« Chasser la pauvreté, non les pauvres »
Campement improvisé à Baton Rouge, huile sur bois, Toronto, Canada, 2016 © Urs Khel / ATD Quart Monde / Centre Joseph Wresinski / AR0202202001
Extrait de la tribune publiée le 23 avril 2021 dans le journal Libération par Guillaume Leblanc, philosophe et ami d’ATD Quart Monde.
- « Dans un texte de 2007, Wresinski écrivait à propos des pauvres : “Leur savoir et leur réflexion ne portent pas seulement sur leur situation vécue, mais aussi sur le monde environnant qui la leur fait vivre, sur ce qu’est ce monde-là, et sur ce qu’il devrait être pour ne plus exclure les plus faibles”.
- L’enjeu est justement de faire émerger ce savoir, de le reconnaître et de lui conférer la place qui lui revient dans une assemblée comme le CESE1. Car il ne peut pas y avoir de société hospitalière s’il n’y a pas ce partage des savoirs. Un tel partage n’est pas un rêve creux, il se pratique quotidiennement à ATD Quart Monde sous la forme du croisement des savoirs et des pratiques dont la démarche vise à refuser que l’exclu soit également exclu des connaissances de son exclusion. »
Suppression de sièges au CESE
Par cette tribune, Guillaume Leblanc réagissait à la décision du gouvernement français de supprimer le siège confié à ATD Quart Monde parmi les personnalités qualifiées au sein du Conseil Économique Social et Environnemental.
Guillaume Leblanc est écrivain et professeur de philosophie politique et sociale à l’université de Paris-Diderot. Il a publié, entre autres, Vies ordinaires, vies précaires (Seuil, 2007), L’invisibilité sociale (PUF, 2009), Que faire de notre vulnérabilité (Bayard, 2011), Sans domicile fixe (Ed. du passant, 2004) et une belle réflexion sur Charlie Chaplin, L’insurrection des vies minuscules (Bayard, 2013).
Une source nouvelle de pensée
Quand nous lui avons proposé de participer à un séminaire de trois ans de philosophie sociale « Repenser l’être social avec Joseph Wresinski » avec six autres philosophes, huit militants Quart Monde, et onze praticiens – volontaires et alliés, il a immédiatement accepté. Comme les autres, il ne manque pas une des nombreuses rencontres pour repenser ensemble les théories sur la société qui perpétuent la misère et celle qui aident à la faire reculer.
Il a aussi encouragé un de ses étudiants à faire son stage au Centre Joseph Wresinski en lui disant qu’il ferait là une expérience unique. Dans sa tribune « Chasser la pauvreté, non les pauvres », il dit que ce qui par cette décision est « effacé » de nos instituions, « c’est l’expérience, la voix, la pensée des personnes en grande pauvreté ». Il décrit le groupe de ce séminaire qui apprend à philosopher ensemble comme une « utopie pour un quotidien autre », une source nouvelle de pensée pour lui et aussi, « une joie sans cesse renouvelée ».
J’AIMERAIS SAVOIR QUELS ARGUMENTS LA COMISSION A BIEN PU AVANCER POUR DEMANDER LA SUPPRESSION DE LA PRESENCE D’ATD ET AU NOM DE QUOI ELLE A ETE ACCEPTEE.