Quelques exemples pour mieux comprendre nos Engagements Communs 2013-2017

En 2013, les membres d’ATD Quart Monde ont évalué leur action, réfléchi aux priorités pour les années à venir et échangé à travers le monde pour définir les engagements communs 2013-2017.
Les exemples ci-dessous sont quelques uns de ceux qui ont servi de base à ces engagements.

Introduction

Orientation Aller à la recherche de ceux qui manquent encore

Orientation Aller à la recherche de ceux qui manquent encore dans la priorité Éducation

Priorité Éducation

Priorité Économie

Priorité Mobilisation

Introduction

En République Centrafricaine rejoindre les familles qui se battent pour la survie quotidienne, les familles qui se battaient pour la survie quotidienne avant les troubles politiques ont, aujourd’hui, la vie encore plus difficile. Elles n’ont aucune réserve et ne peuvent se permettre un jour sans activité. A cause du conflit armé, elles sont parfois tenues de rester enfermées chez elles ou de travailler sans salaire. L’année scolaire a été perturbée et certains jeunes ne pourront plus retourner à l’école suite à la perte d’un parent, du pillage de leur maison ou du vol de leur champ. Des jeunes se sentent vulnérables face aux différentes milices qui recrutent. Pourtant, plusieurs parmi les membres du Mouvement ont choisi de ne pas laisser les enfants seuls face à la violence. Ils vont les rejoindre avec des livres « pour désarmer les esprits ». Ils disent que s’ils ont du courage, c’est parce qu’ils sont ensemble à résister, pour la paix.

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En Haïti des réponses d’aide d’urgence inadaptées. A la suite du séisme de 2010, des réponses d’aide d’urgence ont été apportées sans véritable dialogue avec les autorités du pays ni avec les acteurs haïtiens engagés dans la durée aux côtés des populations. Par exemple, en proposant des salaires très élevés grâce à l’argent de l’aide internationale, les projets d’urgence ont attiré vers eux les compétences du pays qui ont déserté les projets locaux durables mais moins financés. D’autres se sont appuyés sur des leaders qui ne représentaient pas vraiment la population, et cela a créé des tensions dans les communautés, avec le risque que les plus faibles soient discriminés. L’aide internationale non concertée a créé l’inflation des prix, mettant en péril la production nationale. Elle a entraîné un découragement et a miné la confiance envers le pays. Dans ce contexte, Atd Quart Monde a toujours mis en avant la résistance, la pensée et l’action des familles les plus pauvres dans des zones souvent oubliées, pour participer, avec d’autres, à la reconstruction du pays.

Orientation Aller à la recherche de ceux qui manquent encore

Au Guatemala, l’importance d’aller à la recherche de ceux qui manquent encore. Maritza Orozco vit au Guatemala et est mère de six enfants. Elle fait partie du millier de personnes qui, de 2010 à 2012, ont travaillé sur les thèmes « La misère est violence, rompre le silence, chercher la paix. » Elle dit comment ce travail lui a appris l’importance d’« aller à la recherche de ceux qui manquent encore. »
« Quelque chose de nouveau qui a surgi en moi fut de partager avec [d’autres] familles. C’est quelque chose qui fait que la force naît en nous pour continuer. J’ai toujours voulu soutenir, aider, parce que je suis comme ça, mais je n’avais pas le savoir. J’ai appris que nous devons défendre nos droits. Dire que oui nous pouvons, oui nous savons. J’ai ressenti plus de force. Est née en moi l’envie de visiter des familles que je ne visitais pas avant. C’est venu avec ce souhait de partager plus. La manière de travailler que nous avons eue est bonne parce que chacun amène une expérience et peut en parler. Je crois qu’il faut continuer à visiter, chercher de nouvelles familles. Toujours unis pour chercher celles qui manquent encore. Je crois qu’il y a plus de personnes qui pourraient travailler sur des travaux comme celui-ci. Nous devons préparer les personnes pour qu’elles rompent le silence. Les préparer signifie continuer à les visiter, continuer à partager avec elles. »

