Kofi Annan, un Secrétaire général des Nations Unies à l’écoute des plus pauvres
Kofi Annan, ancien Secrétaire général des Nations Unies, est décédé le 18 août 2018. Très respecté, partisan du multilatéralisme et médiateur dans de nombreux conflits, il avait obtenu conjointement avec l’ONU le prix Nobel de la paix en 2001, « pour leur travail en faveur d’un monde mieux organisé et plus pacifique ».
En mars 2005, il affirmait : « Ce sont les besoins et les espoirs des peuples du monde qui doivent nous servir de guide. Il faut agir dans trois domaines à la fois, le développement, la sécurité et les droits de l’Homme, faute de quoi on ne réussira sur aucun front. Il n’y a pas de sécurité sans développement, il n’y a pas de développement sans sécurité, et il ne peut y avoir ni sécurité, ni développement si les droits de l’Homme ne sont pas respectés. »1
Le 17 octobre 2005, il avait reçu une délégation du Mouvement international ATD Quart Monde comprenant des personnes vivant dans la grande pauvreté et venant des États-Unis, de France, du Guatemala, de Haïti, des Philippines, de Tanzanie de Suisse, de Côte d’Ivoire et de Nouvelle-Zélande.
En introduction, Oguié Anoman, président d’ATD Quart Monde international de 2002 à 2006, avait affirmé la nécessité d’un dialogue entre les Nations Unies, les personnes vivant dans la grande pauvreté et les ONG où elles se rassemblent librement : « Ensemble, les problèmes posés au niveau de la paix, de la culture, du développement et des droits de l’Homme, seront mieux pris en compte. »
Tita Villarosa, habitant dans un cimetière de Manille a déclaré à Kofi Annan :
- « Dans un pays en développement comme les Philippines, il est possible de voir la pauvreté sans connaître les pauvres. Les familles les plus pauvres sont les premières à se soutenir entre elles. En tant qu’habitante d’un cimetière dans Manille pendant 15 ans avec ma famille, j’ai vu mes voisins et vécu moi-même la difficulté à joindre les deux bouts. Beaucoup pensent que les pauvres se reposent sur les institutions et les gouvernements pour avoir des secours. Ce que l’on ne sait pas, c’est que les communautés les plus pauvres s’entraident chaque jour. Pour vaincre l’extrême pauvreté, les pauvres eux-mêmes doivent être impliqués.
Soyons partenaires, mettons ensemble notre connaissance, la vôtre et la nôtre. Maintenant, n’agissons plus séparément, mais ensemble. »2
Cette intervention, comme celles des délégués des États-Unis, de France, du Guatemala, d’Haïti et de Tanzanie, ainsi que les propositions d’ATD Quart Monde, Kofi Annan les avait entendues et avait assuré : « Vous pouvez compter sur moi, sur les Nations Unies et sur mes collègues. »
De plus, dans son message à l’occasion de la Journée du 17 octobre 2005, il affirmait : « que l’on ne peut réduire la pauvreté sans des actions en faveur des plus pauvres parmi les pauvres, notamment des personnes souvent exclues du processus de développement. C’est seulement en établissant des partenariats avec ces personnes et en prenant des mesures pour remédier aux inégalités qu’on pourra éliminer la pauvreté sous tous ses aspects. »
Kofi Annan a contribué à renforcer l’impact de la Journée mondiale du refus de la misère à travers le monde.
Dans les mois suivant ce rendez-vous, l’Assemblée Générale des Nations Unies adoptait une résolution3 demandant au Secrétaire général d’entreprendre un bilan approfondi sur la célébration du 17 octobre dans le monde entier. Ce bilan, publié dans un rapport du Secrétaire général des Nations Unies (A/61/308), confirme clairement les points suivants :
- L’éradication de l’extrême pauvreté et le respect des droits de l’Homme sont intrinsèquement liés.
- La participation active des personnes vivant dans l’extrême pauvreté est au cœur des commémorations du 17 octobre ; leurs témoignages montrent qu’ils ne sont pas seulement bénéficiaires des programmes, mais qu’ils sont des acteurs essentiels de changement et des défenseurs des droits de l’Homme.
- La journée du 17 octobre est une occasion importante pour tous les participants, y compris les autorités publiques, pour s’engager à éliminer l’extrême pauvreté et pour évaluer les avancées réalisées.