« L’art avec la communauté » | Conférence
Joëlle Tremblay, artiste et enseignante a tenu une conférence « Art dans la communauté » à l’Université Laval à Québec. A cette occasion la peinture le Géant#1, réalisée dans une cité du quartier de Hochelaga à Montréal, était présente.
« Pour le quartier Hochelaga on voulait que les murs parlent de nous. A partir de questions, on a récolté des récits de vie. Il y avait beaucoup d’histoires de maladie donc on s’est dit on va faire « Le grand blessé » mais comment le rendre visuel ? On a pris en photos les enfants qui s’étaient déguisés puis on fait des croquis. Un croquis fait par un enfant nous a accroché l’œil, on en a discuté ensemble et ce croquis est devenu le Géant#1 ».
Extraits de la conférence
Infiltrer l’art dans les circonstances de la vie. On m’avait dit: « Ne venez pas ici ! » Qu’allions-nous faire là avec de l’art ? Pourtant sa magie a opéré. L’évènement artistique transformait réellement la vie quotidienne. « Ce jour là, ma cité était belle. Je ne la vois plus pareil maintenant ».
Se déplacer comme nous l’avons fait, ne provoque-t-il pas un changement de perspective? Ce qui est dévoilé de la personne apporte un élan et de la joie. Ce n’est pas seulement avoir du plaisir ensemble mais la joie parce qu’on les écoutait. Les étiquettes réductrices tombent et une certaine dignité est retrouvée.
L’art qui relie est une pratique qui prend la rue, elle a un caractère furtif. Sans trace apparente, l’art dans la communauté devient l’art avec la communauté. Mon rôle d’artiste s’est transformé à travers l’écoute, de l’échange, de la présence, tout cela fait partie du processus artistique. Quand on me demande de faire une murale, je sais que ce ne sera pas juste une murale, ce sera bien plus car beaucoup d’autres choses s’infiltrent par la rencontre, la façon de partager, de faire. L’art est relationnel et il permet de renverser nombre de postures, d’habitudes mentales.
Dans l’art qui relie, il y a l’importance du temps, de la durée et de la confiance. Être avec, c’est souvent une anti-action: décider de ne rien faire, juste être là, rencontrer.
Il a été possible d’impliquer les habitants dans les créations artistiques aussi parce qu’ATD Quart Monde mène des actions créatives depuis plusieurs années dans cette cité. Sans complices du milieux qui seraient des médiateurs ce serait impossible, autrement ce serait une animation. Si on veut faire une œuvre qui ait du sens, qui reflète les gens, cela prend cette relation de profondeur. La bibliothèque de rue n’attend pas que les gens viennent vers elle, elle va vers eux. Par ce chemin là, on rejoint ceux qui ne participent pas forcément.
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