Moussa : une histoire de « renouement familial » au Burkina

Depuis 10 ans, l’accès à une éducation de qualité pour toutes et tous est au cœur des priorités du Mouvement International ATD Quart Monde. Cette année, nous vous proposons de découvrir le travail effectué par des équipes internationales d’ATD Quart Monde dans le champ de l’éducation.

Cette invitation au voyage est un rendez-vous mensuel : nous publierons tous les mois, une histoire de réussite, individuelle ou collective, provoquée par la mobilisation d’une équipe ATD Quart Monde avec les enfants, leurs familles et leurs communautés.

D’une histoire à l’autre, nous découvrirons une équipe différente qui soutient chaque fois une dimension particulière de la vie et du développement des enfants : l’une cherche à soutenir la consolidation des liens familiaux, l’autre accompagne la scolarisation des enfants et leur réussite scolaire, une autre encore participe au nourrissage culturel des enfants d’un quartier… Les récits de ces actions se complètent et forment la mosaïque d’un projet de société qui offrirait une éducation de qualité pour tous·tes.

« Tous peuvent apprendre si… »

Photo : Séminaire « Tous peuvent apprendre si… », Centre international d’ATD Quart Monde © Carmen Martos, ATD Quart Monde

La plupart des récits d’actions que nous publierons cette année ont été écrits dans le cadre du séminaire, qui s’est tenu en juin 2018 au centre international d’ATD Quart Monde. Ce séminaire a réuni 16 équipes de différents pays, engagées dans des actions éducatives en partenariat avec des parents en situation de pauvreté. Ce temps fort a représenté le point culminant de plusieurs années de travail des équipes de terrain, dans lesquelles étaient associé·e·s militant·e·s, professionnels des écoles en partenariat avec ATD Quart Monde, volontaires et allié·e·s.

Une ambition commune

Les participants à ce séminaire partageaient une ambition commune : chercher la réalisation des meilleures conditions de développement physique, affectif, social, culturel et cognitif pour les enfants des familles en situation de pauvreté, dans leur milieu de vie. Avec les parents, leur communauté et les institutions concernées, ils cherchaient à élaborer des projets qui contribuent effectivement à garantir le droit à une éducation de qualité pour toutes et tous.

Avant cette rencontre, les membres des équipes participant au séminaire étaient impliqué·e·s depuis plusieurs mois, sur leurs terrains respectifs, dans cette démarche d’apprentissage réflexif et collectif reposant sur la méthode Apprendre de ses réussites1. Cette démarche les a conduits à raconter et à analyser des histoires de réussites, de mobilisations locales, ou encore, d’issues éducatives positives pour les enfants, auxquelles ces personnes avaient contribué.

Un temps d’échange

Avec l’aide des participant·e·s, les équipes se sont efforcées de retracer le processus et de comprendre ce que chaque protagoniste de l’histoire avait fait pour contribuer à la réussite racontée.

Les échanges pendant le séminaire ont donné lieu à de nombreux étonnements et questionnements intensifiés par le fait que les participants venaient d’horizons culturels différents.

Les comparaisons entre les actions décrites ont permis à certain·e·s participant·e·s de prendre conscience à quel point l’action inventée avec les familles était née d’un ajustement très fin à la particularité de leur contexte.

En effet, le type de pratiques culturelles partagées avec les familles ou les modes de relation de ces dernières avec l’institution scolaire varient beaucoup d’un pays à l’autre. Le fort enracinement des projets dans leur contexte culturel et institutionnel rend impossible une reproduction à l’identique de ceux-ci ailleurs. Cependant, l’analyse collective a permis d’identifier un certain nombre de démarches similaires et d’en dégager des savoirs utiles à l’action (actionnable knowledge), généralisables, sur lesquels s’appuyer pour de futures expérimentations.

Moussa : une histoire de “renouement familial” au Burkina

Pour ouvrir notre série sur l’éducation, nous vous proposons de découvrir l’histoire que raconte Florent Bambara, volontaire permanent au Burkina Faso, dans une interview avec Orna Schemer selon les règles de la méthode Apprendre de ses réussites.

Grâce à ce dialogue, Florent raconte l’accompagnement réussi du retour en famille de Moussa, un garçon de 13 ans à l’époque qui vivait depuis deux ans dans les rues de Ouagadougou quand l’équipe ATD Quart Monde l’a rencontré.

