Projet « Territoires zéro chômeur de longue durée », construire ensemble la citoyenneté
Le Projet « Territoires zéro chômeur de longue durée » a pour ambition de mettre fin au chômage longue durée en lançant une expérience innovante dans 4 territoires ruraux (communautés de communes) français : Ille-et-Vilaine, Meurthe-et-Moselle, Deux-Sèvres et Nièvre. Cette expérimentation à l’initiative d’ATD Quart Monde en France se propose de créer de nouveaux emplois financés par le transfert des coûts liés au chômage de longue durée.
Depuis plus d’un an, des élus, des collectivités, pôle emploi, des partenaires associatifs, le secteur économique des artisans et commerçants, des chômeurs, se rencontrent régulièrement pour relever ce défi : comment faire pour qu’il n’y ait plus de chômeurs de longue durée chez nous ? En commençant par les personnes à qui l’on demande :« Que savez-vous faire ? Quelles sont vos envies, les besoins autour de vous ? Que peut- on créer ensemble ? » et non « il y a tant de postes en insertion, qui choisit-on pour mettre dans les postes ? » C’est un total changement de logique.
Il a fallu aussi créer une mobilisation pour convaincre les élus, les collectivités, les différents acteurs que c’était possible, et regarder ensemble les besoins sociaux non satisfaits.
On nous demande notre avis
Ce projet soulève beaucoup d’espoir et d’enthousiasme. Le 27 avril, lors d’une manifestation à Paris où se sont rencontrés de nouveau les acteurs du projet , les réflexions sont écoutées avec attention. Une personne au chômage depuis très longtemps dit l’importance qu’on soit venu chez elle pour lui parler travail. D’autres : « les enfants n’ont pas d’âge pour comprendre la détresse des parents » ; « le travail précaire, ça nous éloigne encore plus de l’emploi » ; « il faut une économie qui parte des emplois non délocalisables ». Tous disent l’importance de ne pas être vus comme des chômeurs « à réinsérer » mais des personnes à qui l’on demande leur avis. Une femme partage son idée de transformer des terres en friches en jardins potagers pour créer un circuit court de production de légumes pour les cantines des écoles.
Le monde des entreprises, des artisans, des commerçants est aussi monté dans la barque. « On voit autour de nous des gens qui s’enfoncent et on ne peut rien faire et là il y a un projet où on peut participer, où on peut se dire que tout le monde va retrouver une dignité, ce n’est pas seulement pour les gens, c’est pour nous tous quelque part. »
Un groupe de parlementaires a déposé un proposition de loi permettant l’expérimentation du projet. Sans cette loi, le projet ne peut être mis en œuvre sur le terrain. Le 15 septembre, les différents acteurs du projet se sont réunis à l’Assemblée nationale pour mobiliser autour d’eux (lire l’article sur le site ATD Quart Monde France). Un élu disait : « Chez nous on a tout : la Mission locale, les entreprises d’insertion, tous les dispositifs qui existent et pourtant on voit que le chômage continue d’ augmenter… En fait on ne sert à rien, on est complètement impuissant. Même l’économie sociale et solidaire est amenée à faire le tri, à choisir parmi les gens qui sont au chômage. Et là, il y a un renversement de perspective : on cherche à s’y prendre autrement. On veut réussir à ce qu’il n’y ait plus de chômeurs de longue durée chez nous, ça redonne du sens à notre engagement politique. »
Un projet citoyen qui mobilise tout un territoire
Les liens qui se tissent sur tout un territoire renforcent la volonté de le développer avec le souci de la participation de tous. Le député Dominique Potier : « ce ne sont pas des chômeurs, des élus, des entrepreneurs qui manifestent. C’est tout un territoire qui manifeste ensemble, et c’est le plus précieux de notre démarche ».
Cependant les initiateurs du projet savent qu’il faut rester vigilants afin qu’il reste fidèle à son ambition de départ. A Pipriac, en Ille et Vilaine, sur 150 chômeurs, seulement 120 ont été atteints par le projet. Beaucoup disaient « ce n’est pas grave, on fait avec ceux qui veulent ! ». ATD Quart Monde et d’autres n’ont pas lâché pour aller jusqu’au bout du projet qui est de rejoindre tous ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi. Car il n’y aurait qu’un pas à franchir pour discriminer une fois de plus les personnes, et que le projet conçu pour elles se retourne contre elles…
Ce projet est un véritable exemple de ce que peut être le développement durable en construisant une économie fondée sur le vivre ensemble et la co-citoyenneté avec tous les partenaires d’un territoire : chômeurs, entrepreneurs, politiques.
Prochaine étape décisive : la proposition de loi sera examinée en première lecture à l’Assemblée Nationale la semaine du 23 novembre 2015. D’ici là, il importe de rester mobiliser. Un rendez-vous à ne pas manquer : le 15 octobre, une « grève du chômage » sera organisée. Dans 6 lieux de France, des chômeurs longue durée, soutenus par des citoyens solidaires, réaliseront des travaux utiles de toute nature. La grève permettra de montrer que ce n’est pas le travail qui manque, ni les travailleurs.
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Photo : manifestation à Paris le 27 avril pour demander une loi d’expérimentation pour mettre en œuvre le Projet « Territoires zéro chômeur de longue durée »