en collaboration avec Le Centre Culturel Jacques Aka de Bouaké du 12 au 17 mai 2014

Pendant une semaine, le Centre Culturel Jacques Aka de Bouaké, partenaire d’ATD Quart Monde, a ouvert ses portes à des associations, membres d’Institutions gouvernementales, amis et membres du Mouvement ATD Quart Monde, enfants Tapori et jeunes qui animent des actions dans leur quartier, pour promouvoir autour d’une belle exposition et d’une conférence-débat, le droit à la culture et à l’éducation pour tous.

Mouktar, membre du Mouvement ATD Quart Monde : « Tous nous menons le même combat. Les pauvres, bien qu’ils soient pauvres, luttent toujours pour ne pas être dans l’incapacité humaine. Tout le monde sait la souffrance des pauvres parce qu’ils subissent les interdits – par exemple l’interdit de parler. Comment peut-on parler de la culture ?On m’avait dit une fois « toi, si tu étais une graine et qu’on te plantait, même si tu bourgeonnes tu ne porteras jamais des fruits. » et si j’avais cru que ce que l’on disait de moi était vrai, alors je n’aurais pas eu de famille aujourd’hui. Tu vois que ce qu’on dit de toi n’est pas vrai. » Mouktar est père de 8 enfants et travaille comme gardien, il conseille les jeunes de ne pas prendre le chemin de la rue mais de s’engager avec d’autres.

Honneur aux enfants

Le premier jour, des petites délégations d’enfants des trois quartiers Gbintou I, Banco I et N’Gattakro ont été accueillies au Centre Culturel par la fanfare offerte par le directeur de Jacques Aka. Ils ont découvert l’exposition des dessins illustrés de messages des enfants des différents groupes Tapori. Ils ont échangé avec les adultes présents autour du thème de « l’Education pour Tous » : ce qu’il faut changer à l’école pour que tous les enfants puissent apprendre à l’école, en particulier ceux qui vivent dans l’extrême pauvreté.

Mme Diane Yéo leur a adressé ce message : «  Vous êtes des enfants du courage parce que malgré la misère qui vous ronge, vous continuez à croire comme vos parents que la vie sera plus belle demain. Vous êtes des enfants intelligents car vous avez beaucoup d’imagination. Vous êtes des enfants aimés de Dieu car vous bâtissez la paix autour de vous. Vous travaillez sur des choses sérieuses autour de vos droits surtout le droit à l’éducation que vous avez choisi de travailler cette année, et vous dites : « ll faut du courage pour aller à l’école car l’école est difficile, nous ne savons pas lire. » et vous dites aussi qu’un enfant a le droit d’aller à l’école, d’avoir des amis pour jouer et ne pas rester seul. Je vais beaucoup apprendre de vous, vous allez aider les adultes à respecter les uns les autres en bâtissant la paix. Je vous souhaite bon courage dans vos études. Nous les grands nous veillerons à ce que vos droits soient respectés et appliqués. Je suis votre marraine et je m’engage avec vous. »

Réunis autour de l’exposition

La conférence Débat « Culture, Paix et dignité de l’homme » a eu lieu le 17 Mai dans la salle d’exposition du Centre Culturel Jacques Aka.

Ras Eden, jeune artiste membre du Mouvement en côte d’Ivoire, a entonné deux très belles chansons de sa composition pour accueillir les invités : des représentants des Ministères de la culture et de la francophonie, des affaires sociales et de la famille et de l’environnement, des associations les Epris de la nature, les amis de St Camille, le Clair Logis, des radios et le personnel du Centre Culturel Jacques Aka.. De nombreux membres du Mouvement et de jeunes musiciens sont aussi présents dans la salle.

M. Vamara, membre fondateur du Mouvement en Côte d’Ivoire, a lu son message de bienvenue : « Il y a quelques années de cela nous avons exposé nos œuvres et peut-être certains parmi vous se rappellent encore de cette exposition. Aujourd’hui nous sommes très heureux de revenir exposer les œuvres des artistes de la Maison des Arts et de la Famille. C’est un jour significatif pour montrer à la société que ce n’est pas la crise qui est à la base de la pauvreté mais que la pauvreté existait bien avant la crise et que les familles vivant dans des situations de l’extrême pauvreté en ont payé le lourd prix. Dans la reconstruction de l’unité nationale que ce soit au niveau économique, politique, sociale, culturel et environnemental, les familles vivant dans l’extrême pauvreté sont encore en marge de tout développement. Elles n’y sont pas prises en compte. »

La suite des débats a porté sur le thème de l’Education pour Tous. Le directeur de la Ligue des Droits de L’Homme a exprimé : « Quand on a tout perdu, il ne nous reste que la culture. C’est vrai que la culture se trouve dans les livres, mais la culture se trouve aussi dans les voyages parce que quand vous êtes en contact avec un peuple, il faut connaître ce peuple et cheminer avec lui. Il faut que soit effectif le droit à l’éducation pour Tous. Il faut permettre à tout enfant qui naisse d’avoir accès à l’éducation quel que soit son rang social, quel que soit le lieu où il se trouve et parmi les enfants qui tournent dans les rues et qui fouillent dans les poubelles, il y a des enfants exceptionnels et il faut permettre à ces enfants-là d’avoir accès à l’éducation. Il faut que nos états pensent un peu plus loin pour ouvrir d’autres infrastructures dans tous nos communales et villages pour donner accès à l’éducation à tous les enfants de Côte d’Ivoire  ».

Partenaires culturels et membres du Mouvement ont pu réfléchir ensemble et réaffirmer leur refus que les plus pauvres soient privés de l’accès à la culture, qui est un droit aussi essentiel que tout autre droit.