Changement climatique : Nous sommes tous concernés
A l’approche de la Conférence climat de Paris, la COP21, l’Université Populaire Quart Monde d’Ile-de-France était consacrée le 14 novembre au dérèglement climatique avec comme invité le scientifique Jean Jouzel. Les débats ont été riches.
« Changement climatique : tous concernés ? » : la réunion avait été placée sous ce titre en forme d’interpellation. La réponse est vite tombée. Oui, le problème du climat intéresse tout le monde, contrairement à certains clichés qui voudraient que les personnes les plus pauvres aient d’autres priorités. Or elles se soucient autant que les autres du monde qu’elles laisseront à leurs enfants. Et elles ont des choses à dire sur ce sujet.
Quarante-sept personnes venues d’Ile-de-France étaient présentes ce samedi matin au siège d’ATD Quart Monde à Montreuil (Seine-Saint-Denis). A peine un peu moins qu’à l’habitude alors que la réunion se tenait au lendemain des attentats de Paris. Un « groupe conseil » l’avait préparée et les militants avaient planché sur ce sujet a priori ardu, abordé pour la première fois.
Les plus démunis, les plus exposés
« Ce sont les plus pauvres qui polluent » : Vrai ou faux ? » D’un côté, ont souligné les participants, on peut dire que les personnes en situation de pauvreté polluent plus car leurs logements, moins bien isolés, consomment plus d’énergie ou que leurs voitures, lorsqu’elles en ont, sont vieilles et consomment plus d’essence. Mais ont-elles réellement le choix ? Le voudraient-elles, elles n’ont souvent pas les moyens de vivre de manière plus écologique.
Les deux autres sujets étaient les causes du changement climatique et ses impacts sur les plus pauvres. On a débattu des activités humaines – chauffage, transports … – qui augmentent les émissions de gaz à effet de serre, et de l’injustice faite aux populations les plus démunies, qui se retrouvent les plus exposées aux effets du dérèglement climatique tout en étant les moins responsables.
Jean Jouzel, membre du comité d’organisation de la COP21, a évoqué l’avenir si rien n’était fait pour contenir le réchauffement. Les canicules, comme celle de 2003, vont se répéter. Et avec elles les sécheresses, les montées des eaux et les déplacements de populations dans le monde. Le climatologue s’est montré réservé sur les chances de la COP21 de parvenir à un accord mondial limitant le réchauffement à 2 degrés.
« On est les premiers acteurs »
« Les plus pauvres sont les plus exposés à tout. Et si ça se réchauffe trop, ils vont encore plus souffrir, souligne Patrice, militant du Val-d’Oise interrogé à la sortie, chacun est concerné et peut faire un petit geste. Moi je fais mon tri pour mes déchets, je regarde si mon voisin le fait aussi, tous ces petits gestes qui se rajoutent au quotidien, ça compte. »
Venu avec lui du Val-d’Oise, Gregory, 18 ans, participe à sa première Université Populaire Quart Monde : « il faut agir maintenant, après ce sera trop tard. Moi déjà, j’évite de gaspiller. Comme j’ai une passe difficile, je vais aux Restos du cœur. Et quand ils me donnent trop, je redonne, je fais un geste. » Gregory est content d’avoir appris des choses : « je ne pensais pas que des maladies seraient plus présentes. Les microbes gèlent avec le froid. Mais quand on n’a pas d’hiver, ils n’ont pas le temps. »
Manuela, militante Quart Monde des Yvelines, fait partie du groupe qui a préparé l’Université Populaire : « J’ai envie que tous, riches ou pauvres, fassent des efforts de comportement, par rapport à la consommation d’énergie par exemple. C’est à nous de faire attention : ce peut être tout simple, comme éteindre la lumière des pièces où on n’est pas ou baisser le gaz quand on cuisine. C’est vraiment important de travailler sur ce thème du changement climatique parce que nous sommes les premiers acteurs. »
Véronique Soulé
Photo : Jean Jouzel le 14 novembre 2015 à l’Université Populaire Quart Monde d’Île-de-France à Montreuil (Carmen Martos, ATD QM)