Les Nations Unies et ATD Quart Monde dialoguent avec les populations indigènes
Photo ci-dessus : Armindo Goes Melo, Secretaire Général de l’association Hutukara Yanomami, Brésil (à gauche) ; Guillermo Campuzano, Représentant de la Congrégation de la Mission aux Nations Unies (à droite).
Aux Nations Unies, ATD Quart Monde collabore régulièrement avec d’autres ONG pour organiser des rencontres informelles sur des thèmes liés à la pauvreté, au développement durable et à l’Agenda 2030 de l’ONU. La série de discussions « Ne laisser personne de côté » inclut systématiquement des intervenants ayant une expérience vécue de la question abordée.
Comme d’autres personnes vivant dans la pauvreté, les populations indigènes sont souvent victimes de marginalisation et de préjugés mais elles ont pourtant des choses intéressantes à dire sur des problèmes importants pour le monde entier. En mai 2017, ATD Quart Monde a mis en place un dialogue afin d’écouter l’expertise et la connaissance des populations autochtones à propos de l’Agenda 2030 du Développement Durable (ODD).
Les populations indigènes ne vivent pas toutes la pauvreté de la même façon. D’après la Banque Mondiale, « Il y a environ 370 millions de personnes indigènes dans le monde aujourd’hui… Présentes dans plus de 90 pays, ces communautés indigènes représentent environ 5% de la population mondiale mais constituent près de 15% des populations en extrême pauvreté et environ 1/3 des populations pauvres en milieu rural. […] Où qu’elles vivent, ces populations indigènes font face à de réelles pressions, faisant notamment parties des populations les plus pauvres et marginalisées de leurs sociétés. […]
Une étude des données d’un recensement national dans dix pays d’Amérique Latine, d’Asie et d’Afrique évalue les taux de pauvreté et les tendances pour environ 80% des populations indigènes mondiales. L’étude montre que dans chaque pays étudié, les populations indigènes sont plus pauvres. Le taux de pauvreté indigène (le pourcentage de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté) est bien plus grand que pour les populations non-autochtones et l’écart de pauvreté (la distance les séparant du seuil de pauvreté) est bien plus important que la moyenne nationale. Cela signifie non seulement qu’il y a plus de personnes indigènes que non-indigènes classées comme pauvres, mais aussi que leur taux de pauvreté est plus sévère. »
Deux chefs indigènes, Rune Fjellheim et Armindo Goes Melo, ont ouvert les discussions. Le dialogue a établi clairement qu’il est d’une importance cruciale d’inclure les populations autochtones dans les décisions affectant leurs communautés. « Sans dialogue, dit M. Fjellheim, il y a le risque de laisser des personnes à l’écart ».
Les participants sont d’avis que les mines, les industries d’extraction, les centrales électriques et les voies navigables font partie des problèmes les plus urgents auxquels il faut faire face. Le Parlement Sámi a été créé en 1989, après un long combat contre la construction d’une centrale électrique qui a conduit à gagner une reconnaissance politique.
Les intervenants étaient aussi très inquiets de l’impact du changement climatique sur leurs fragiles écosystèmes : l’Arctique et l’Amazonie. Les populations indigènes ne contribuent que très peu à l’épuisement des ressources. Pourtant, ce sont elles qui sont le plus affectées par les dégradations environnementales. Elles sont également conscientes de l’incapacité et du manque de préparation de la plupart des gouvernements à gérer des problèmes de santé, entre autres, résultant des dégâts causés à l’environnement. M. Melo a souligné que la constitution brésilienne reconnaît les populations indigènes. Toutefois, dit-il, il faut également qu’elles soient reconnues « en paroles et en actes ».
Les groupes autochtones de l’Amazonie travaillent à des solutions créatives. Malheureusement, ils sont souvent perçus comme des criminels et doivent lutter contre les discriminations. Les populations indigènes ont une grande connaissance de la nature et elles comprennent la connexion entre la terre, les langues, les cultures et les nombreuses formes de bien-être. Elles peuvent clairement contribuer à l’Agenda 2030. La discussion s’est terminée par un chant Yanomani mené par M. Melo, que son peuple utilise face à un défi.
Le dialogue faisait partie de la série de discussions « Ne laisser personne de côté » organisées par ATD Quart Monde. Celui-ci s’est déroulé dans le cadre du Forum indigène des Nations Unies.
Téléchargez les notes et le programme de cet événement en anglais.
Pour plus d’informations sur le plan d’action et sur les recommandations des Nations Unies à l’égard des populations indigènes, vous pouvez consulter la Seizième Session UNPFII du 24 avril au 5 mai 2017, à l’occasion du« dixième anniversaire de la déclaration des Nations Unies sur les droits des populations autochtones : mesures prises pour mettre en place la Déclaration ».
Pour plus d’informations sur les activités d’ATD Quart Monde aux Nations Unies, consultez:
United Nations – ATD Fourth World USA et Faire entendre la voix des très pauvres à l’ONU