Dans le cœur des enfants réside l’espoir d’un monde de paix, d’amitié et d’amour
25ème anniversaire de la Convention Internationale des droits de l’enfant
Le 20 novembre 2014, c’est le 25ème anniversaire de la Convention Internationale des droits de l’enfant. Que cet évènement nous incite à tenir compte de l’appel des enfants. Nous devons nous assurer que toutes les familles soient respectées et soutenues par des politiques familiales équitables conçues dans l’esprit des droits de l’homme. Nous devons mettre fin à l’intimidation et à la discrimination, et soutenir les parents comme premiers partenaires pour la réussite scolaire de leurs enfants. Nous devons aussi promouvoir la coopération entre les apprenants et l’amitié entre les enfants de toutes les origines, de sorte que tous les enfants puissent profiter de la vie !
« J’ai beaucoup changé parce qu’avant je me sentais inférieure à d’autres enfants et aux personnes adultes, par contre dans la rencontre avec les enfants (rencontre Tapori en 2009 à l’ONU, ndlr), je me suis rendue compte que personne n’était moins que personne, mais que nous sommes tous égaux. » Fatima, enfant déléguée du Salvador
» J’ai appris qu’on peut avoir des amis de différentes classes sociales comme par exemple Urkupina (zone défavorisée de El Alto) et le collège Français Bolivien (de la zone riche de La Paz) parce qu’ils étaient ensemble et ils ont joué des instruments de musique typiques, cela m’a fait beaucoup réfléchir. » Mireya, enfant déléguée de Bolivie
Les enfants vivant dans la pauvreté nous demandent non seulement de respecter leurs droits, mais de les aider aussi à voir leur valeur et leur potentiel, à devenir amis d’ enfants de différentes origines. Ils nous demandent non seulement de soutenir leurs familles, mais de reconnaître et utiliser ce que leurs parents ont à offrir au monde : leur expérience, leurs valeurs et leur intelligence. Les enfants espèrent que tous les enfants puissent vivre avec leurs familles ; que toutes les familles puissent être soutenues par des amitiés qui permettent de surmonter la discrimination et l’exclusion sociale et que toutes les familles soient épaulées par des politiques familiales équitables conçues dans l’esprit de l’indivisibilité des droits de l’homme et de la Convention relative aux droits de l’enfant.
L’engagement du monde entier envers la Convention relative aux droits de l’enfant, il y a 25 ans, a marqué un changement radical dans la protection de la santé et du bien-être des enfants et dans la prise de conscience de l’importance d’écouter la voix des enfants. En 2012, les Principes directeurs « Extrême pauvreté et Droits de l’homme » ont été adoptés. Ils affirment l’importance « de veiller à ce que la pauvreté financière et matérielle ne soit jamais l’unique raison de retirer un enfant à ses parents ou d’empêcher sa réintégration. Conformément à l’obligation de protéger l’intérêt supérieur de l’enfant dans toute procédure de protection des enfants, les mesures devraient être principalement orientées de manière à permettre à l’enfant de rester sous la garde de ses parents ou d’y revenir, y compris en cherchant une solution aux pénuries matérielles de la famille. »
Et pourtant, partout dans le monde, des décideurs bien intentionnés ou des associations à but non lucratif continuent de répondre à la pauvreté avec l’idée erronée que séparer les enfants de leur familles à faibles revenus est la meilleure façon de les aider. L’adoption internationale ne cesse d’être « un marché en expansion [… où] les risques de fraude et d’abus sont élevés. »(The New York Times, 21 septembre 2013) Trop d’enfants proposés à l’adoption ont en fait au moins un de leurs parents vivant. Les services sociaux, dans les pays qui cherchent à réduire leur « taux de pauvreté des enfants », retirent les enfants des soins parentaux au principal motif de « négligence », ce qui signifie souvent un manque de moyens financiers dans des situations où il n’y a aucune preuve d’abus. Ce sont les enfants eux-mêmes qui nous disent combien il est dommageable de savoir que leurs parents sont méprisés, considérés comme incompétents et traités sans dignité. Ils disent :
« Nous vous demandons de permettre aux enfants de vivre avec leurs parents. Si un enfant ne peut pas rester dans sa famille, c’est important qu’il garde contact avec elle pour son bien-être. Car il a toujours un morceau de son cœur dans sa famille et il sera toujours malheureux, même en secret, s’il en est séparé. » (message remis par des délégations d’enfants à Mme Kang, Haut commissaire adjoint des Nations Unies aux Droits de l’homme, 20ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant en 2009)
L’Organisation des Nations Unies ainsi que les autorités nationales et locales devraient s’engager à mettre en œuvre les Principes directeurs « Extrême pauvreté et Droits de l’homme », avec la participation des parents vivant dans la pauvreté, afin d’assurer que tous les enfants et leurs familles soient respectés et que les ressources disponibles soient investies dans le soutien à ces familles plutôt que dans des familles de remplacement ou des institutions.
