Ils amènent le combat des personnes sans logement au Parlement européen
Les mots de Juan résonnent dans une salle du Parlement européen : « Ceux qui pensent qu’un logement n’est qu’un lieu pour vivre se trompent : c’est la condition de beaucoup de choses importantes dans la vie, c’est ce qui donne accès à un travail, accès à la santé. Et malheureusement dans notre société, quand on n’a pas de logement, on n’existe pas ».
Juan Jiménez et Dani Garcia sont les deux membres d’ATD Quart Monde qui ont été invités à intervenir au Parlement européen lors de la dernière rencontre de l’intergroupe « Lutte contre la pauvreté et droits de l’Homme »sur le thème du sans-abrisme qui a eu lieu le 21 avril dernier.
Les deux délégués espagnols qui font partie de l’atelier de recherche-action sur le logement digne d’ATD à Madrid, ont partagé l’expérience et l’expertise des personnes qui vivent la grande pauvreté en présence du rapporteur spécial de l’ONU sur le logement convenable, de politiques, d’ONG, et d’eurodéputés qui collaborent dans cet intergroupe pour trouver des réponses politiques à la pauvreté en Europe.
Ils y ont pointé les contradictions d’un système qui rend presque impossible pour les personnes qui vivent dans les situations les plus difficiles d’avoir accès à un logement social. « Sans aucun moyen légal d’accéder à un logement les gens sont obligés de trouver eux-mêmes des alternatives », ajoute Dani « occuper des appartements vides, vivre dans des bidonvilles, des caravanes ou des fourgonnettes. Ce qui les laissent dans une situation encore plus difficile, car ils deviennent invisibles pour les institutions ».
L’intervention de Dani et Juan a permis à l’assemblée de prendre conscience à quel point être sans domicile est une atteinte profonde à la dignité, que cela brise des familles mais aussi et surtout que les politiques contre le sans-abrisme et la pauvreté resteront inefficaces tant qu’elles ne seront pas élaborées avec les personnes qui vivent ces situations. Sylvie Goulard, députée et présidente de l’intergroupe s’est engagée à interpeller la Commission européenne à ce propos.
Leur passage à Bruxelles a aussi été l’occasion de demander à être reçus personnellement par des députés espagnols, des rendez-vous ont pu être honorés avec trois d’entre eux. Autant de rencontres de personne à personne qui ouvrent des perspectives pour travailler ensemble et faire bouger les choses, en Espagne comme dans le reste de l’Europe. De retour à Madrid, les délégués d’ATD Quart Monde sont satisfaits d’avoir pu « marquer les têtes et les cœurs » des responsables politiques européens.