Qu’est-ce que le travail décent pour les personnes en situation d’extrême pauvreté ?
En 2022, afin de commémorer les 30 ans de la Journée mondiale pour l’élimination de la pauvreté (reconnue en tant que telle en 1992 par les Nations unies), le Comité international le 17 octobre a produit 30 podcasts intitulés Dignity Voices. Donnant suite à cette initiative, le Comité international le 17 octobre a produit cette année quatre podcasts supplémentaires, tous en anglais, pour célébrer la Journée mondiale du refus de la misère 2023.
Dans cet article, même si le podcast n’est pas encore disponible en français, nous en restituons quelques idées fortes.
Dans cet épisode (en anglais) de Dignity Voices, Aye Aye Win interviewe Maryann Broxton, militante Quart Monde et représentante du Mouvement international ATD Quart Monde auprès de l’ONU.
Maryann Broxton décrit les obstacles auxquels sont confrontées les personnes vivant dans l’extrême pauvreté lorsqu’elles cherchent un travail décent. Cette réflexion s’inscrit dans le cadre de la Journée mondiale du refus de la dont le thème de cette année est le travail décent et la protection sociale pour toutes et tous.
La complexité de l’accès au travail décent
Maryann Broxton aborde aussi certaines des difficultés que rencontrent les personnes vivant dans la grande pauvreté face au travail. Elle décrit en particulier les différences entre l’accès au travail formel et informel. Dans de nombreux pays du Sud, les personnes vivant dans la grande pauvreté ont beaucoup plus de difficultés à trouver un emploi formel.
- Et lorsqu’elles en trouvent un, beaucoup de personnes en situation de grande pauvreté se retrouvent à la merci de leurs employeurs et sont bien souvent confrontées à des conditions de travail injustes et à de faibles rémunérations. Certaines personnes subissent aussi de nombreuses formes de harcèlement de la part de leurs employeurs.
À cela, s’ajoute une représentation qui perdure :
si elles décident de partir ou de dénoncer des conditions de travail injustes, les personnes les plus pauvres sont perçues comme remplaçables.
Maryann Broxton aborde encore la question de l’accessibilité des emplois pour les personnes vivant dans la grande pauvreté. Occupant, dans de nombreux cas, des emplois disqualifiés par la société, ces travailleurs sont souvent stigmatisés et leurs tâches, dépréciées. Par exemple, la collecte de déchets est souvent qualifiée péjorativement de « travail d’éboueurs » sans que ne soient prises en compte les contributions de ces travailleurs à la société et à l’environnement. On devrait plutôt les considérer comme des travailleurs de l’économie verte.
Obstacles sociaux et systémiques
Enfin, Maryann Broxton analyse les barrières sociales et systémiques que les personnes en situation de pauvreté doivent surmonter quand elles cherchent un emploi. Leur adresse est l’un des autres principaux obstacles au travail décent puisque des zones résidentielles associées à la pauvreté sont souvent fortement discriminées. Plus elles vivent dans des quartiers ou des lieux très pauvres, moins elles rencontrent des opportunités de travail décent.
Dans ce podcast, Maryann Broxton souligne que le travail et la recherche d’emploi pour les personnes vivant dans la pauvreté sont fortement marqués par un ensemble de barrières sociales et systémiques. De ce fait, ces personnes se trouvent dans des situations extrêmement complexes qui les éloignent d’opportunité et d’horizons de réalisation par le travail :
« La pauvreté est persistante car les plus pauvres n’ont jamais la possibilité d’avancer. »
Découvrez un autre épisode en français avec Bernard Monnet, militant Quart Monde et membre du Comité international pour le 17 octobre :
Merci pour ces articles. Il est toujours difficile de se rendre compte du coût incroyable de la misère au niveau individuel et global. Merci à ATD Quart Monde de vraiment vivre au côté − et même au cœur − de toutes ces personnes et d’aider à faire porter leur voix.