Le devoir sacré d’ATD Quart Monde…
Article paru dans « La vie catholique » du 23-29 Mars 2012
Journée porte ouverte d’ATD Quart Monde Maurice à St-Ignace. Une façon de commémorer la naissance et la mort du père Joseph Wresinski, fondateur de ce mouvement mondial né dans une banlieue parisienne en 1957. Tour d’horizon sur cette journée et l’association.
Le temps de cet événement, les membres de l’ONG était venus reconnaitre le travail commencé par ce prêtre qui voulait rendre la dignité aux familles vivant des situations précaires et d’exclusion extrême. Reconnaître l’essence de son engagement pour ainsi continuer à oeuvrer auprès des plus nécessiteux de notre société.
Et pour cause, ce prêtre qui a été qualifié de… « sensible et turbulent » par Annelies Wuillemin, un des nombreux auteurs qui se sont intéressés à sa vie et son combat contre la misère, était contre « la soupe populaire. » Loin de s’attarder à nourrir les bouches des moins fortunés de la société, il s’efforçait plutôt de sensibiliser ces derniers à leurs droits fondamentaux, de les soutenir en étant présent, tout en attirant l’attention des décideurs politiques pour que cesse la misère.
À son exemple, des milliers de membres répartis dans pas moins de 30 pays, dont Maurice, luttent pour que le regard de la société change vis-à-vis des pauvres. C’est ce que Marie-Ange Fanchon, vice-présidente de la branche mauricienne, tente de faire. « Nous sommes auprès des familles afin d’écouter ce qu’elles ont à dire et par la suite, nous avons la responsabilité de rendre publics ces témoignages, bien souvent de courage, de ces personnes afin de faire connaître à la société leur lutte quotidien. » Des témoignages vont même jusqu’à l’Onu.
Les enfants, qui représentent l’avenir, et dont la contribution n’est jamais sous-estimée, se rencontrent, eux, à travers le réseau mondial d’amitié Tapori. Mouvement lancé à Maurice en 1991, il regroupe près d’une centaine d’enfants de 8 à 13 ans qui réfléchissent ensemble autour de la lettre Tapori qui leur envoyée de Suisse, pays où se situe le Centre international de Tapori. Marie-Ange explique que cette lettre, présentée en 5 langues différentes et parfois traduite en créole par Tapori Maurice, évoque des histoires impliquant des enfants « qui découlent de vrais témoignages et où les enfants de chaque pays peuvent réfléchir avant de s’exprimer à travers des travaux manuels, des jeux et/ou des actions simples dans la vie de tous les jours ». D’ailleurs, la journée porte ouverte a été l’occasion de voir les talents de ces enfants qui proviennent « de différentes classes sociales ». Des travaux artistiques de silhouettes suspendues ça et là, une exposition de photos qui témoigne du travail accompli par les enfants, en passant par le livre qu’ils ont publié en novembre dernier et où ils parlent de ce qu’ils ont besoin pour étudier. Les grands Tapori ont même dévoilé leurs talents de chanteurs et de musiciens pour clôturer la journée. Justement, Marie-Ange ajoute avec fierté que c’est grâce à leur participation que cet évènement a pu avoir lieu. Quant aux familles, deux rendez-vous annuels importants les rassemblent, notamment le 15 mai pour la fête de la famille ainsi que le 17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère. Toujours selon la vice-présidente, il est important de « réveiller les consciences afin de permettre aux plus pauvres d’exister. Qu’il n’y ait plus de fossé entre les pauvres et les gens de la société ! »
Severine Perrine
Ils ont dit…
Recueil de feedbacks après la diffusion du film Joseph, l’insoumis, qui raconte comment le père Wresinski a commencé le travail d’ATD Quart Monde.
Jonathan, un jeune engagé de Caritas :
« Il y a trois choses qui m’ont frappée. Primo, la dignité et la fierté dont font preuve ces pauvres. Puis, leur persévérance qui porte son fruit et finalement leur courage pour avancer dans la simplicité et l’humilité. »
Michel :
« Malgré la misère matérielle, il y a une relation qui se tisse entre eux, une solidarité et un partage. Les familles ont pris la peine de trouver un espace pour se rencontrer et partager ce qu’elles vivent et de cette richesse, elles ont construit quelque chose de plus grand. C’est fort louable. »
Maryline :
« Ça m’a touché de voir le courage de résister de ces habitants malgré leur misère. »