Amérique Latine et Caraïbes : ensemble, construisons un avenir durable pour tous !
Chaque année, le 17 Octobre, Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, des citoyens se rassemblent, animés par la conviction que pour construire des sociétés justes, solidaires et pacifiques, la contribution des personnes vivant dans la pauvreté est indispensable, et qu’il faut compter avec la participation et l’intelligence de tous. Retour sur les mobilisations de cette année en Amérique Latine et Caraïbes.
(photo ATD Quart Monde : commémoration du 17 Octobre 2015 dans le quartier de la Vizcachera, Lima, Pérou)
Depuis le premier 17 Octobre historique, en 1987, le message proclamé par Joseph Wresinski nous mobilise:
«Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. »
C’est ainsi que chaque année, des milliers de personnes à travers le monde continuent de se réunir en hommage à la vie et la lutte de ceux qui souffrent à cause de l’extrême pauvreté, en mettant au centre de toute commémoration leur voix et leur expérience, afin de susciter de nouveaux engagements.
- « Moi, je voudrais être ambassadrice du Quart Monde » nous dit cette femme d’Érythrée accueillie par les membres du Mouvement à Londres, rappelant que nous nous mettons ensemble parce que nous voulons que, d’ici ou d’ailleurs, aucun être humain ne soit mis à part, que personne ne soit laissé de côté. Ne sommes-nous pas ensemble pour apprendre de tous ceux qui, à cause de leur souffrance et de leur espoir, veulent que le monde avance ? C’est avec eux que nous pourrons gagner la paix dont le monde a besoin, parce qu’ au delà de l’amertume, ils fondent leur espérance et puisent leur force dans la fraternité.
Isabelle Perrin, Déléguée générale d’ATD Quart Monde, Message du 17 Octobre 2015
En Amérique latine et dans les Caraïbes, de récentes analyses suscitent un certain optimisme quant à l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités. Cependant, 164 millions de personnes vivent en situation de pauvreté dans la région, selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes des Nations Unies, et représentent ainsi 164 millions de raisons de se mobiliser sous le slogan de cette année:
«Construire un avenir durable : s’unir pour mettre fin à la pauvreté et à la discrimination. »
Comme dans d’autres parties du monde, en Bolivie, au Brésil, en Colombie, en Equateur, au Guatemala, en Haïti, au Honduras, au Mexique et au Pérou, des amis et membres d’ATD Quart Monde se sont mobilisés, souvent avec d’autres associations, à travers des événements culturels et commémoratifs : forums, projections vidéo, repas partagés, expositions de photos et de peinture, pour refuser ensemble la fatalité de la misère. Dans leurs quartiers, les centre-villes, dans les lieux où se réfléchit et se décide l’avenir de nos sociétés, des enfants, des jeunes et des adultes se sont réunis pour affirmer qu’il est possible de construire un avenir durable.
- « Nos enfants nous donnent de la force et nous poussent. Nous ne voulons pas qu’ils soient obligés d’aller dans un autre pays pour trouver du travail. Nous ne sommes pas les seuls à lutter. Nous connaissons aujourd’hui de nombreuses familles qui luttent tous les jours pour une vie meilleure.
- Vivre dans l’extrême pauvreté ce n’est pas seulement le manque d’argent. Il y a des familles ici qui n’ont pas d’électricité, de tout-à-l’égout, les services de base … Personne ne leur demande leur réflexion, on ne les écoute pas à l’école ni à l’hôpital. Ces personnes sont discriminées. «
- Mère de famille. El Alto, Bolivie
- « Dans mon quartier, je fais de mon mieux pour que mes voisins soient unis, alors seulement nous pourrons faire des choses pour le bien de tous, avoir par exemple un endroit pour que les enfants puissent lire et partager, passer du temps ensemble. »
- Lourdes Romani, Lima, Pérou
- « Beaucoup de gens meurent de faim. Avant, nous pouvions acheter de quoi manger. Aujourd’hui, le prix des produits de première nécessité a tellement augmenté qu’on ne peut même plus acheter une pomme de terre au marché. Nous demandons à l’État d’investir dans l’agriculture.
- Aux mamans qui vivent dans la même situation que nous, nous leur disons : ne restez pas seules parce qu’à chaque fois que nous nous rencontrons, ça nous renforce. C’est important de partager ce qu’on sait avec d’autres.
- Le 17 octobre n’est pas une mince affaire. C’est quelque chose de très important dans nos vies. C’est le jour où nous pouvons faire entendre notre voix dans la société. Nous voulons vivre comme tout le monde. Personne n’aime vivre dans la misère. Si toute la société se joint à nous, nous écoute, prend conscience de ce que nous endurons, notre situation pourrait changer.
- Message collectif. Port-au-Prince, Haïti.
- «Les familles de la petite communauté de Percca et les familles de Cuyo Grande se sont unies avec une seule idée : cheminer ensemble à la recherche d’une plus grande reconnaissance et respect de la dignité humaine. Nous avons fait une marche de sept kilomètres de Percca à Cuyo Grande en chantant des hymnes de courage et d’espoir. Pour finir, nous avons partagé notre « cocahuis », où chaque famille apporte un plat de sa vie quotidienne « .
- Edith Saire. Cuyo Grande. Cuzco, Pérou
- « Dans notre école, les besoins sont nombreux, nous n’avons pas de toilettes, il manque du mobilier, nous faisons cours dans les couloirs, les classes sont petites pour accueillir 20 enfants, les enfants ne sont pas nourris : comment exiger une éducation de qualité ? Quand nous n’avons pas toutes les conditions pour assurer une éducation de qualité, nous les enseignants faisons preuve de créativité, nous adaptant à ce que nous avons ; nous enseignons aux enfants la solidarité.
- Nous, les adultes pouvons nous faire entendre si nous avons des problèmes, mais comment les enfants se font-ils entendre ? Il est scandaleux de voir la pauvreté. Dans notre école, nous essayons de la combattre.
- Demetrio Ninachoque. École d’Urkupiña. El Alto, Bolivie.
- « Lorsque nous arrêterons de regarder l’autre comme une personne différente et que nous la verrons comme un semblable, il n’y aura plus de pauvreté. Le changement est en nous. »
Miryam Roque. Étudiante à l’Université Autonome de Mexico, Mexique. - «Je suis membre du Mouvement ATD Quart Monde, continuons ensemble la lutte! »
Xiomara Mejía. Tegucigalpa. Honduras
Au-delà du 17 Octobre, jour après jour, les membres d’ATD Quart Monde s’unissent à la lutte contre l’extrême pauvreté, réfléchissent ensemble et inventent des actions créatrices de paix. La Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté de cette année a eu lieu après l’adoption des nouveaux Objectifs de Développement Durable, à travers lesquels les pays membres se sont engagés à « d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde » avant 2030.
ATD Quart Monde a contribué de manière très significative aux travaux préparatoires de ce nouveau programme de développement. Dans sa réaction au document, ATD Quart Monde souligne les avancées obtenues dans le cadre des négociations, les lacunes et les défis qui persistent et s’engage à continuer de travailler en collaboration avec les autres parties prenantes, principalement les personnes qui vivent dans la pauvreté.
C’est pourquoi, nous disons : ensemble, construisons un avenir durable pour tous !