Redéfinir de nouveaux indicateurs de pauvreté avec les plus démunis
À l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, RFI a réalisé un reportage en Bolivie, dans la ville de El Alto, une banlieue à l’ouest de la capitale La Paz, où le Mouvement ATD Quart Monde a ouvert une « maison de l’amitié » il y a maintenant 17 ans. Véritable institution dans le quartier où elle est installée, elle est plus que le siège d’une ONG internationale. Ici les habitants se rencontrent, échangent, et surtout participent au projet d’ATD de redéfinition de la pauvreté.
La maison d’ATD Quart Monde est située dans la ville de El Alto, dans une petite rue, au milieu des bâtiments en briques. Tous les vendredis matins, Emma, Dimitrio, Roxana et Casandra se réunissent pour ce que l’on appelle ici « un groupe de pair « . Ensemble ils participent à un projet international d’ATD : donner une nouvelle définition de la pauvreté.
« Avec ce projet de définir ensemble les nouveaux indicateurs de la pauvreté on veut travailler main dans la main avec les familles les plus pauvres, qu’elles soient de véritables associées au projet, pas des objets de recherche mais des chercheurs eux-mêmes », explique Diego, membre du mouvement.
« Ici, ce sont les sachants qui apprennent »
Autour de la table ils ont une chose en commun : avoir vécu la pauvreté de l’intérieur. Ils sont donc les mieux placés pour en parler. Et d’ici quelques semaines ils partageront cette connaissance de la misère avec des universitaires. Ici ce sont les sachants qui apprennent.
« Depuis que je suis enfant, je travaille comme employée de maison, comme nounou, toute sorte de choses. Et quand tu es maltraitée depuis toujours, tu penses que c’est comme ça qu’il faut vivre, tu penses que c’est normal », témoigne Emma, une mère célibataire de 34 ans. Elle vient ici depuis plus de 10 ans, et ATD a « changé sa vie » :
« Grâce à ATD, j’ai découvert qu’il était important de faire valoir ses savoirs et, à partir de là, j’ai commencé à me poser des questions. Oui, nous avons des connaissances et on peut servir à quelque chose », explique-t-elle.
La maison de l’amitié est avant tout un lieu de partage, car selon la logique d’ATD Quart Monde, sortir de l’extrême pauvreté implique d’abord de reprendre confiance en soi et de retrouver sa dignité.
Cet article est paru sur le site de Radio France Internationale.