L’Action climatique doit contribuer à détruire la misère
Le nouveau rapport du GIEC
Le GIEC – Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat – vient de publier son nouveau rapport « Changement climatique 2022 : impacts, adaptation et vulnérabilité » qui rappelle que le changement climatique est une menace pour le bien-être de l’humanité et la santé de la planète s’accompagnant de perturbations dangereuses et généralisées qui affectent la vie de milliards de personnes dans le monde. Le GIEC réitère que l’intensification du réchauffement va encore aggraver la situation. Il confirme les craintes évoquées par le Mouvement ATD Quart Monde depuis l’accord de Paris.
Pauvreté, moyens de subsistance et développement durable
Les scientifiques du GIEC dans le chapitre 8 du rapport intitulé « Pauvreté, moyens de subsistance et développement durable » confirment que les plus pauvres sont déjà les premiers touchés par les impacts du changement climatique.
Ils indiquent que :
- « Les vulnérabilités et les inégalités existantes s’intensifient avec les effets néfastes du changement climatique. Ces impacts affectent de manière disproportionnée les groupes marginalisés, amplifiant les inégalités et compromettant le développement durable dans toutes les régions. »
- « La mortalité moyenne observée due aux inondations, à la sécheresse et aux tempêtes est 15 fois plus élevée pour les pays classés comme très vulnérables, …par rapport aux pays très peu vulnérables… »
Et qu’ils seront encore plus touchés dans l’avenir sans mesures d’adaptation fortes :
- « Si le changement climatique futur dans les scénarios d’émissions élevées se poursuit et augmente les risques, sans mesures d’adaptation fortes, les pertes et les dommages seront probablement concentrés parmi les populations vulnérables les plus pauvres. »
- Ils indiquent également que « dans de nombreux cas, les personnes / groupes pauvres et les plus vulnérables sont les plus durement touchés par les mesures d’adaptation mal conçues » et que « la justice climatique et les approches fondées sur les droits sont de plus en plus reconnues comme un principe clé dans les stratégies et projets d’atténuation et d’adaptation. »
Ces constats ne sont pas nouveaux pour le Mouvement ATD Quart Monde.
Assurer des transitions justes
Des membres d’ATD Quart Monde ont participé à la COP26 qui s’est déroulée en novembre 2021 à Glasgow. Ils ont rappelé que l’accord de Paris de 2015 prévoyait une action climatique qui s’inscrive dans une politique d’élimination de la pauvreté et qu’il y avait besoin d’une mise en œuvre concrète de cette approche.
Même si le pacte de Glasgow est globalement décevant, ATD Quart Monde a pointé du doigt une avancée majeure au niveau de son article 52 qui reconnaît la nécessité « d’assurer des transitions justes qui favorisent le développement durable et l’éradication de la pauvreté, ainsi que la création d’emplois décents et de qualité. »
ATD Quart Monde rappelle également que dans son introduction est inscrit « le changement climatique est une préoccupation commune de l’humanité, les Parties devraient, lorsqu’elles prennent des mesures pour lutter contre le changement climatique, respecter, promouvoir et tenir compte de leurs obligations respectives en matière de droits de l’Homme, de droit à la santé, de droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation de vulnérabilité et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité intergénérationnelle. »
On va être encore plus pauvre
En novembre dernier, Alain, militant Quart Monde suisse disait :
- « La question écologique, cela me fait très peur. J’ai l’impression que l’on va être encore plus pauvre. Plus on va faire des choses sur le climat, plus on va amener la pauvreté. Il faut donner la dignité de vie à tout le monde. Pour moi le combat c’est d’amener cette vision de donner un équilibre planétaire. »1
Ces paroles raisonnent totalement avec les craintes évoquées dans le nouveau rapport du GIEC.
L’Action climatique d’atténuation et d’adaptation doit contribuer à l’élimination de la pauvreté
Face à la menace du changement climatique et de politiques d’atténuation et d’adaptation mal pensées, qui vont aggraver la situation des plus pauvres, ATD Quart Monde demande une nouvelle fois aux États de traduire concrètement dans leur droit national la nécessité d’une action climatique qui contribue à l’élimination de la pauvreté et aux autres parties prenantes (collectivités, entreprises, ONG…) de penser à intégrer la dimension de l’élimination de la pauvreté dans leur action.
Il rappelle à l’ensemble des parties prenantes de l’accord de Paris et du pacte de Glasgow la nécessité de :
- Accorder une attention spéciale aux 20 % les plus pauvres afin de s’assurer que personne n’est laissé de côté.
- S’attaquer ensemble au dérèglement climatique, en associant les personnes en situation de pauvreté, pour que les solutions soient élaborées, mises en œuvre et évaluées avec elles.
- S’assurer que le financement de la lutte contre le dérèglement climatique vise les populations les plus vulnérables, afin de favoriser la justice climatique.
- Instaurer des socles de protection sociale.
- Garantir que les populations vivant dans la pauvreté puissent bénéficier des formations et créations d’emplois dans la transition vers une économie verte.
Pour lire la note de position d’ATD Quart Monde lors de la COP26, cliquer ici.
Les précédents articles d’ATD Quart Monde :
Pour lire ou télécharger, cliquer sur le rapport du GIEC, le résumé technique ou le résumé pour les acteurs politiques.