12ème Université Populaire Européenne au CESE : L’Europe ne sera « citoyenne » qu’en luttant avec tous contre la misère
Communiqué de presse, Bruxelles, 8 mars 2012
Alors que l’Union Européenne s’apprête à faire de 2013 une année « des citoyens » le mouvement ATD Quart Monde avait choisi ce thème « Tous citoyens pour une Europe active contre la misère » pour rassembler 120 délégués venus de dix pays qui ont échangé leurs points de vue avec des parlementaires, des conseillers et des fonctionnaires des institutions européennes au siège du Comité économique et social européen à Bruxelles.
« Vouloir une Europe citoyenne, c’est agir pour une Europe plus inclusive et plus démocratique et vous faites partie de la solution » a affirmé son président Staffan Nilsson en accueillant les participants dont beaucoup vivent ou ont l’expérience de la grande précarité. Un moment rare dans la vie des institutions où il est peu fréquent que la voix des personnes très pauvres soit entendue. « On espère en venant ici qu’on nous comprendra mieux, car ce qu’on vit, il faut le vivre ! » dit une militante bruxelloise.
« Nous souhaitons une « année européenne de la citoyenneté », dans une Europe qui se donne comme repère l’éradication de la grande pauvreté » a affirmé Marie-Cécile Renoux, déléguée d’ATD Quart Monde auprès de l’Union Européenne.
Tous citoyens ? « Je me sens citoyen quand je me sens utile aux autres » affirme un autre militant et les contributions n’ont pas manqué au fil de cette rencontre sur le rôle actif dans leur quartier, dans leur immeuble de ces personnes dont les préoccupations semblent si éloignées de celles des institutions européennes. « Lutter contre la pauvreté en Europe, ce devrait être insister sur la dignité et pas seulement distribuer des surplus » affirme un participant.
Dans un contexte de crise, alors que l’ambition européenne pour 2020 est de diminuer la pauvreté, force est de constater « que cela empire et que les plans d’austérité s’attaquent aux services sociaux et appauvrissent davantage les citoyens » souligne Leila Kurki, présidente de section des affaires sociales au CESE. « Il faut que l’Europe sorte de son arrogance, écoute ses citoyens européens surtout ceux qui ne peuvent encore tenir debout et que les acteurs administratifs de l’Union européenne se forment car ils ont oublié la vie réelle. Cela peut se faire par la rencontre, en cherchant à se comprendre » affirme Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen.
Concluant ces travaux, Eugen Brand, délégué général d’ATD Quart Monde a déclaré : « Aujourd’hui, au XXIème siècle, en Europe et dans le monde, des millions d’enfants, de jeunes et des adultes, ne se sentent pas considérés comme des êtres humains dans la façon dont ils sont traités. Une véritable citoyenneté ne peut exister que fondée sur l’indivisibilité des droits de l’homme. Nous vivons non seulement une crise financière, économique mais aussi une crise de la connaissance ».
Aussi a-t-il invité les institutions européennes à prendre en compte le savoir des personnes très pauvres en formulant trois propositions :
- à la Commission européenne, pour que celle-ci analyse les effets des nouvelles politiques mises en place au titre de la gouvernance économique sur les plus pauvres en associant ceux-ci à cette étude, en croisant les savoirs et en additionnant les intelligences des uns et des autres ;
- au Comité économique et social européen, en lui suggérant un avis préparé avec les personnes les plus concernées, sur ce que devrait être une « citoyenneté européenne » basée sur le refus de la misère et sur les droits de l’homme.
- au Parlement européen, pour qu’il agisse auprès de tous les Etats membres afin qu’ils signent la charte sociale européenne révisée, que l’Union européenne la signe elle-même et admette la procédure de plainte collective.
Pour ATD Quart Monde, une Europe, qui à l’horizon 2020 s’engagerait sur une politique de « réduction » de la pauvreté et non une politique d’éradication de celle-ci tournerait le dos aux droits de l’homme puisque cette politique sélective ne serait pas universelle. Eugen Brand a réaffirmé sa confiance en une Europe bâtie sur l’égale dignité de chacun et l’accès de tous aux droits de tous, la solidarité et la fraternité, la finalité et le partage des richesses produites, l’effectivité de la justice sociale, l’application des Droits de l’homme. « Une Europe qui s’engagerait dans cette voie là, dit-il, est attendue non seulement par les pauvres du monde entier mais retrouverait la conviction et les inspirations de ses « pères » fondateurs basées sur la construction de la paix et l’entente entre tous les hommes ».
Contacts :
Marie-Cécile Renoux 00 33 (0)6 80 07 80 84
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