’a aidé et mes enfants ont pu aller à l’école avec le ventre plein. Dans le domaine de l’éducation aussi c’est très difficile. Mon enfant, comme beaucoup de jeunes de notre quartier, aime l’école, cela me réjouit le cœur. Le matériel scolaire, les livres et l’uniforme coute cher, Les problèmes que nous rencontrons ne me découragent pas. Il faut passer par là pour devenir quelqu’un dans le futur, pour sortir de la misère. Mais c’est très dur. Notre amie nous disait : « Je ne sais pas comment faire les démarches toute seule, je n’ai personne pour m’aider, pour aller chercher un collège, pour trouver les uniformes, les chaussures, les sacs, les livres et les cahiers.
Les années précédentes elle avait fait des démarches auprès du bureau de la Sécurité sociale et avait reçu de l’aide. A un certain moment, notre dossier a été rejeté. Quand elle a dit à l’officier que ce serait très difficile d’aller en classe sans livres, il a répondu : KI ou les mo fer, pas faire ou problème vinn mo problem. » Doucement doucement mo enfant finn ressi continie et si Bon die beni l’annee li pou compoz so HSC. L’école est gratuite à l’ile Maurice, mais pour les parents qui font face à la pauvreté elle ne l’est pas. C’est le manque de moyens, c’est le rejet de l’enfant qui n’a pas d’uniforme, c’est d’être relègue au fond de la classe parce qu’on vous considère ‘ene bourrique’. Nous aurions encore beaucoup à dire. Nous voulons avoir le droit à l’éducation, nous voulons que les jeunes sachent lire et écrire. Ainsi ils n’auront pas à aller dans un bureau pour mettre leur pouce sur un papier qu’ils n’auront pas compris. Une autre personne nous a dit : « Le rêve que je veux pour mes petits, si je vis toujours, c’est de les voir réussir, qu’ils ne restent pas toujours en arrière, qu’ils aient une place dans la société ». Autour de moi, des parents ne savent ni lire ni écrire. C’est une forme de violence dans leur vie quotidienne. Ils sont incapables d’établir un budget et de le contrôler. Alors, ils continuent à dépenser… Les autorités nous ont trouvé des logements alternatifs dans certain village, mais si nous sommes exile au milieu de nulle part, sans transport publique, sans travail dans la région sans aucun activité ou loisir, comment voulez qu’on puisse s’intègre dans la société ?
Parfois des représentants d’ONG ou des œuvres caritatives viennent nous faire des dons, et je les remercie pour cela. Si cette décision était prise avec nous, ce geste serait efficace. Nous recevons souvent des choses inappropriées ou inadaptées. Je me souviens de cette fin d’année ou 7 ONG sont venues distribuer des jouets, des gâteaux et des jus aux enfants. Mais nous avions surtout besoin de livres et du matériel scolaire. Si les ONG travaillaient un peu plus ensemble, cela serait plus efficace. Nous avons souvent entendu parler des plateformes des ONG mais il faut dire que depuis quelques mois certaines de ces ’plateforme’ font un vrai travail de collaboration. La mizer li couma pikan ki finn rente dan ou talon et qui ou pas pe capave tire, pli ou marse ou avance li fer ou dimal ecque li zette so poizon dans ou lecor.
Nou zenfan bisin pa gagne la misere couma heritaze. Mo reve pou mo quartier et pou tou dimounn mizer ce ki nou zenfan conne lire ecque ecrire.
Mo tia conten ici partage are zot ene cuoze ki Père Joseph finn dir. Ca couze li divan mo lizie tou les zour parski li donne moi courage pou manze are la mizer la
“Le plus important, c’est la fierté. Il faut que les familles soient fières. Les mères sont des mères du courage, et elles doivent le savoir. Il faut que les pères soient fiers, même s’ils n’ont pas d’argent, même, s’ils n’ont pas de vêtements à se mettre…parce qu’ils auront cette fierté, ils réclameront le tout, à commencer par l’école pour les enfants. Une chose est sûre : la priorité, c’est les tout petits. Il faut leur faire aimer leur père et leur mère aussi profondément qu’eux-mêmes. Il faut leur faire aimer leurs petits camarades, leur milieu pour que jamais, ils ne l’oublient ou ne le rejettent » ( Père Joseph Wresinski )
Autre témoignage d’un quartier de Maurice
Ce témoignage nous vient d’un groupe de personnes qui se sont réunis depuis le mois d’avril et qui ont réfléchit ensemble sur le thème de cette année pour la Journée Mondiale du Refus de la misère : Ne laisser personne de côté : Réfléchir, décider et agir ensemble contre la misère.
