Journée internationale des droits de l’enfant : lutter contre les préjugés avec Tapori
Lors d’une table ronde sur la protection des enfants contre le harcèlement (1) qui s’est déroulée au siège des Nations Unies à New-York, le 16 octobre 2015, Marta Santos Pais, représentante des Nations Unies sur la violence contre les enfants a rappelé avec force que le harcèlement est une «grave préoccupation» pour des millions d’enfants partout dans le monde, en particulier ceux qui en « situation de vulnérabilité », et qu’il compromet leur droit à l’éducation.
La Convention relative aux Droits de l’Enfant fournit des orientations essentielles pour aborder ce phénomène en insistant sur la prévention dès le plus jeune âge. La Journée internationale des Droits de l’enfant célébrée comme chaque année le 20 novembre, est l’occasion de parler de cette situation vécue par tant d’enfants dans le monde.
Un rapport sur la protection des enfants contre le harcèlement, auquel ATD Quart Monde a contribué, sera soumis à l’Assemblée Générale de l’ONU en 2016. Il devrait identifier les principales préoccupations, documenter les bonnes pratiques et les expériences positives et donner des stratégies d’action pour l’avenir. Il participera à la mise en œuvre des Objectifs de Développement Durables adoptés en septembre 2015, dont l’Objectif 4 appelle à « assurer une éducation de qualité inclusive et équitable et promouvoir des possibilités d’apprentissage pour tous. »
«Le harcèlement ne concerne pas uniquement les enfants« , a souligné Kathleen Saint Amand, une jeune de 16 ans, membre d’ATD Quart Monde. « Il n’y a pas de limite d’âge pour être une victime de l’intimidation, ni pour être agresseur. Le harcèlement entre enfants reflète la violence qui existe dans la société. Reconnaître cela peut sauver l’avenir de nombreux enfants qui entrent dans ce cycle de violences, à cause d’un contexte et d’un manque de connaissance « , a-t-elle ajouté.
Le rôle de Tapori (branche enfant d’ATD Quart Monde) dans la prévention du harcèlement est ancré depuis toujours dans la relation avec les familles vivant dans l’extrême pauvreté, en particulier celles qui font face à la discrimination, l’humiliation et l’exclusion, même au sein de leurs propres communautés. Ces relations nous ont montré que les enfants peuvent se sentir intimidés non seulement lorsqu’il sont moqués par d’autres enfants, mais aussi lorsque des adultes «traitent nos parents comme des enfants. » (parole d’un enfant Tapori)
Grâce au réseau Tapori (lire la lettre Tapori sur les Droits de l’Enfant) qui permet de créer des liens entre des enfants de tous milieux et de faire entendre la voix des enfants qui connaissent la pauvreté, nous espérons prévenir les stéréotypes qui peuvent conduire au harcèlement. Nous espérons également que les enfants peuvent se reconnaître dans certaines histoires de Tapori et puisent de la force pour résister au harcèlement ou se lier d’amitié avec un enfant exclu.
En outre, tous les enfants ont besoin de plus de soutien des adultes. Le harcèlement est un comportement appris. Il peut être appris des parents qui craignent que l’association avec les enfants dans la pauvreté empêche la réussite de leurs propres enfants. Il peut même être appris par des éducateurs, comme l’exemple en RDC que nous mentionnons dans le rapport, où certains enseignants ont dit à leurs élèves de ne pas parler aux enfants dont les parents avaient participé à une rébellion armée. Les enfants Tapori ont osé contester cela. En d’autre lieux, la crainte de faibles résultats aux examens conduit certains éducateurs à décourager des enfants de poursuivre l’école.
Dans tous ces cas, nous pensons que l’intimidation peut être surmontée grâce à la pédagogie de la collaboration. Il faut pouvoir démontrer aux parents et aux éducateurs que l’apprentissage coopératif peut aider tous les enfants à exceller académiquement tout en renforçant les liens entre eux.
La contribution d’ATD Quart Monde sera bientôt disponible en ligne.
Photo ATD Quart Monde : 20ème anniversaire de la CIDE à Genève, 2009
1- « conduite abusive qui se manifeste notamment par des comportements, des paroles, des gestes, des actes, des écrits pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l’intégrité physique ou psychologique d’un personne » (http://www.psychologies.com/)