A Gallup (USA) oser aller à la rencontre. L’équipe ATD Quart Monde de Gallup agit dans le domaine de l’éducation et la culture avec des familles en situation de pauvreté, principalement amérindiennes, mais issues aussi d’autres groupes de populations. Un jour un volontaire a remarqué devant un magasin d’alimentation un couple et leur bébé qui semblaient avoir toutes leurs affaires dans un caddy. Il a osé aller à leur rencontre. Au milieu des passants dont certains leur tendaient un peu d’argent ou de nourriture, l’un des premiers sujets que ces parents ont abordé, était leur volonté de trouver comment soutenir leur enfant dans son développement. La relation s’est construite au fil des mois, pour les accompagner dans des démarches de logement, obtenir des certificats de naissance, des vêtements pour l’enfant…. et réfléchir sur ce qui leur semblait important pour leur avenir. La maman a dit des mois après que différents services avaient voulu les aider aussi longtemps qu’ils correspondaient à « leurs » critères et acceptaient « leurs » solutions. « Mais vous vous êtes là pour nous. Où que nous allions, quoique nous décidions, vous serez encore avec nous ».

JPG - 8.1 koFrance (Val d’Oise) : la rencontre des familles Roms. Depuis douze ans je rencontre des familles roumaines Roms dans le département du Val d’Oise en France. Si ces familles vivent dans le dénuement, à l’écart des villes, regroupées sur des terrains squattés et en caravanes ou dans des baraques, on découvre en les rencontrant dans la durée des différences de conditions de vie entre elles. Il y a celles qui parlent français, celles qui ne le parlent pas, celles qui ont un véhicule, celles qui n’en ont pas, celles qui récupèrent de la ferraille, celles qui ne le font pas, celles qui ont une caravane, celles qui n’en ont pas.
En fréquentant régulièrement les habitants installés sur ce terrain situé sur une commune du Val d’Oise , j’ai remarqué une famille parmi les autres. Les parents ont la cinquantaine, deux adolescentes, deux aînés sont en couple avec enfants, un ici, l’autre en Roumanie. Elle est la seule à avoir construit une baraque. Une baraque entourée/envahie de plein de choses, plus ou moins cassées, une table avec de la vaisselle, de la nourriture, des papiers, des bouteilles plastique vides. Chaque fois que je vais là, je fais le tour des caravanes et je veille à avoir du temps pour m’arrêter chez eux. Prendre le temps de les rencontrer, de créer des liens.
Très vite, j’ai entendu qu’ils parlaient très fort entre eux. En approchant de leur baraque, j’ai entendu crier. Je ressentais une violence latente. Témoin de cris entre eux, en fonction de leur force et de l’énervement, je pouvais repartir pour revenir une demi-heure après ou le lendemain, je pouvais tenter un mot d’humour qui détendait l’atmosphère, ça c’était quand les cris n’étaient pas trop forts.
Les disputes de Mr et Mme C. sont fréquentes entre eux et aussi avec les autres occupants du terrain. Le fils D., né en 1989, père de trois enfants a aussi des accès de violence, il peut frapper. Sa compagne le sait ! J’ai été la rejoindre sur le chemin où elle voulait s’enfuir après des violences de la famille. Serait-elle moins seule si elle marchait près de quelqu’un ? Un jour j’ai retrouvé Madame allongée, pleine de douleurs, le visage marqué. Elle avait été frappée par une voisine.
Ils restent surtout entre eux. Je n’ai jamais vu une autre personne chez eux. Chaque fois que je vais sur ce terrain, je passe de caravane en caravane et veux avoir le temps de m’arrêter chez eux. Ils paraissent manquer de maîtrise, ballottés par les aléas de la vie. Il y a souvent des tensions avec les autres. Il est parfois difficile de dialoguer. Monsieur s’énerve, s’embrouille, réclame des choses. Il y a aussi l’alcool.
Peu à peu nous nous sommes apprivoisés. Après avoir obtenu l’Aide Médicale d’État (prise en charge des soins médicaux par l’État pour les familles en situation irrégulière dans le pays), Monsieur a commencé à soigner sa nervosité . Je ne dirais pas qu’ils sont en permanence exclus par les autres. Ils ne sont pas toujours enfermés dans leur faiblesses, mais c’est dur par moments. Ainsi lors d’une expulsion (avril 2010), ils sont les seuls à ne pas avoir pu suivre le groupe. Ils iront vers un autre lieu près d’un centre commercial, sous un pont, au bord d’une route passante.
Aujourd’hui je les vois toujours, ils ont une petite caravane. Ils sont sur un terrain squatté sans eau, sans électricité. Ils forment un petit groupe, une majorité de personnes sont de leur famille. Monsieur est seul, sa femme est repartie pour un temps en Roumanie. Il n’y a plus D. et sa compagne avec les trois enfants, mais il y a un autre fils en couple avec quatre enfants, un oncle, une autre famille.
Dans mes rencontres avec les familles de ce terrain, j’ai voulu créer et entretenir un lien avec cette famille où il y avait trois générations. Je la percevais plus fragile, plus isolée que les autres. Je voyais sa vulnérabilité, ses incohérences.
Chaque fois que j’allais dans ce lieu, je passais chez eux, en fonction des circonstances au moins dire bonjour, ou échanger longuement. Même sans percevoir leur projet, je veillais à leur demande. Par exemple, s’ils voulaient voir un médecin, alors nous sommes allés à l’Espace santé insertion, j’ai fait avec eux la demande de l’Aide Médicale d’Etat. La venue de leur belle-fille S. (née en 1991) a renforcé des liens. Elle était enceinte, ne parlant pas un mot de français, complètement désorientée en arrivant ici, en 2006/2007, 2008/2009, puis 2010/2011. Je l’ai accompagnée pour le suivi de ses grossesses, voyant qu’elle gagnait en organisation et même en prévoyance. Au gré de ces rencontres régulières, une connaissance réciproque a été possible, une complicité est née. Il y a eu trois grossesses. J’avais de la tendresse pour S. et ses enfants auraient conquis tous les cœurs, le mien c’est sûr. Rieurs, un tantinet espiègles, à l’esprit vif, ils venaient toujours vers moi dès qu’ils voyaient la voiture s’arrêter. Ils ont contribué à garder, renforcer les relations, à y mettre de la bonne humeur aussi. Relations vécues avec une impuissance certaine face à l’immensité de leur dénuement, l’absence de ressources, de possibilités réalistes…. et un rejet par une majorité des habitants de la ville. Seul n’est-ce pas encore plus dur ? Mon engagement, mon investissement est, entre autre, nourri par cette pensée. Souvent en échangeant, on réfléchit, on entrevoit des choses, on rit aussi et on fait un pas, puis un autre et tout compte fait on avance. Janine Béchet

