L’inversion du regard
Dans le cadre de la campagne Stop Pauvreté a eu lieu un débat à Nice (France) en septembre dernier à partir du film de Claire Jeanteur : Le camp de Noisy ou l’inversion du regard.
Un très beau documentaire sur l’histoire du camp : il retrace le combat de Joseph Wresinski, fondateur du Mouvement international ATD Quart Monde, qui a rejoint les familles les plus pauvres du « camp des sans-logis » de Noisy-le-Grand, près de Paris en France. Pendant 17 ans, de 1954 à 1971, dans une France en pleine croissance économique, 250 à 300 familles ont vécu dans la boue de ce bidonville, objets de mépris, de rejet et de déni. Mais ce lieu incarne aussi et surtout la naissance d’un combat universel contre la misère et l’exclusion sociale, puisque c’est là qu’est né ATD Quart Monde, sous l’impulsion de Joseph Wresinski et des habitants du camp.
« Un documentaire d’une qualité autant humaine que cinématographique. Un film qui donne de l’énergie, qui montre qu’il est possible de se relever ” dit Gabrielle Erpicum, engagée comme volontaire permanente dès les premières années du camp de Noisy.
Gabrielle Erpicum, et Marie Jahrling habitante du camp, étaient les invitées de ce débat organisé par les membres d’ATD Quart Monde de Nice.
« Cette rencontre, dit Gabrielle, a profondément uni les uns et les autres autour de la réalité de la misère et a provoqué un courant d’échanges très fort » :
Une personne a été bouleversée par Geneviève Anthonioz de Gaulle visitant une famille du camp et à qui on offre une tasse de café.
Une autre a dit combien il était difficile pour des personnes « tout venant » de partager le moment présent avec sincérité et a souligné l’importance de la relation.
Plusieurs ont souligné l’importance de l‘université populaire, comme un lieu d’échange et de partage ; échanges qui débouchent sur des luttes pour les Droits fondamentaux des plus pauvres.
- Bernadette, alliée, raconte : « progressivement, je me suis approchée du Mouvement grâce à la bibliothèque de rue, ce qui m’a permis de me rendre compte de la pauvreté dans ma ville. J’ai pu entendre un enfant me dire que la vie était très dure. Personne ne peut contrecarrer ce que les personnes racontent. Les parents veulent le meilleur pour leurs enfants. C’est la dureté de leur existence qui nous montre le chemin pour une autre société ».
- « Le Mouvement ATD quart Monde a permis d’intérioriser que la misère n’était pas fatale. L’inversion du regard s’est opéré par le passage de la honte à la fierté et de se sentir faisant partie d’un peuple. Ces personnes sont devenues alors des combattants de la misère, c’est ainsi que l’on devient militant », souligne Marie Jahrling.
« Ce qui m’a frappée c’est d’abord le silence profond lors de la projection qui dure 90 minutes. Un silence qui se poursuit dès l’éclairage de la salle et qui se termine par un applaudissement que j’appellerais d’adhésion suite à une prise de conscience forte liée au courage de ceux et celles qui vivent aujourd’hui encore, ou ont vécu la misère dans leur chair » résume Gabrielle.
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