Les enfants vivant dans des familles en grande précarité ressentent le manque de respect généralisé envers leurs parents dès leur plus jeune âge. Quand ils sont en âge d’aller à l’école, ils perçoivent trop souvent cette attitude dans la manière dont les enseignants s’adressent à leurs parents. Dans certains pays, le programme scolaire date d’une époque coloniale et donne uniquement de la valeur aux connaissances qui sont utiles pour le travail administratif, dans un contexte rural. Non seulement cela ne permet pas de préparer les enfants à relever les défis auxquels leurs communautés font face aujourd’hui, mais ce mépris pour la connaissance et l’expérience de leurs familles peut les forcer à choisir entre la réussite scolaire et leur sentiment d’appartenance à leur communauté. Les éducateurs devraient apprendre à remarquer et à soutenir les efforts et initiatives des parents pour bâtir l’avenir de leurs enfants. Prendre conscience que les parents sont les premiers partenaires pour la réussite scolaire de leurs enfants permettrait aux enseignants et aux familles élargies d’agir dans un esprit de coopération et de complémentarité.
La discrimination, la stigmatisation et l’intimidation sur les lieux de l’apprentissage augmentent la peur de l’échec chez les enfants et empêchent les parents de communiquer avec les éducateurs. Il est important de promouvoir la coopération entre les apprenants et non la concurrence qui peut nuire à l’expérience scolaire en créant des « gagnants » et « perdants », comme l’ont indiqué les enseignants au cours du projet « Ensemble, construire une école où tout le monde réussit » [1], et par les jeunes et les adultes vivant dans la pauvreté dans l’évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier en ce qui concerne un projet où la pédagogie de la non-abandon a permis l’accès de tous à l’éducation. [2]
En outre, le Mouvement des enfants Tapori est un outil clé pour mettre fin à l’intimidation. Grâce à Tapori, les enfants de tous les milieux se connaissent les uns les autres et développent des amitiés, échangent leurs réflexions et leurs projets à travers une Lettre mensuelle commune. Dans le numéro de ce mois-ci, les enfants de nombreux pays partagent leurs idées sur les droits de l’enfant et leurs expériences pour se soutenir les uns les autres (pour le découvrir, cliquez ici).
Les enfants Tapori nous disent : « Avec nos gestes nous faisons respecter nos droits et nous faisons avancer les droits de tout le monde. Il n’y a pas de petits gestes quand on est 100 000 à les faire. C’est grâce aux amis que l’on peut oublier ses soucis et la tristesse, que l’on peut aussi devenir solides. Tout le monde devrait avoir un ami avec qui jouer. Nous essayons d’accepter les autres comme ils sont et d’arrêter de les juger sans les connaître. A l’école, quand il y a des enfants qui sont à l’écart, nous allons vers eux s’ils ne viennent pas vers nous. Nous nous aidons aussi les uns des autres à l’école afin que nous puissions apprendre ensemble. Dans certains pays, les enfants Tapori qui vont à l’école partagent ce qu’ils ont appris à ceux qui n’y vont pas : des mots nouveaux, des chants, des poèmes… Certains de nos parents sont étouffés par la vie, alors nous leur apportons une bouffée d’oxygène en les aidant. Nous nous entraidons pour que le travail soit fait plus vite et qu’après on ait du temps pour discuter ou jouer ensemble. Nous pensons que toutes les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont pas seulement besoin d’une maison ou d’un emploi ; elles devraient être en mesure de profiter de la vie. Dans nos cœurs, il y a de l’espoir pour un monde de paix, d’amitié et d’amour. Mais seuls, nous ne pourrons pas réussir. Il faut mettre ensemble tous nos efforts et nos idées. Sans la solidarité, on ne pourra jamais lutter contre la misère. Mettons-nous ensemble pour que le monde devienne meilleur et il n’y ait plus d’injustice. Nous comptons sur vous ! »(rencontre des enfants Tapori à l’ONU en 2009)
Que ce 25ème anniversaire nous incite à tenir compte de l’appel des enfants. Nous devons nous assurer que toutes les familles soient respectées et soutenues par des politiques familiales équitables conçues dans l’esprit des droits de l’homme. Nous devons mettre fin à l’intimidation et à la discrimination, et soutenir les parents comme premiers partenaires pour la réussite scolaire de leurs enfants. Nous devons aussi promouvoir la coopération entre les apprenants et l’amitié entre les enfants de toutes les origines, de sorte que tous les enfants puissent profiter de la vie !
Diana Skelton Déléguée Générale adjointe du Mouvement ATD Quart Monde
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Ce document est réalisé à partir des contributions d’enfants de nombreux pays lors de la campagne Tapori “Ce dont j’ai besoin pour bien apprendre” et s’adresse aux enfants, aux parents et éducateurs, animateurs, enseignants…
[1] Régis Félix et 11 professeurs, membres du Réseau école d’ATD Quart Monde Tous peuvent réussir ! Partir des élèves dont on n’attend rien. Publié en 2013 par les Editions Quart Monde et Chronique sociale
[2] Ce projet, qui s’est déroulé à Madagascar de 2006 à 2012, est retracé dans cette video : “Nouvelles technologies pour tous à Madascar«