Orientation Aller à la recherche de ceux qui manquent encore dans la priorité Éducation

Au Burkina Faso, chercher des chemins de dialogue entre l’école et la communauté. M. était connue depuis longtemps du Mouvement Atd Quart Monde mais ne participait à aucune action. Enfant vivant à la rue, elle a grandi avec sa grand-mère. Aujourd’hui M. élève ses enfants avec elle. M. a d’abord été pour l’équipe la personne qui posait des gestes dont on ne comprenait pas le sens ; les chemins qu’elle cherchait à ouvrir étaient incompréhensibles. Devant la fragilité de projets qui ne faisaient pas de sens avec elle, devant l’échec de l’action, on est reparti d’une qualité de présence. On a dû créer des espaces, un mot ambitieux pour dire la rencontre de M. avec d’autres. M. a représenté la capacité d’une personne à nous emmener sur de nouveaux chemins.
L’équipe Atd Quart Monde constatait l’étanchéité de deux espaces de transmission, la communauté et le scolaire. On a cherché des chemins de dialogue entre ces deux espaces que sont l’école et la communauté. Derrière la question de la transmission, il y a celle de la reconnaissance du savoir. On a travaillé avec M. pour lui permettre de se ressaisir de sa connaissance par exemple, comment elle a appris à compter et comment elle a enseigné à compter. Sa fille R. a appris de la même manière qu’elle, en vendant de la cola. En le disant, M. s’est redit la validité et la pertinence de son savoir. Elle a dit : « Vous avez enlevé la honte de ma tête. » Pour elle, c’est la capacité d’être debout, la capacité d’être debout parmi d’autres.

