La Charte sociale européenne au service du refus de la misère
Une conférence à Torino le 17 octobre 2014
Comment faire usage de la Charte sociale européenne – signée le 18 octobre 1961 à Torino – pour lutter contre la grande pauvreté ? C’est cette question qui a réuni dans la capitale du Piémont, une petite centaine de représentants d’organisations non-gouvernementales, parallèlement à une réunion des ministres du travail et des affaires sociales du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne.
Parmi ces représentants d’ONG, une délégation constituée par la section italienne du Mouvement ATD Quart Monde, avec des membres venus de Rome, du Val d’Aoste, de Lecco et de Castiglione delle Stiviere, et trois membres de l’Associazione 21 Luglio, qui défend les droits des roms, et avec qui le Mouvement développe depuis plusieurs années un partenariat intense.
C’est d’ailleurs autour d’eux et de leur expérience que s’est bâti l’atelier animé par Jean Tonglet, délégué du Mouvement en Italie. Alberto et Mladin, appuyés par Aurora Sordini, avocate travaillant pour l’Associazione 21 Luglio, ont expliqué comment, sans jamais prendre en considération leur point de vue, leurs aspirations, leurs souhaits, une trentaine de familles rom habitant un camp devant faire l’objet d’une restructuration, ont été – temporairement en principe – relogées dans deux bâtiments industriels, sans fenêtres, sans lumière naturelle, dans des espaces réduits, sans possibilité de cuisiner, sans accompagnement autre qu’un service de vigiles. Tout visiteur doit présenter un document d’identité. Des horaires d’entrée et de sortie sont imposés aux habitants. Un repas par jour est fourni par un service de catering financé par la commune. Privés d’air et de lumière naturels, les habitants, en particulier les enfants, sont souvent malades et leur scolarité gravement perturbée.
Avec l’appui du Mouvement ATD Quart Monde, les habitants de ce centre d’accueil, soutenus par l’Associazione 21 Luglio, étudient la manière dont ils pourraient utiliser la Charte sociale et son protocole additionnel sur les réclamations collectives pour faire respecter leurs droits et mettre fin à cette situation indigne.
Après une mise en commun des quatre ateliers, un message de la Conférence des ONG a été adressé à la Conférence à haut niveau réunie à Turin les 17 et 18 octobre. Le texte est disponible sur le site du Conseil de l’Europe à cette l’adresse
Lors de cette conférence, Sylvie Goulard, députée européenne et présidente de l’Intergroupe « lutte contre la pauvreté et défense des droits de l’Homme », a pris la parole en disant qu’elle pensait aux membres d’ATD Quart Monde présents au Parlement européen le 15 octobre pour y travailler sur les propositions politiques faites à l’Union Européenne et aux États membres. Elle a poursuivi en disant que, s’ils étaient présents, ils interpelleraient les intervenants sur leurs déclarations.
Jean Marie Heydt, président de la conférence des OING au Conseil de l’Europe, en présentant le message des OING a rappelé la stigmatisation que subissent les personnes très pauvres. Et Gabriella Battaini-Dragoni, Secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe a rappelé que si l’article 30 existe dans la Charte c’est grâce au travail de personnes qui luttent contre la misère.
La conférence s’est terminée par une cérémonie, autour du texte de la dalle en l’honneur des victimes de la misère.
Pour en savoir plus sur le centre de Via Visso, lire ici.