Maintenant j’ai confiance. Je me sens comme un être humain à part entière

« Travailler ensemble entre partenaires égaux » Sous ce titre, les 20 et 21 avril 2012, s’est tenue à Dar es Salaam – Tanzanie – une session de travail entre membres du mouvement ATD Quart Monde et fonctionnaires de différents domaines : éducation, santé, état civil et gouvernements locaux.

 

 

 

 

 

Depuis deux ans l’équipe du mouvement ATD Quart Monde mène un travail rigoureux d’obtention des certificats de naissance et de soutien à l’accès à l’école pour les enfants. (Voir le rapport Nenda Shule – Going to scholl en Kiswahili et en anglais) Elle a été témoin de toutes les difficultés administratives, relationnelles, parfois de non respect, auxquelles les parents doivent faire face pour obtenir ce document indispensable à la scolarisation de leurs enfants. Ce temps de travail avait donc pour objectif de permettre aux parents et aux professionnels avec lesquels ils sont en lien, de trouver des chemins de dialogue, de compréhension et du coup de reconnaissance mutuelle.

Un homme expliquait : « Je fais partie de ceux qui vivent dans la pauvreté. Quand on parle d’être opprimé, je fais partie de ceux là. Mais je me vois comme quelqu’un de riche parce que je connais mes droits et je peux aider d’autres à ce qu’ils y aient accès. Il devrait y avoir de la coopération entre les gens vivant dans l’extrême pauvreté et les autres. Pendant cet atelier, j’ai appris que nous ne devons pas avoir peur d’être ensemble et d’apporter nos conseils aux professionnels. Je suis heureux que nous ayons invité des enseignants, des gens du service de l’état civil pour qu’on puisse se comprendre. (…) Si les autorités pouvaient mettre en œuvre ce dont on a parlé pendant ces deux jours, cela irait mieux”.

Pour une première fois ou presque, des personnes très pauvres s’exprimaient dans un cadre public : « pendant cet atelier, j’ai été dans des lieux différents, dans un grand bâtiment. Grâce à ATD, j’ai pu vivre cela ». Dans les années antérieures, il y avait régulièrement eu des prises de parole lors de la Journée Mondiale du refus de la Misère, le 17 Octobre ou de la Journée Mondiale de la Famille, le 15 Mai. Mais durant deux jours on a assisté à une réelle amorce de dialogue avec des fonctionnaires de différents horizons et c’était une vraie rencontre. Un monsieur disait : « je n’ai ni père, ni frère : être dans cette session de travail c’était comme être en famille pour moi. J’ai appris qu’on peut être ensemble, des gens différents.(…) Quand on parle de relations en égalité, il s’agit d’un ressenti personnel, d’une vision, d’un état d’esprit. Même avec des autorités, c’est possible de vivre ces relations d’égalité”.

Un effort de créativité – groupe de théâtre mettant en scène des histoires vraies ou atelier manuel – accompagnait ce processus pour que les conditions facilitent le dialogue et la rencontre.

Dans les journées qui ont suivi, des visites se sont faites dans chacun des trois lieux où habitent les familles venues pour l’atelier : le marché aux poissons, un quartier populaire, et la carrière de pierre, où les gens effectuent un travail très pénible, cassant des cailloux à l’aide d’un simple marteau… C’était l’occasion de recueillir à chaud l’enthousiasme suscité par les journées d’atelier et l’envie de poursuivre.

« Notre responsabilité c’est de faire comprendre à toute la société ce que disait Joseph Wresinski, que les droits sont détruits. C’est en ce sens que le mouvement grandit en Tanzanie ». “Nous voulons continuer. Cela nous permet de comprendre que nous avons nos droits. Cela nous aide à aller de l’avant, à rester forts. Ça nous aide aussi à préparer la journée du 17 Octobre, on sera prêt à apporter notre contribution”. “Maintenant, j’ai confiance, je me sens comme un être humain à part entière, je peux parler à tout le monde”.

A Dar es Salaam, le mouvement ATD Quart Monde continue le chemin initié il y a une douzaine d’années, dont les débuts sont racontés dans le livre « Des pailles dans le sable », publié en 2011 aux Éditions Quart Monde.