“Depuis les années 1980, ATD Quart Monde va à la rencontre des enfants qui vivent dans les rues de Ouagadougou, pour les connaître et les accompagner vers un avenir meilleur, en particulier en essayant de les amener à recréer des liens avec leur famille.”

Sylvain Lestien, co-équipier de Florent, ajoute :

  • Les retours définitifs en famille sont rares, parce que les freins sont nombreux. Souvent, après la séparation des parents [comme c’était le cas dans la famille de Moussa], la maman qui voudrait s’occuper de son enfant en est empêchée par son nouveau mari ; et presque toujours, l’entourage de la famille ne souhaite pas le retour de l’enfant, tant il craint que celui-ci, ayant pris de mauvaises habitudes dans la rue, vienne gâter leurs enfants. Au point que la famille elle-même préfère parfois ne plus espérer le retour de son enfant tant son accueil serait une prise de risque très difficile à assumer face au voisinage”.

Dans cette histoire, Florent a pu raccompagner Moussa en famille peu de temps après l’avoir rencontré. Florent a su écouter les solutions suggérées par l’enfant lui-même, et a choisi de s’y fier, en dépit de l’incertitude. Après leurs retrouvailles, le grand-père de Moussa l’a accueilli chez lui. Florent raconte :

  • Aujourd’hui, cela fait un an qu’il est de retour, il cultive la terre, garde les animaux pendant l’hivernage. Sa famille l’encourage pour qu’il ne retourne pas à la rue. Sa mère est soulagée, elle vient souvent le visiter. Au sein de la grande famille maternelle, Moussa bénéficie de la transmission des savoirs pratiques et des valeurs culturelles, il a conscience qu’il est en sécurité au village, qu’il mange bien. Il a repris l’école, même si c’est difficile pour lui parce qu’il est plus âgé que les autres élèves.
Photo : Burkina Faso © Sylvain Lestien , ATD Quart Monde

Orna guide Florent Bambara dans le récit de cette histoire en le faisant décrire de manière détaillée les étapes de l’accompagnement de Moussa : comment a-t-il été à sa rencontre ? comment a-t-il gagné la confiance de Moussa ? Quels gestes a-t-il posés envers lui ? Que lui a-t-il dit ? Qu’ont-ils fait ensemble ?

À travers ce dialogue, nous vous invitons donc à découvrir la méthode qui a guidé la production des récits en même temps que l’histoire de Moussa. Ce faisant, nous espérons partager avec vous de nouveaux outils pour identifier des réussites d’équipes et apprendre de ces expériences… Et ensemble, mieux lutter  contre la misère !

Retrouvez l’histoire complète de Moussa racontée par Florent Bambara sur notre blog Un Monde autrement vu en cliquant ici ou sur l’image.

Le mois prochain, nous voyagerons en Haïti, où l’équipe du programme Bébés bienvenus nous racontera comment elle encourage des familles très pauvres, au bénéfice de leurs tous petits.

 

 

  1. Jona Rosenfeld : « LFS : une méthodologie d’apprentissage basée sur les actions qui ont réussi dans le passé, servant de base pour les déployer dans le présent et ainsi pour l’avenir (…) tout a commencé lorsque nous avons organisé conjointement un atelier avec des membres du volontariat permanent du Mouvement en France en 1987, publié par le Mouvement et co-écrit par Brigitte Jaboureck, membre du Volontariat permanent, et moi-même, intitulé “Émergence de l’Extrême Pauvreté”. Dans ce document, nous avons décrit des modes d’action qui, dans le passé, ont réussi à permettre aux familles de sortir de la pauvreté.
  1. Je viens de lire l’article inspirant sur Moussa et son incroyable histoire de « renouement familial » au Burkina. Quelle aventure captivante ! Ça m’a vraiment touché de voir comment Moussa a surmonté les obstacles pour retrouver sa famille. Les détails et les émotions partagés dans l’article ont vraiment donné vie à son parcours. C’est génial de voir des histoires positives qui mettent en lumière la force de la famille et la détermination individuelle. Moussa, tu es une véritable inspiration pour nous tous ! 🌈 Merci de partager ces récits qui réchauffent le cœur. On a besoin de plus d’histoires comme la tienne pour égayer nos journées.

  2. Les récits comme celui-ci sont une source d’inspiration et nous rappellent la force incroyable de la famille. Bravo à Moussa pour sa détermination et à l’auteur pour avoir partagé cette histoire touchante avec nous !

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