Priorité Éducation

Bolivie : relever le défi d’une réflexion avec l’ensemble des acteurs sur les responsabilités des parents, des enfants, des enseignants d’une manière qui ne stigmatise personne. L’histoire du Mouvement ATD Quart Monde en Bolivie avec le Mouvement Tapori et la construction d’une Maison de l’amitié a entraîné l’équipe dans le domaine de l’éducation avec en premier lieu la volonté de permettre aux enfants de libérer leur créativité ; libérer les enfants du « c’est bien/c’est mal » grâce à diverses activités créatrices. _La récente campagne Tapori : “Ce dont j’ai besoin pour bien apprendre”, a permis aux enfants d’exprimer avec force leur désir d’apprendre et les conditions matériels et affectives dont ils ont besoin. Ils ont ensuite construit l’école de leurs rêves : “Je rêve que dans mon école on soit tous unis, que les professeurs nous traitent bien (…) Je veux une école créative, une salle d’ordinateur, qu’on soit aimable avec les camarades (…) L’école de mes rêves c’est que tous on apprenne les arts (…) Je rêve d’une école qui soit jolie avec des fleurs, des arbres. »

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Le travail en Université populaire (2010 et 2013) a permis l’expression des parents sur l’éducation rigide et autoritaire hérité des dictatures dont ils ont souffert, le déni pour les femmes du besoin d’étudier et aussi leur aspiration à une éducation de qualité pour leur enfants. Les alliés professeurs ont pu se sentir agressés par les paroles des parents ; ils ont voulu expliquer leur pédagogie, leur engagement, leurs découvertes. « Avec ATD, j’ai découvert l’importance d’être en relation avec les parents quant à l’éducation scolaire de leurs enfants.  ». De grandes inégalités sont dénoncées entre l’enseignement à La Paz dans les quartiers périphériques d’El Alto et à la campagne où il est en général le plus déficient.
ATD Quart Monde continue de relever le défi d’une réflexion avec l’ensemble des acteurs sur les responsabilités des parents, des enfants, des enseignants d’une manière qui ne stigmatise personne. L’école est le ciment de la communauté. Mais, quand la communauté doit prendre en charge l’école, la participation financière ou en service qu’elle exige aux parents condamne les plus pauvres d’entre eux à des sacrifices démesurés ; sacrifices fait dans le silence et la plupart du temps ignorés des autres. Il est difficile alors de ne pas laisser les enfants plus pauvres de côté ; certains d’entre eux finissent par abandonner l’école. Travailler sur la pédagogie est essentiel pour que l’école ne soit pas un lieu d’humiliation mais qu’elle transmette par son fonctionnement et sa pratique les savoirs et les valeurs communautaires de la culture dont sont issus les enfants et la fierté de leur milieu. Pour répondre au désarroi dû à la confrontation entre le monde moderne et la société traditionnelle, l’art, la création et des temps forts de vie communautaire mêlant tous les âges doivent être proposés, avec au cœur la question : qu’est-ce qu’on veut que nos enfants apprennent et pourquoi, pour qu’ils se bâtissent en tant que personnes ?

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En France : des propositions pour une école qui prend en compte l’avenir de tous. Le Mouvement a travaillé en partenariat avec parents, enseignants, syndicats… pour faire des propositions pour une école qui prend en compte l’avenir de tous. La loi de refondation de l’école de juillet 2013 reprend certaines de ces propositions. Pour la première fois on parle de l’incitation à la pédagogie de la coopération qui permet la réussite de tous les enfants, de la formation des enseignants à la connaissance de ceux qui ont la vie plus difficile…Tout cela demande du temps. Que les enseignants, les enfants et les parents s’impatientent est normal… Les médias s’intéressent trop souvent à ce qui ne marque pas. Mais qui parle des enfants qui pour la première fois ont accès aux activités de création ou sportives qui sont maintenant proposées ? Qui raconte comment des enfants de milieux différents sont heureux de pratiquer ensemble des activités diverses ?
Les membres du Mouvement s’engagent pour contribuer à bâtir cette école de la confiance, de la coopération entre tous.

