Rejoignez les « personnages de courage » belges
Le projet de création de « personnages du courage », issu d’un atelier autour de la question de l’identité organisé par la Maison des Savoirs de Bruxelles, a réuni des membres d’ATD Quart Monde belges, flamands et wallons, des Péruviens, des Français, des Anglais, un Suisse pendant plusieurs mois.
Vingt-cinq personnes ont participé à créer ces sculptures monumentales, exposées dans plusieurs lieux en Belgique puis en France, à l’occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Une dizaine d’autres personnes a contribué aux « témoignages de courage » qui accompagnent l’exposition et mettent en lumière le courage d’hommes, de femmes, d’enfants représentés de manière emblématique par les deux sculptures.
« L‘idée d‘origine de créer ces personnages était inspirée par des séries de sculptures de gorilles, d’éléphants et de vaches qui étaient exposés à Bristol, à Londres et à Bruxelles, expliquent Ros Tanton, l’une des artistes du projet. Chaque sculpture dans une série était identique de forme – mais peint par des artistes pour les rendre uniques. Le public s‘amusait à les visiter. Dans le cas d’une série de « Wallace et Gromit » à Bristol – les enfants allaient dénicher les « Gromits »… dans la ville (gromitting).
Il nous semblait intéressant de réaliser une série représentant des êtres-humains pauvres à travers le monde, qui s‘expriment sur leurs vécus. Après avoir fait plusieurs constructions éphémères; des épouvantails, un bonhomme pour les jardins collectifs voisins, et cetera, nous voulions faire une construction plus poussée, plus réaliste et solide. Cette fois-ci nous avons construit les corps et les avons habillés plutôt que de simplement les empailler.
Nous avons choisi de fabriquer les personnages principalement en papier mâché, pour permettre à tous les membres du mouvement de participer au projet car cette matière est « accessible à tous ». Elle est aussi certainement plus écologique que la résine. Les mains ont été fabriquées avec du fil de fer et du bambou. Pour avoir la texture de la peau, des serviettes en papier et parfois du latex. Les oreilles étaient également faites en latex. Pour nous, le latex était une nouvelle matière à expérimenter, mais pas essentiel dans l’ensemble.
Un groupe du resto social Restojet est venu pour nous aider à démarrer la construction du corps. Brenda, artiste et animatrice de ce restaurant social nous a conseillé au niveau technique mais elle nous a aussi inspiré pour d’autres éléments des personnages.
Avec nos participants, nous avons aussi recherché comment avancer les structures. C’était une découverte pour nous tous. »
« Nous voulions représenter toutes ces familles brisées, aux enfants enlevés. La femme a le regard ailleurs. On a mis deux mains qui se tendent l’une vers l’autre mais il y a un empêchement. Ici la planche cache la maman de son enfant.
Auparavant, nous avions pensé uniquement à représenter quelqu’un debout, puis nous avons considéré d’autres possibilités : quelqu’un peut souvent être fatigué, par exemple, mais est-ce que c’est ça qu’on voulait montrer comme personnage de courage ? Il ne fallait pas des images qui se contredisent. »
Quelques témoignages de courage
On remarque d’abord deux personnes puis on découvre leur courage ainsi que le courage de tous ceux qui vivent de telles conditions.
« Ma mère était courageuse; elle ne savait ni lire ni écrire. C’était tout un parcours pour faire les papiers administratifs et j’ai le même problème. Elle a travaillé dans une usine « Schweppes » de l’âge de quatorze à dix-sept ans. Elle était petite de taille et il fallait qu’elle porte des caisses trop lourdes pour elle. »
« Une maman, c’est comme une lionne : elle est toujours prête à défendre ses petits. Moi, j’ai 2 enfants. Ça fait 7 ans que je me bats pour récupérer ma fille. Quand on me l’a prise, c’est comme si on m’arrachait un bras ! »
« Bernadette me raconte qu’elle a été en ville avec sa fille Anne Louise hier et qu’elles ont rencontré un homme qui vit à la rue. « Le vieil homme était blessé au bras qui c’était infecté. Il a été aux urgences où on ne l’a pas accepté, on lui a dit qu’il puait et qu’il était mal habillé. Ce n’est pas normal ! Anne Louise lui a donné une pièce et son sandwich ». On a éduqué Anne Louise à aller vers les autres. Anne Louise a été s’asseoir près de l’homme et lui a parlé « L’homme lui a dit : Vous êtes la seule personne qui vient me parler. Je suis rejeté ». C’est important pour Anne Louise, elle apprend que la société n’est pas toujours rose, qu’il y a de la misère partout. On a toujours été dans ce sens depuis qu’elle est petite – le sens du partage et d’apprécier le monde qui l’entoure. Anne Louise dit à l’homme: « Si je pouvais, je t’aurais soigné, mais j’ai 14 ans, je ne peux rien faire. On ne peut pas laisser des gens comme ça »! Anne Louise aurait voulu être infirmière, travailler dans les hôpitaux. Elle est intelligente, mais elle a des difficultés à l’école. »
Télécharger le livret de l’exposition avec les rencontres, le parcours technique et artistique de ce projet.
Ce projet n’est qu’un début. Il existe partout des hommes et des femmes dont le courage est ignoré. Ce projet se veut le début d’une chaîne internationale de « personnages de courage ». Chacun peut se poser la question : quel est mon personnage de courage, parmi les personnes que je connais ?
Nous sommes prêts à soutenir ces créations. Pour cela, vous pouvez nous contacter en nous écrivant :