Océan indien : vers les assises du Mouvement ATD Quart Monde
- “En moi-même, je suis convaincue que je vais y arriver, et l’espoir qu’un jour, on va s’en sortir” – Une militante de l’Ile Maurice.
En mai 2016, une quarantaine de membres et amis d’ATD Quart Monde de la Région océan Indien se sont réunis pour se préparer aux « assises du Mouvement ATD Quart Monde » en 2018 . Nous revenons sur ce temps fort autour de l’engagement qui propulse vers l’avenir !
Un des objectifs de cette rencontre était de renforcer notre manière de faire Mouvement ensemble dans le monde et en particulier au sein de notre région. Nous avons partagé nos expériences entre les pays : l’archipel des Comores, La Réunion, Madagascar, Maurice, Rodrigues, à la fois sur nos actions mais aussi sur notre engagement.
Nous nous sommes retrouvés en groupe de pairs1 durant deux jours, autour des questions :
- Comment je m’engage personnellement pour déraciner la misère ?
- La misère me touche ; où je trouve la force de résister ?
- Le refus de la misère nous unit. A quels moments ? Pourquoi ? En quoi c’est important ?
2017 est une étape importante avec les 60 ans d’ATD Quart Monde mais aussi le centenaire de son fondateur, Joseph Wresinski. Nous avons conclu ces deux jours sur l’engagement avec cette question : Comment on s’engage et on engage d’autres dans les années à venir?
Comment chacun s’engage
“Participer, ce n’est pas être assisté !”
Les personnes qui ont l’expérience de la pauvreté ont souligné l’importance de s’engager en osant demander le respect, en osant prendre la parole et surtout, en exigeant d’être traité comme un être humain. De pouvoir faire des choses pour se sentir utiles, s’engager en participant à des rencontres en voulant être participants parce que participer, ce n’est pas être assisté. S’engager aussi en se mettant en groupe pour chercher et avancer ensemble. S’engager, disaient plusieurs :
- « c’est en faisant semblant d’être heureux devant nos enfants de manière à ce qu’ils ne voient pas, qu’ils ne sentent pas par moments les douleurs que les adultes traversent à cause de la vie difficile. Et aussi soutenir d’autres qui vivent comme nous dans la misère. »
“J’interpelle mes collègues.”
Pour déraciner la misère, les alliés pensent qu’il faut favoriser la mixité sociale. Dans le milieu professionnel, ils interpellent leurs collègues.
- « Nous voulons nous laisser convertir par les plus pauvres, ne pas juger, approcher chaque personne de la même façon, créer des liens de confiance mutuelle ; et garder des liens, même si on est éloigné physiquement. »
Ce qui nous donne de la force pour résister
« Nous trouvons la force de résister dans la conviction que des choses comme l’esclavage et l’apartheid ont été abolis après un long combat» ont dit des volontaires permanents d’ATD Quart Monde.
Les différents groupes ont dit que ce qui leur donne de la force,c’est :
- se rassembler, car ensemble on a plus de forces et on va plus loin,
- quand on arrive à sortir du silence dans lequel nous enferme la misère, grâce aux liens que nous créons ensemble dans le Mouvement,
- quand on peut oser chanter, danser, ça nous aide et même si la vie est difficile, on y puise la force de résister à nouveau,
- dans la reconnaissance du combat d’ATD Quart Monde par les autres (institutions, ONG’s et associations) à travers des partenariats,
- on trouve la force de résister dans les personnes, des familles qui nous ont marquées et qui sont restées dans notre cœur et nous servent de modèle.
Le refus de la misère nous unit
Quelques points forts retenus par un groupe de militants à l’issue de partage d’expériences personnelles:
S’unir, c’est important car:
- Ça permet de créer la solidarité.
- Pour que l’État ne fasse pas de nous ce qu’il veut et pour l’obliger à rester dans la solidarité.
- Parce que c’est au quotidien que l’on a besoin de se conseiller, de se soutenir.
- Pour que tout le monde nous voie. Ainsi, on devient une force et on peut être écouté et entendu.
- Parce qu’on est plus forts ensemble pour trouver des solutions.
- Parce que ça donne plus de force pour aider celui qui tombe.
“Je suis contente parce que j’ai osé me tenir debout, présenter mes idées et non pas quelqu’un d’autre qui vienne parler en mon nom, a conclu une militante de Madagascar. Je suis aussi contente car même si nous sommes tous différents, nous avons les mêmes idées, la même vision. J’ai pu partager mes expériences, mais aussi recevoir pour pouvoir aider les plus pauvres que moi. »
Une amie de l’île Rodrigues a ajouté :
- “Pendant ces quelques jours passés ensemble, j’ai pu redécouvrir tout le sérieux qui anime les différents acteurs d’ATD Quart Monde engagés sur le terrain et notre même besoin de s’unir, d’être en partenariat pour avancer et mener ensemble cette lutte contre la misère.”
- Les membres du Mouvement réfléchissent en groupes dissociés : les personnes ayant vécu ou vivant dans des situations de pauvreté (militants), les personnes qui s’engagent dans leur travail et la société et qui rejoignent les très pauvres (alliés) et les personnes qui ont choisi un engagement de vie à temps plein dans le Mouvement (volontaires). La dynamique propose aussi de croiser les apports de chacun des groupes lors des restitutions en plénière.