Île Maurice : mettre l’accent sur la réussite plus que sur l’échec. A Maurice, ceux qui ont participé à l’évaluation des OMD ont dénoncé une compétition scolaire qui exclut 30% des enfants à la fin du primaire. Pour changer cela un responsable d’une école disait : « Il est essentiel de donner de la valeur à la connaissance que les enfants et les parents nous apportent. Mettre l’accent sur la réussite plus que sur l’échec. ». Une maman expliquait qu’il fallait demander aux enfants qui sont plus « rapides » d’accepter que celui qui a du mal s’assoit à côté de lui pour le soutenir. Une autre : « Quand un élève n’apprend pas, les enseignants n’essaieront pas de connaître la raison pour laquelle il n’étudie pas. Pourquoi il est récalcitrant, pourquoi il se bagarre avec ses camarades. Nous pouvons leur expliquer comment obtenir l’attention des enfants ». « Si on proposait aux enseignants des cours spécialisés sur les enfants en difficultés, ils pourraient les soutenir davantage et leur accorder plus de considération ».

Priorité Économie

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Guatemala : si on fait quelque chose, tout le monde doit y gagner. Le projet Travailler et Apprendre Ensemble (TAE), c’est une aventure humaine d’engagement liée à la reconnaissance de l’autre, une aventure humaine de partage du travail, actuellement deux demi-journées par semaine et du travail à domicile quand il y a de grosses commandes. L’objectif de départ de TAE Guatemala n’est pas d’être une entreprise, c’est l’idée d’apprendre à faire des travaux manuels et de vendre la production pour explorer d’autres alternatives au travail des familles et soutenir davantage les efforts qu’ils font déjà au quotidien pour avoir une vie digne grâce au travail. L’idée de vendre est simple mais le côté humain, c’est autre chose. Quelles personnes pour quel projet ? Et puis, cela s’est bâti sur une histoire de personnes. On n’est pas seulement un projet économique, on est un projet de Mouvement. Il y a une histoire de visites, de rencontres ensemble, d’université populaire, de bibliothèque de rue, du 17 octobre. Et il y a eu des personnes clefs (des militantes et des volontaires) pour comprendre et faire comprendre l’esprit et le contenu du projet : faire comprendre le partage des bénéfices et valoriser le travail de chaque personne. La dimension la plus importante est que si on fait quelque chose, tout le monde doit y gagner. Faire avancer l’idée qu’on doit se soutenir les uns les autres. Dans ce que les gens gagnent, l’argent n’est pas toujours au premier plan. C’est plutôt d’avoir un lieu où il est possible de partager les problèmes, de trouver des personnes qui les respectent, un lieu où gagner des amis avec les quels cheminer. »

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TAE

France (Noisy Le Grand) : « L’emploi conçu comme un droit ». En France, l’entreprise solidaire TAE Noisy le Grand emploie une vingtaine de personnes dans des chantiers de recyclage de matériel informatique, second oeuvre bâtiment et nettoyage de locaux. Ce projet approfondit depuis une dizaine d’années l’expérience de construire une communauté de travail rassemblant des personnes engagées parce que durablement et profondément exclues du monde du travail avec des personnes qui font le choix d’un travail solidaire alors qu’elles auraient d’autres possibilités d’emploi. Les raisons du succès semblent les suivantes :

  • Du travail qui crée des liens entre les personnes, pour effectuer une production de qualité autant que pour se former ou avoir prise sur la vie en tant que personne et en tant que communauté de travail.
  • Le choix de se donner du temps, pour se connaître, exprimer son expérience, ses idées et construire le projet ensemble. On se transforme parce qu’on se connaît mutuellement mieux.
  • La sécurité et la liberté apportées par un contrat à durée indéterminée et un salaire.
  • Une pédagogie du non abandon et de la réussite de tous.
    TAE Noisy n’est pas duplicable en l’état à cause de sa dimension exploratoire et expérimentale qui implique d’importants besoins en financement externes. Mais, c’est un projet référence où on apprend comment un projet économique peut rompre la fatalité de l’exclusion sociale pour des personnes les plus éloignées du marché de l’emploi à condition de créer des sécurités matérielles tout en construisant ensemble des liens entre les personnes.
    partir de 2014, ATD Quart Monde France veut expérimenter avec des partenaires au niveau d’un territoire (à l’échelle d’un canton de 5000 habitants) comment il serait possible de proposer un emploi à tout chômeur de longue durée. Cela implique de faire la preuve dans une étude que le soutien attendu de l’Etat pour financer des créations d’emploi est économiquement réaliste (économies réalisées sur les dépenses directe et indirectes de l’état pour faire face aux conséquences du chomage de longue durée et accroissement des recettes sur les taxes. Ensuite, il faut obtenir le droit d’expérimenter. Les partenaires engagés devrons, durant l’expérimentation, trouver et mettre en oeuvre, sur le territoire, les travaux utiles non réalisés car n’étant pas actuellement solvables. Mais le plus grand défi sera peut-être d’effectuer toute cette démarche en inventant, chemin faisant, avec les partenaires de l’expérimentation, une pédagogie de la réussite de tous ; car les participants du projet TAE Noisy témoignent du combat quotidien que cela constitue.

