En 2017, ATD Quart Monde a invité à écrire des histoires vraies de changement contre une situation d’injustice et d’exclusion pour montrer que lorsqu’on s’unit pour un même combat la misère peut reculer.
Les articles sur notre site ne sont pas signés car il s´agit de favoriser une voix collective. Dans le cadre des 1001 histoires, l’auteur met en lumière une histoire vécue.
L’histoire qui suit a été écrite par Isabelle Pypaert Perrin, déléguée générale du Mouvement international ATD Quart Monde.

• « Le temps presse. Il est temps de comprendre qu’il n’est de fête aucune qui ne soit la fête de tous. » Joseph Wresinski.

Comment permettre aux personnes les plus méprisées de contribuer à l’unité et l’honneur de leur famille, de leur quartier et du monde ? Un début de réponse dans cette histoire d’un vrai Noël.

Dans une cité non rénovée, un bâtiment délabré où la plus grande misère se dévoile dans la cage d’escalier. Les murs salis d’insultes enferment dans la honte toute une famille de l’immeuble. Ainsi pour chaque habitant, c’est passer à tout moment devant de la saleté et pour chaque membre de la famille visée, s’en prendre plein la figure au quotidien : une agression permanente. C’est chaque matin, baisser les yeux avant de prendre le bus pour aller au boulot, fuir ces mots qui résonnent dans la tête sur le chemin de l’école. Il y a aussi les soupirs, les ricanements, les menaces, autant de coups de poings venant blesser encore un peu plus cette famille, déjà si meurtrie.

Cette violence extrême révèle un voisinage désemparé, qui vit plus que sa part de difficultés. Tapi derrière chaque porte, un lot de malheur, de peine, d’angoisse du lendemain. Un voisinage qui ne comprend pas, ne comprend plus, n’en peut plus. La famille dérange : le désordre indescriptible, le bruit, les chiens…

Et puis, il y a cette belle histoire, de Noël. Quelques jours avant le réveillon, un appel. La maman est venue à la maison Quart Monde :
« Aidez nous! » lance-t-elle à l’équipe. « Aidez nous à changer quelque chose. Pour tous, ça sera la fête mais pas pour nous ! On ne veut pas de cadeau. Juste qu’on efface ces insultes. »
Alors, les volontaires sont allés frapper à quelques appartements, ils ont proposé aux voisins de faire quelque chose ensemble.

Ainsi un, puis deux, puis trois d’entre eux sont descendus pour rejoindre la maman et quelques amis du Mouvement ATD Quart Monde.
Ce fut le grand nettoyage dans la cage d’escalier. D’abord la valse des balais et des serpillières. Puis les murs repeints. Enfin l’idée de la décoration de Noël entraîne petits et grands dans l’ambiance de la fête : boules rouges, guirlandes scintillantes, éclats de rire. Et plus encore : des paroles échangées entre personnes qui ne se parlaient plus. C’est un moment magique. Une lumière au milieu de la nuit où la solidarité du quotidien, si exigeante, se tisse à nouveau.

• Le plus beau des cadeaux : celui de la paix et la fierté retrouvées !

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