Regarder l’action à travers le prisme du succès !

Tous les enfants, jeunes et adultes qui vivent l’exclusion peuvent apprendre. De nombreuses équipes du Mouvement ATD Quart Monde en font quotidiennement l’expérience et recèlent dans leurs pratiques les conditions d’actions éducatives réussies ; les révéler et les partager fut l’ambition d’une session de travail et de formation internationale qui a eu lieu du 10 au 14 juillet 2017 au Centre international du Mouvement en France.

Cette rencontre s’est inscrite dans le droit fil des Engagements Communs 2013-2017, pour lesquels l’accès à une éducation de qualité fondée sur des savoirs construits avec l’intelligence de tous est une priorité, un chantier au long cours. Elle a réuni une trentaine de personnes engagées dans divers projets d’ATD Quart Monde dans le domaine de l’éducation : action petite enfance et pré-écoles en Haïti et en France, bibliothèques de rue et festivals des savoirs sur tous les continents, colportage de livres au Burkina Faso, médiation entre des familles en situation de pauvreté et écoles en Espagne et au Brésil, ou encore alphabétisation de jeunes et d’adultes en Tanzanie et aux Philippines…

Il y a de nombreuses manières de regarder son action, et durant cette semaine l’attention fut portée sur des histoires de succès. Les participants se sont laissés guider par Orna Shemer, experte dans la méthode « Learning from Success »1 développée par le professeur Jona Rosenfeld, un ami de très longue date de Joseph Wresinski et d’ATD Quart Monde. Cette méthode, à la portée de tous, propose de regarder son action à partir de ce qui réussit, et d’en décortiquer ainsi les moments clés ou tournants, d’améliorer toujours plus son action, d’en parler avec compétence et pertinence, et d’en mesurer les coûts et les questions non-résolues pour en tirer des principes d’action.

Une participante a résumé son expérience :

  • « Au cours de cette semaine, nous avons été généreux, nous avons mis en commun nos expériences, nous avons posé des questions, nous avons creusé, nous avons regardé à travers le prisme de nos succès et nous avons partagé notre connaissance pour relever les principes d’action qui guident notre quotidien».

Au cours de ce travail commun, riche des expériences transmises par chacun, plusieurs dizaines de principes d’action ont été dégagés, regroupés ensuite en plusieurs grands thèmes. En voici quelques éléments significatifs :

  • Des récits rapportés de Bangui en République centrafricaine ou de Ouagadougou au Burkina Faso, ont mis l’accent sur l’importance de valoriser le potentiel, les savoirs et les compétences des enfants, des jeunes ou des adultes des communautés concernées. Les jeunes stagiaires en médiation socio-culturelle de Bangui, dans un contexte de fortes tensions militaires, ont porté l’animation d’une bibliothèque de rue dans le camp de personnes déplacés de Kokoro-Boeing ; tout comme le colportage hebdomadaire d’un seul livre par un volontaire permanent dans un quartier périphérique de Ouagadougou a permis à des mamans de mobiliser leurs petites connaissances de la lecture et leur imagination pour conter des histoires aux enfants tout au long de la semaine.
Colportage hebdomadaire d'un livre dans un quartier de Ouagadougou, Burkina Faso
Colportage hebdomadaire d’un livre dans un quartier de Ouagadougou, Burkina Faso
  • Un éventail de projets éducatifs, depuis Mirantão au Brésil jusqu’à Séville en Espagne, en passant par Noisy-le-Grand en France ou Port-au-Prince à Haïti, a mis en évidence l’importance d’associer pleinement les parents des enfants éloignés de l’école, comme partenaires, pour ressouder les liens, construire des ponts et favoriser la confiance entre des communautés d’habitants de zones marginalisées et le personnel enseignant et encadrant des institutions éducatives.
  • Les expériences d’alphabétisation avec des enfants et des adultes dans leurs quartiers, respectivement un cimetière à Manille et un marché aux poissons à Dar es-Salaam, ont montré que le développement de partenariats ambitieux et bien construits est un atout pour la réussite des projets : avec un nombre suffisant d’enseignants bénévoles pour des leçons individualisées avec les enfants au cimetière à Manille ou alors avec l’administration du marché de Dar es-Salaam pour obtenir une salle au cœur du lieu de travail des apprenants adultes.
  • D’autres histoires du Pérou, du Mexique, ou encore du Burkina Faso et de France, ont permis de s’exercer à analyser les détails qui ont mené à des réussites éducatives et alimenter le pot commun de principes d’action, accréditant ainsi l’idée qu’à travers nos diversités d’expériences et de cultures, nous partageons des pratiques semblables portées par un socle de valeurs fondamentales.

Ce travail estival de formation méthodologique et l’amorce d’une capitalisation des savoirs d’action a été accueillie avec enthousiasme par tous les participants qui entendent bien en disséminer les fruits dans leurs équipes respectives.

  • « Quelles sont les conditions pour qu’enfants et jeunes en situation d’extrême pauvreté réussissent à apprendre ? »

Cette question va continuer d’habiter les participants au cours des mois à venir, jusqu’à la tenue d’un séminaire en juin 2018, élargi aux autres partenaires et parties-prenantes des projets présentés ainsi qu’à d’autres personnes engagées dans le champ de l’éducation.

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Cette démarche a été soutenue par l’Agence Française de Développement
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  1. « Apprendre des succès ».