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Au Sénégal : le projet « Chercher et combattre ensemble ». Le projet « Gestu and xeex ndool » (chercher et combattre ensemble la pauvreté) prolonge l’action de la brigade de lutte contre les inondations qui a permis à des jeunes de s’entraider, d’être utiles à leur communauté. Un projet de fabrication de savons rassemble plusieurs filles du quartier. « On fait du savon, mais le plus important c’est de créer la relation entre personnes qui sont des voisins mais qui parfois ne s’entendent pas. Sur les savons on a écrit : l’Homme est le remède de l’Homme ». Cela nous permet de travailler ensemble, de nous ouvrir aux autres. On parle des choses de la vie qui nous aident à avancer. Certaines filles découvrent le Mouvement. On se réunit chez chacune à tour de rôle pour montrer que personne ne doit avoir honte de sa maison, même si elle est inondée. Et les autres vont voir que chaque personne, même pauvre, a le droit que d’autres viennent chez elle. »

Priorité Mobilisation

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République Démocratique du Congo : les enfants témoignent dans la radio locale sur le « droit à l’amitié pour tous ».. Depuis plus de cinq ans, l’équipe ATD de Bukavu réalise une émission de radio avec des enfants Tapori. Cette émission est diffusée chaque dimanche de 15h15 à 15h45 sur la radio communautaire Neno la Uzima. Ils témoignent de ce qu’ils font, ils donnent aux auditeurs des exemples sur « le droit à l’amitié pour tous », ils invitent chacun à se mobiliser pour le 17 octobre. A chaque fois, ils abordent des sujets variés. Par exemple :

  • Que signifie être pauvre ?
  • Les jeunes et la télévision.
  • Pourquoi la faim existe-t-elle ? Quelles conséquences pour les enfants ?
  • Lorsque la vie n’inspire plus d’espoir… la personne est-elle forcément prête à la violence ?
  • Même étant enfant, est-il important d’avoir un rêve pour le monde ?
  • L’écoute nous aide-t-elle à bâtir la paix ? Est-il important d’apprendre à écouter les autres ?

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France (Sambre Avesnoy) : un groupe de militants tient un blog pour donner des nouvelles et réagir à l’actualité. En 2011, des militants du groupe Sambre-Avesnois (dans le Nord de la France) allaient chaque mois à la Poste rencontrer les personnes qui venaient toucher leur RSA (chèque d’aide sociale) pour leur dire qu’elles ne sont pas seules, qu’ils ont des droits. A partir de ce contact, des actions ont été menées avec certaines personnes pour défendre leur droit au logement.
Dans le groupe local ATD, certains ne viennent jamais aux réunions parce qu’ils ont une vie trop difficile. Alors un membre du Mouvement va chez eux prendre des nouvelles, leur porter le compte-rendu, solliciter leur avis et leur faire comprendre qu’ils font partie du groupe.
Aujourd’hui, après avoir suivi une formation en informatique, le groupe tient un blog sur internet où ils donnent des nouvelles de leurs activités, des Universités Populaires. Ils écrivent leurs coups de gueule face à l’actualité, face aux préjugés. Cela leur permet de faire connaître ce qu’ils font et de créer des liens avec d’autres.

Philippines : utiliser Facebook pour rester en lien. De la même manière ATD Philippines utilise beaucoup Facebook pour rester en lien les uns avec les autres mais aussi pour lancer des appels aux dons pour financer un Festival des savoirs, une bibliothèque de rue.