C’est un thème qui nous a permis de faire beaucoup d’échanges, parce que la première chose que nous avons constaté c’est qu’encore plus de gens sont laisser de côté, on ne les laisse pas seulement de côté mais des fois on les met par exprès loin, dans l’endroit le plus retiré par exprès.
A côté de nous, il y a beaucoup d’exemple que l’on peut donner pour montrer qu’il faut réfléchir ensemble quand on fait quelque chose pour nous.
Il y a une association qui a décidé de faire des formations avec nous. C’est une très bonne idée, mais est-ce qu’à ce moment-là, cette formation est une priorité pour nous. Parce qu’avant d’écrire un projet et que vous demandez de l’argent pour réaliser ce projet, vous ne nous avez pas consultés et vous ne savez pas.
Là où nous habitons, chaque fois qu’il pleut, menol est bouché plus haut et il y a une eau sale qui descend et passe devant la porte de quelques familles. C’est un véritable problème, surtout pour la santé de tout le monde mais nous avons plus peur pour les enfants. Quand la formation a commencé, quelques-uns d’entre nous ne sommes pas allés parce que nous considérons que c’est plus important que nous restons à la maison pour empêcher les enfants de courir et jouer dans cette eau. Mais le responsable de la formation a décidé de ce qui était le plus important pour nous. Le lendemain, il vient dans le quartier et il menace : si vous ne venez pas à la formation la semaine prochaine, nous arrêterons de soutenir votre quartier. Voyez comment vous vous débrouillerez pour convaincre vos amis, ça c’est votre problème. A ce moment-là cette situation crée la division entre nous. Les palabres se font, des mots blessants sortent de la bouche de nos amis. La semaine suivante, la salle est bien remplie mais est-ce que nous écoutons quand notre esprit est avec nos enfants à la maison ou que nous sommes inquiets pour eux ?
Voilà comment un projet qui au départ était une bonne idée pour nous aider à sortir des difficultés, devient un projet qui sépare la communauté, nous force à faire quelque chose que nous ne pouvons pas faire pour le moment et surtout qui nous touche dans notre dignité. Après vous entendrez qui ces gens-là ne veulent pas sortir de leur problème, cela ne vaut pas la peine de faire des formations là-bas.
Nous vous demandons, avant que vous venez avec vos projet pour nous, passez un peu de temps avec nous, apprenez à connaître notre réalité. Ce serait dommage si vous continuez à décider des projets pour nous seulement entre vous autour d’une table dans votre bureau.
Un soutien moral est souvent aussi important qu’un soutien financier. Dans le soutien moral on sent que la personne est à côté de nous, il nous aide à avancer ou avoir confiance en nous. Un soutien financier doit être accompagné d’un soutien et le changement prend du temps pour s’opérer. Quand on est seul nous restons moralement fatigués, nous essayons de nous débrouiller mais nous n’y arrivons pas. Mais quand nous sommes ensemble nous sommes plus forts pour faire des choses et nous avons plus d’idées.
Ne laissez personne de côté, vous devez accepter les gens comme ils sont. Ne commencez pas par le transformer, le faire devenir ce que vous voulez, avec toutes sortes de règlements qui ne sont pas adaptés à sa personne. Bien souvent dans ce changement que vous lui demandez, il se sent écrasé, humilié et il perd sa dignité. Mais il doit l’accepter sinon il n’aura pas accès à ses droits.
