Covid-19 et Droits de l’Homme

Photo : Maryann Broxton, USA, 2020 © ATD Quart Monde


L’été dernier, ATD Quart Monde co-organisait un webinaire aux Nations Unies à l’occasion du Forum Politique de Haut-Niveau. Le thème de l’événement en ligne portait sur la pandémie et les droits de l’Homme au regard de l’extrême pauvreté.

Monsieur Olivier De Schutter, rapporteur spécial des Nations unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’Homme, a évoqué les efforts déployés par les États pour mettre en place des régimes de protection sociale pendant la pandémie. Il expliquait que malheureusement, ces mesures n’atteignent pas toujours les plus pauvres. Les programmes ne couvrent pas les travailleurs du secteur informel, les personnes ayant un emploi précaire ou les travailleurs migrants sans papiers. Le financement est un défi et n’aboutit souvent qu’à des protections inadéquates à court terme. Même les personnes couvertes ont du mal à accéder aux aides en raison du fossé numérique et de la demande écrasante à laquelle doivent faire face les services sociaux.

Madame Maryann Broxton, militante Quart Monde et co-chercheuse sur les dimensions cachées de la pauvreté disait :

  • « Quand on parle d’éradiquer la misère, on a tendance à dire qu’il s’agit d’un manque de volonté politique. Mais c’est trompeur. La misère n’existe pas simplement à cause d’un manque de volonté politique. Dans notre monde actuel, la misère existe en raison de choix politiques mûrement réfléchis. Elle n’affecte pas les gens vulnérables comme une maladie naturelle. La misère est une construction humaine. »

Mme Broxton soulignait qu’on marginalise souvent ceux qu’on perçoit comme ayant moins de valeur. Il est évident que les personnes en situation de pauvreté, à cause des conditions de vie qu’elles subissent, sont plus susceptibles de contracter la Covid-19. Les facteurs de risque auxquels elles sont confrontées sont aussi d’ordre institutionnels et existent depuis très longtemps :

« L’endroit où vous vivez, la nourriture que vous mangez, le logement et le type d’emploi que vous avez déterminent tout dans votre vie ».

Si de nombreuses personnes de couleur connaissent la pauvreté, elles sont également confrontées à la ségrégation et au racisme institutionnel. La misère n’est pas seulement une question d’argent. En réalité, elle est multidimensionnelle.

Maryann Broxton poursuit :

  •  » Être pauvre, c’est avoir honte et être stigmatisé, c’est vivre un isolement, ne jamais être entendue et être exclus de toute participation. C’est se voir refuser délibérément le contrôle ou le pouvoir sur ses propres choix et sa vie. (…) Les personnes en situation de pauvreté sont constamment tenues pour responsables de leur situation, comme si leurs actes et leurs choix personnels étaient seuls en cause. Pourtant, les gouvernements ne sont jamais tenus pour responsables des choix délibérés qui plongent et maintiennent des gens dans la misère, ou qui augmentent le niveau de vie des autres.
  • Sommes-nous prêts à partager l’espace et le pouvoir afin de nous assurer d’inclure vraiment les personnes qui, dans la misère, ont les expériences les plus difficiles ? Sommes-nous prêts à les considérer comme des partenaires dont la légitimité est égale, dont la voix et la contribution ont autant de poids que celles traditionnellement sollicitées dans la recherche de solutions et dans les processus décisionnels ?« 

Et pour conclure, elle ajoute :

  • « La seule chose que COVID-19 a extrêmement bien fait est de démontrer à quel point notre bien-être à tous est lié. Je n’irai bien qu’à la condition qu’une personne vivant à Madagascar aille bien. Il n’y aura pas de problèmes ici, s’il n’y en a pas pour les personnes en Allemagne, en Bolivie, et ainsi de suite. Ce n’est pas une question de charité. C’est une question de réciprocité – croire que la personne qui vit à côté de vous ou à l’autre bout du monde a autant droit à l’équité, à la dignité et au bien-être que vous. C’est à cette condition que nous ferons les choix nécessaires et déterminés pour nous remettre de la pandémie et mettre fin à la misère.« 
  1. EXCELLENT ! C’est frappé au coin du bon sens. Cela va mieux encore en le disant aux « Nations Unies » pour que tous les dirigeants de ces pays prennent conscience des conséquences funestes de leurs politiques….

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