Une journée de plus n’aura pas été suffisante pour que les États rassemblés à Katowice en Pologne pour la 24ème Conférence des parties (COP24) signent un texte ambitieux.
Les enjeux de ces négociations internationales pour le climat étaient de faire un premier bilan des engagements climat des États, convenir des règles communes pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris et relever les ambitions climatiques afin de limiter le réchauffement climatique à 2°C, voire 1,5°C d’ici la fin du siècle.

Quatre membres d’ATD Quart Monde étaient accrédités comme observateurs des négociations. Le Mouvement participe depuis trois ans au groupe de travail « Droits humains et changement climatique » qui rassemble une trentaine d’organisations de différents pays. Conscient que les changements climatiques constituent un défi majeur, le groupe plaide pour que les droits humains soient au cœur des engagements climatiques des États.

Reconnaître la vérité scientifique et l’urgence climatique

La COP24 arrivait tout juste deux mois après la sortie du rapport du Groupe d’experts sur l’évolution du climat (GIEC)¹. Les scientifiques y exposent les conséquences d’un réchauffement des températures au-delà de 1,5 °C. Vagues de chaleurs, extinction d’espèces, montée des océans, immersion des îles entières… Tous ces phénomènes sont amenés à s’intensifier si nous ne réduisons pas rapidement nos émissions de CO2 dans les douze ans à venir.

A la COP, le texte des règles d’application de l’Accord de Paris prévoyait de « saluer le rapport », mais quatre pays (Arabie Saoudite, le Koweït, la Russie et les États-Unis) insistaient pour l’expression « prendre note ». Le texte final se contente de « reconnaître le rôle du GIEC à fournir des éléments scientifiques pour informer sur l’importance de renforcer la réponse globale à la menace climatique ». Les vérités scientifiques se sont heurtées à la géopolitique des États : elles sont difficilement acceptables lorsqu’elles menacent les intérêts économiques de certains pays. Finalement, l’accord trouvé entre les États est un texte avec des engagements à minima ne mentionnant pas l’objectif de limiter le réchauffement à 2°C et encore moins à 1,5°C d’ici 2100 qui permettrait d’éviter un scénario catastrophique.

Une transition juste

Elle est dans toutes les bouches, et pourtant tout le monde n’y met pas le même sens. Selon la Confédération syndicale internationale, une transition juste implique la nécessité d’un dialogue social entre travailleurs, employeurs, communautés locales et gouvernements. Elle insiste également sur l’importance des emplois, des moyens d’existence et vise à ce que personne ne soit laissé pour compte dans la course pour réduire les émissions de CO2 (Pour en savoir plus cliquer ici). Cette idée est d’autant plus actuelle que la COP se déroule à Katowice, berceau de l’industrie polonaise du charbon. Dans la région, les inquiétudes sont évidemment nombreuses sur ce que la transition écologique implique pour les travailleurs et travailleuses. Cependant, une majeure partie des personnes en situation de grande pauvreté sont des travailleurs précaires dans le secteur informel ou sont privées d’emploi. Ainsi ATD Quart Monde plaide pour une vision plus large de la transition juste.

Dans les nombreux événements et conférences organisés lors de cette COP24 sur le thème de la transition juste, la question clé a été souvent : une transition juste pour qui ?

• L’occasion pour ATD Quart Monde de rappeler que la transition juste ne doit pas laisser de côté les personnes en situation d’extrême pauvreté, souvent travailleurs-ses précaires du secteur informel dont le travail n’est pas reconnu par la société.

Les droits humains à la trappe

Le Mouvement ATD Quart Monde s’est beaucoup battu et continue le combat pour que les droits humains soient une réalité pour toutes et tous. Nous étions donc inquiets de voir que, dans les dernières heures de la COP, les États ont choisi de ne pas faire explicitement référence aux droits humains dans les règles d’application adoptées à Katowice. Comment concevoir que le guide de mise en œuvre de l’Accord de Paris soit ainsi moins ambitieux que cet accord lui-même, qui a inscrit le respect des droits humains dans son préambule.

• C’est un signal désastreux envoyé aux citoyen-ne-s de tous les pays et en particulier aux plus pauvres qui sont et seront les premiers impactés par les changements climatiques. S’il est urgent d’agir pour l’avenir de notre planète, il est impératif que les mesures prises ne le soient pas au détriment des plus précaires.

Le savez-vous ?
En France, ATD Quart Monde a lancé un réseau « Écologie et grande pauvreté » afin de penser l’écologie à partir des plus exclus. Pour plus d’informations, vous pouvez écrire à

1. Pour lire le rapport en anglais : https://www.ipcc.ch/sr15/