Pour cette journée 2014, nous souhaitons que vraiment toutes les autorités réalisent que c’est important de nous laisser participer dans les projets qui nous concernent. Nous sommes conscients que c’est une manière de faire qui est nouvelle et qu’il faut du temps pour que cela change mais nous serions bien heureux si nous sentions au moins un commencement dans cette direction.
En créole mauricien
Sa temoignage la li vinn depi ene groupe dimoune qui finn reflesi lor theme sa lanne la pou Zourne Refi La Misere Pa les personn dekote :reflesi, deside ek azir ansam kont lamizer
Nou premye zafer qui nou finn constater ce qui encore plis dimoun ki pe laisse decote pas selma laisse zot de cote mais des fois met zot expres loin danfon lendroi expre. A cot nou reste, ena boucou l’examp capave donner pou montrer qui bisin reflesi ek nou kan fer kitsoze pou nou.
Ena ene lassociation ki finn decidepou fer formation ar nou. Li enn tres bon lide, mais eski dan sa moment-la, sa formation enn priorite pou nou. Parski avant ki ou finn ecrire ou projet ecque diman kas pou fer projet la,ou pa finn consilter nou ou pas conne. Kot nou reste. Saque fois ki lapli tombe, menol bouse pli laho,ena ene dilo malague ki desan et passe divan la porte detroi famil. Li ene vrai problem sirtou pou la sante tou dimoun mai nou pli per pou ban zanfan. Kan formation la finn koumanse,detroi entre nou pa finn aller parski nou considerer ki li pli important ki nou reste lacaz pou empesse zanfan goupe ecque zoue dan sa dilo. Mais responsab formation li finn decide qui pli important pou nou. Lendimin.li vinn dan kartier et li menace : si zotte tou pas vinn formation lot seminne, nou arret tou soutien dan zot kartier. Gete couma zot pou convink zot camouade ca zot probleme. Lerla ca situation cree division entre nou. Palabre deroule, banne mot blessant sorti dan labousse nou camarade. La semaine apre la salle bien rempli mais eski pe ecoute kan ou lesprit are ou zenfan lacaz ou pe tracasse pou zot.
A la couma ene prozet ki au deparen bon lideki pe fer pou aide nou sorti dan fire,vinn en prozet qui separe nou pi comunote, force nou fer litsoze qui nou pa capave fer pou le momen et sotou tousse nou dan nou ndinite. Parce qui apre ou tan dire sa ban le pa le sorti dan problem, pa la peine faire don formation laba. Nou dimann zot avan qui vinn are ene projet pou nou,passe in pe letemp are nou conne nou vraimentnou realite. Li pou domaze si zot continie decide ban projet pou nou selman entre zot autour ene latab dans zot biro
Un soutien moral souvent aussi important qui ene soutien financier. Dans soutien moral ou senti qui dimoun la a cote ou ,li aide ou avace li faire ou prend confience dans oumeme ene soutien financier li bisin accompagne avec ene accompagnement et li diman letemps pou changement viniQuand nou tousel nou latete reste fatigue nou trace meme mais nou pas tour ene lizour. Mais quand ensam nou ena pli laforce pou faireban kitchose et nou gagne pli lidee.
Pou pa laisse ene dimoun de cote ou bizin prend dimoun la couma li été. Apres doucement doucement lesse li adapte are nouvo sitiasion la.Pas comence par transforme, li faire li vinn cequi ou envie li vini, avec tou kalite reglement qui pa ditou adapte pou li.qui pa pran en compte so connaissance et so dignite. Bien souvent dans sa changement qui ou pe dimann li la, li senti li craze, humilie et li perdi so dignite. Mais li bisin acepte san quoi li pas gagne acses a so droit. Pou ca lazourne 2014, nou souhait ce qui vraiment tou ban otorite realize kili important qui laisse nou participe dans ban projet qui concern nou. Nou concsien ki ca ene manière faire ki nouvo et ki bisin letemp pou ca changer mais nou ti pou bien content si nou senti au moins qui ena ene coumenmen dans sa direction la.
Ecouter les strophes à la gloire du quart monde, mise en musique et lues en créole mauricien.