Partage des savoirs à la Voix du Cœur
Chaque semaine, des jeunes bénévoles, lycéens, travailleurs informels, alliés et volontaires d’ATD Quart Monde, sac au dos remplis de livres et de crayons de couleurs, rejoignent les 30 à 50 enfants qui prennent un peu de repos à la Voix du Cœur.
Nuits à ne dormir que d’un œil, dans les rues de la ville ; angoisse de la survie jusqu’au soir. Mais les voilà debout pour accueillir « chez eux » ceux qu’ils connaissent déjà bien : les amis des livres et des jeux !
Mme Béatrice Epaye, fondatrice du Centre La Voix du Cœur, est témoin des perspectives qu’ouvrent ces actions culturelles pour les enfants vivant dans la rue. Elle explique que lorsqu’on leur pose la question de leurs projets d’avenir, ils parlent de survie (vendre des cigarettes, être « chargeur » d’un chauffeur de taxi…). Mais ceux qui participent à l’animation autour des livres ont un autre langage : ils souhaitent faire l’école.
Les animateurs ATD Quart Monde reçoivent beaucoup eux aussi : « Depuis les combats dans notre quartier, je vis loin de chez ma mère, dit Arnaud. À la Voix du Cœur, je pars avec mon malheur. Et les enfants me donnent le bonheur. Nous lisons, nous jouons ensemble. On s’approche. Un jeune m’a dit qu’il vit sans père ni mère. J’ai réfléchi, ça m’a fait prendre courage devant mes soucis. C’est d’être ensemble qui donne la force d’aller plus loin. »
Yvon, artiste, anime un atelier de bandes dessinées. Il se souvient : « Un garçon avait dessiné un règlement de comptes. On y voyait un homme menacer de mort un jeune, pour avoir volé son vélo. Le jeune demandait pardon. Dans la case suivante, l’homme disait : je te pardonne. » Yvon a demandé au garçon si c’était là son histoire. Ce dernier a hésité, puis a dit : « Oui, je voulais faire une BD sur ce que j’ai vécu », ajoutant avoir compris que « celui qui pardonne veut garder la paix. »
Pour les enfants et jeunes qui vivent dans la rue, la Voix du Cœur est un espace de répit où certains peuvent manger et se soigner, un espace où des adultes leur permettent d’imaginer des projets d’avenir et de prévenir qu’ils ne soient enrôlés comme enfants soldats.