COP 15 : 8 propositions pour ne laisser personne de côté
Photo : Parc national de Yellowstone.
À la suite de la COP 27, la 15e conférence biennale des Nations Unies sur la biodiversité (COP 15) a lieu à Montréal, au Canada, du 7 au 15 décembre 2022.
La Convention sur la diversité biologique (CDB) a été adoptée en 1992 pour assurer la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique. Défini dans le cadre de ce traité, l’objectif de la COP 15 est d’élaborer un accord destiné à interrompre et à inverser la perte de biodiversité.
Pour le Mouvement international ATD Quart Monde, cet accord doit impérativement inclure un autre objectif : l‘éradication de l’extrême pauvreté.
Pour un accord sur la protection de la biodiversité qui prenne en compte l’élimination de la pauvreté
En décembre 2022, la communauté internationale doit proposer un nouveau cadre de protection de la biodiversité d’ici 2030.
Les personnes vivant dans l’extrême pauvreté et leurs communautés à travers le monde sont les premières et les plus durement touchées par les effets du changement climatique et par la chute de la biodiversité, mais elles sont les moins responsables de ses causes et ont le moins de moyens pour s’en protéger. Le changement climatique et la chute de la biodiversité exacerbent la vulnérabilité des personnes vivant dans la pauvreté. Durant les récents événements climatiques extrêmes (sécheresses, incendies, inondations, ouragans, vagues de chaleur) les personnes touchées ont perdu leurs récoltes, leurs terres, leurs maisons, leurs moyens de subsistance, ou leur vie.
La perte de biodiversité peut entraver la jouissance d’un large éventail de droits de l’homme, notamment les droits à la vie, à la santé, à l’alimentation, aux moyens de subsistance et au travail, à l’eau, au logement et à la culture. Les droits des personnes qui dépendent d’écosystèmes sains sont particulièrement menacés. En 2012, les 168 États membres de la Convention sur la diversité biologique ont reconnu « la gravité de la perte de la biodiversité et de la dégradation des écosystèmes à l’échelle mondiale » et ont souligné l’impact négatif de cette situation sur « la sécurité alimentaire et la nutrition, l’approvisionnement et l’accès à l’eau, la santé des pauvres en milieu rural et des populations dans le monde entier, y compris les générations actuelles et futures. »
Dans son rapport scientifique de mai 2019 1 sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques, la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) indiquait que 75 % de la surface terrestre était altérée de manière irréversible par l’action humaine et les tendances négatives qui prévalent actuellement concernant la biodiversité et les écosystèmes compromettaient la progression de 80 % des objectifs de développement durable dont ceux liés à la pauvreté, la faim, ou encore la santé.
8 propositions qui ne laissent personne de côté soit adoptées :
A cette occasion ATD Quart Monde demande aux parties en charge des négociations que l’élimination de la pauvreté fasse partie intégrante de cet accord comme elle fait partie de l’accord de Paris sur le climat de 2015 et le pacte de Glasgow adopté en novembre 2021. Il est important de rappeler que le pacte de Glasgow inscrit la nécessité que « les transitions justes favorisent le développement durable, l’élimination de la pauvreté et la création d’emplois décents et de qualité »
ATD Quart Monde demande à ce que, dans le cadre de ce nouvel accord et de sa mise en œuvre, 8 propositions qui ne laissent personne de côté soit adoptées :
- Inscrire dans l’accord que « les actions de protection de la biodiversité doivent contribuer au respect de la dignité humaine, au développement durable, à l’élimination de la pauvreté et au respect des droits fondamentaux ».
- S’assurer que cette approche soit inscrite dans le droit de chaque pays.
- Assurer la participation des plus pauvres à l’élaboration, au suivi et à l’évaluation de mesures concernant la protection de la biodiversité. Ceci parce que des politiques et projets environnementaux pensés sans les populations les plus pauvres risquent de se retourner contre elles.
- Accorder une attention particulière aux 20% les plus pauvres de chaque pays afin qu’ils vivent comme une source de progrès la protection de la biodiversité.
- S’assurer que les financements atteignent en priorité les plus vulnérables.
- Veiller à ce que les personnes en situation de pauvreté puissent bénéficier de formations et de créations d’emploi décents et de qualité dans le cadre d’une transition juste vers une économie respectueuse des personnes et de la terre.
- Mettre en place des socles de protection sociale dans tous les pays.
- Garantir l’accès à la justice pour les populations les plus pauvres.
La protection de la biodiversité ne pourra être effective que si elle porte également de façon intégrée l’élimination de la pauvreté.
- IPBES (2019): Global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services. E. S. Brondizio, J. Settele, S. Díaz, and H. T. Ngo (editors). IPBES secretariat, Bonn, Germany. 1148 pages https://doi.org/10.5281/zenodo.3831673