Qu’est-ce que l’extrême pauvreté ?
Dans les pays où la plupart des gens a un mode de vie confortable ou aisé, il est plus évident de voir lorsque quelqu’un est pauvre. Cependant, là où une grande majorité de personnes vit avec de bas revenus, cela devient important de comprendre comment distinguer la pauvreté de l’extrême pauvreté.
Principes Directeurs Extrême Pauvreté et Droits de l’Homme
Les Principes Directeurs Extrême Pauvreté et Droits de l’Homme caractérisent l’extrême pauvreté par l’exclusion sociale et une somme d’insécurités dans différents domaines : manque de papiers d’identité, logement précaire, nourriture insuffisante, et les difficultés d’accès aux services de santé et à l’éducation. Ce sont ces insécurités qui tendent à isoler les individus du reste de la société. Leur accumulation crée un cycle de pauvreté extrême qui peut se transmettre d’une génération à l’autre.
Les membres d’ATD au Sénégal, dont certains sont nés dans la pauvreté la plus extrême, décrivent comment il voit la différence entre être pauvre et vivre dans l’extrême pauvreté :
- « Quand tu es pauvre tu traverses des périodes instables au cours de ta vie, qui reste quand-même cohérente. Pour le pauvre, une vie meilleure n’est pas un rêve, mais une tâche quotidienne. Petit à petit, les efforts donnent leurs fruits. Dans l’extrême pauvreté, on ne voit pas les fruits. Ce sont les problèmes qui augmentent tous les jours et on n’arrive pas à les résoudre : ton enfant tombe malade, tu ne peux pas payer les médicaments, et demain ta femme. Ça ne finit pas. »
« L’habitude dans les familles modestes ici est de rester discret, on ne montre pas sa souffrance aux autres. Mais chez la famille dont la pauvreté est chronique, toute la maison crie le désespoir. Dans la baraque, il n’y a pas assez de place : on fera sa vie dehors à la vue de tout le monde. Quand ta maison est inondée tu ne peux pas utiliser les toilettes ; l’odeur de l’eau trop sale, on ne peut pas la cacher. C’est le délabrement extrême : le toit d’à peine un mètre, les chambres à moitié inondées, les ordures partout… Tu ne peux pas cacher ta misère. Tous les ans tu dois ramasser tes affaires et changer de maison. »
Heureux d’être avec tes enfants
« Au Sénégal, quand tu es pauvre, tu es heureux d’être avec tes enfants : ils sont la joie de tous les jours. Mais les parents qui se trouvent dans l’extrême pauvreté doivent confier leurs enfants à d’autres, en dehors de la ville, dans leur village natal. Parfois ils n’arrivent plus à maintenir une vraie relation avec leurs enfants.
Lors des cérémonies familiales, le pauvre est isolé, il est là, mais il est mis de côté. Celui dans l’extrême pauvreté se cache, il ne participe même pas. Quand tu te trouves dans cet état, les autres se méfient de toi. Ils n’ont pas confiance en toi. Ils ne savent pas qui tu es. »
« Pour répondre à la question sur la différence entre pauvreté et extrême pauvreté, je voudrais dire que le pauvre fait tout pour gagner sa dignité, il retient ses enfants à l’heure du repas. Tandis que pour le chef de famille dans l’extrême pauvreté, il envoie ses enfants mendier pour manger. »
La complexité de l’extrême pauvreté
Pour pouvoir venir en aide de manière efficace aux enfants et familles les plus pauvres, les responsables politiques doivent d’abord comprendre que la complexité de l’extrême pauvreté rend celles et ceux qui la subissent particulièrement difficile à atteindre. Vivre dans l’extrême pauvreté signifie subir la honte et la stigmatisation, la séparation des enfants de leur famille, l’absence de papiers d’identité, et le manque d’accès à l’éducation et aux services de santé.
A cause de cette stigmatisation, atteindre les personnes les plus pauvres nécessite de faire plus que simplement mettre des services à leur disposition ; seule une approche spécifique assurera l’inclusion de tous.
- Les stratégies les plus efficaces sont celles construites en collaboration directe avec les enfants les plus pauvres et leurs familles.
Seul le contact direct permet aux actions de bénéficier aux plus pauvres parmi les pauvres, et de faire reculer leur stigmatisation, renforçant ainsi leur lien avec le reste de la société.
Cet article est un extrait de « What Works for Africa’s Poorest ».
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