La mobilisation internationale #StopPauvreté débute à l’occasion du centenaire de la naissance de Joseph Wresinski
12 février 2017 – Joseph Wresinski, le fondateur d’ATD Quart Monde, est né il ya 100 ans jour pour jour. ATD lance ce jour-là la mobilisation 2017 #StopPauvreté afin de mobiliser les gens du monde entier pour qu’ils s’unissent et qu’ils parviennent à vaincre la pauvreté. La mobilisation a débuté ce dimanche avec des événements à Angers, en France, ville natale de Joseph Wresinski, et également au siège des Nations Unies à New York. Ainsi que dans beaucoup d’autres endroits tout autour du monde.
Joseph Wresinski avait une profonde empathie pour les familles dans la pauvreté parce qu’il était lui-même né dans une famille d’immigrants d’un quartier pauvre. Dans l’extrait ci-dessous, il parle des difficultés qu’il éprouva pendant son enfance, et comment vivre et travailler comme prêtre dans un camp de sans-abri l’a aidé à comprendre les difficultés de ses parents.
La violence et le mépris que Joseph Wresinski a éprouvé pendant son enfance lui a donné une idée précise de ce dont les gens ont besoin et souhaitent dans les communautés appauvries. Joseph Wresinski était un homme d’une détermination et d’une ténacité extraordinaires, il a combattu toute sa vie pour défendre les pauvres contre la charité qui les humilie. Le génie de Joseph Wresinski était de comprendre qu’il fallait écouter les gens dans la pauvreté et de suivre leur exemple. Ces gens, il les appelait « mon peuple ». À la fin de cet article, vous trouverez des informations sur la façon de rejoindre le travail d’ATD et de participer à la mobilisation 2017 « STOP Pauvreté ».
Texte de Joseph Wresinski :
Au plus loin que je remonte dans mon enfance ce dont je me souviens c’est d’une longue salle d’hôpital, et de ma mère criant après la religieuse qui nous surveillait. Car, petit garçon rachitique, j’avais été hospitalisé pour que l’on me redresse les jambes.
Ce jour-là, je dis à maman que les Sœurs m’avaient privé du colis apporté le dimanche précédent. Maman, qui avait dû se donner du mal pour rassembler ces quelques friandises, se mit en colère. Séance tenante, elle m’arracha aux mains des religieuses et me ramena à la maison.
Depuis, je suis resté les jambes arquées, et durant toute ma jeunesse, j’ai dû subir le ridicule et les moqueries que m’attirait cette déformation, la gêne aussi de boiter légèrement, surtout durant mon adolescence.
Ainsi, le tout premier contact avec autrui, dont je garde le souvenir, est celui d’une injustice et d’un préjudice qui devraient marquer mon corps pour la vie. Sans doute est-ce pour cela que me sont devenus intolérables ces nez qui coulent, ces jambes torses, ces jeunes corps déjà griffés qui m’entourent aujourd’hui dans les cités d’urgence, les taudis, les slums.
Ma mère criant après la sœur, cela ne m’avait pas surpris. Les cris, j’en avais l’habitude. A la maison, papa criait tout le temps. Il frappait mon frère aîné, au désespoir de ma mère, car c’était toujours à la tête qu’il portait ses coups. Il injuriait aussi maman et nous vivions sans cesse dans la peur.
Ce n’est que bien plus tard, à l’âge d’homme, en partageant la vie d’autres hommes comme lui, d’autres familles comme la nôtre, que j’ai compris que mon père était un homme humilié. Il souffrait d’avoir manqué sa vie : il portait en lui la honte de ne pouvoir donner sécurité et bonheur aux siens.
Le mal de la misère est là. Un homme ne peut pas vivre ainsi humilié sans réagir. Et l’homme pauvre, aujourd’hui comme hier, réagit de la même façon violente.
La mobilisation 2017 « Stop Pauvreté »
Joseph Wresinski a compris que le respect est la première véritable étape pour surmonter la pauvreté. Le travail d’ATD dans le monde reflète cette vision. Montrez votre soutien en vous joignant à notre appel à l’action et en ajoutant votre image à la mosaïque de photos en ligne dans le monde entier, qui se développe tous les jours jusqu’au 17 octobre 2017 : 30e anniversaire de la Journée mondiale de la lutte contre la pauvreté.
Pour plus d’informations sur Joseph Wresinski cliquez ici.
L’histoire de Wresinski, « Un jeune garçon pris dans le cercle vicieux de la violence », tiré de « Les Pauvres sont l’Eglise ». entretiens du père Joseph Wresinski avec Gilles Anouil, Le Centurion, 1983,