Un retentissant appel à s’unir pour refuser la misère
L’Organisation Internationale de la Francophonie a accueilli le 10 juin 2016, la séance officielle de la 6e session du Comité international 17 octobre ayant pour thème « Ne laisser personne de côté ».
Cette séance s’est déroulée en présence de Michaëlle Jean, Secrétaire générale de la Francophonie, Donald Lee, Président du Comité international 17 octobre, et Cassam Uteem, Président du Mouvement international ATD Quart Monde et ancien Président de la République de Maurice.
Quelle est la contribution de la Journée mondiale du refus de la misère à la construction de la paix et à la réalisation des Objectifs du Développement Durable (ODD) ? Cette question a été au cœur des présentations et des échanges avec les participants venus d’horizons très variés – représentants gouvernementaux et d’instances internationales, représentants des mondes associatif, culturel, économique, spirituels.
Dans son intervention, Michaëlle Jean a marqué son soutien à la Journée mondiale. La Francophonie, le Comité 17 Octobre et ATD Quart Monde ont uni leurs voix, a-t-elle souligné, pour inscrire dans les négociations internationales l’appel à « ne laisser personne de côté ». Cet appel « souligne l’urgence à lutter contre toutes les formes de discriminations pour cause de pauvreté (…), exige que nous allions au devant de toutes les solitudes, celles des populations les plus pauvres et des exclus de nos sociétés ». On ne pourra aller vers une humanité inclusive qu’en « associant les plus pauvres à une refondation de la nation. Dans ce processus il ne faut pas se priver de leur intelligence, mais au contraire la valoriser, tirer partie de l’expertise qu’ils ont des situations de détresse et des mécanismes de solidarité ».
Pour Donald Lee, la grande avancée des ODD est que « l’agenda de l’ONU pour 2030 ne veut plus laisser personne de coté, contrairement aux précédents Objectifs du Millénaire pour le Développement qui pratiquaient une politique d’écrémage » en visant à réduire la pauvreté de 50 %. Il a évoqué l’appel de Joseph Wresinski en 1987, « un appel puissant pour montrer au monde que les discriminations engendrent la misère, qu’il faut traiter avec dignité les personnes en situation de pauvreté ». Un appel qui sera central dans la mobilisation mondiale envisagée pour 2017, année du centenaire de Joseph Wresinski et du 30ième anniversaire de la Journée mondiale du refus de la misère. Donald Lee a resitué le rôle du Comité 17 Octobre qui promeut l’esprit de la Journée mondiale afin qu’elle continue de transformer nos sociétés « les fondant sur le plein respect de la dignité et des droits des personnes vivant dans l’extrême pauvreté ».
Cassam Uteem a salué l’impact grandissant du message du 17 Octobre dans le monde, évoquant les 49 répliques de la Dalle du refus de la misère et l’accord signé récemment entre la Commission de l’Océan Indien et ATD Quart Monde pour renforcer la lutte contre la pauvreté dans l’Indianocéanie. Il a lancé un vibrant appel à rejoindre ceux que l’on n’entend pas et à fonder la lutte contre la misère sur les droits de l’homme, comme le préconisent les Principes Directeurs des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme. « Il faut associer les plus pauvres comme partenaires, sinon la lutte est vouée à l’échec. »
« Ceux qui vivent la violence de la misère paient tous les jours le prix de la paix, a rappelé avec force Isabelle Pypaert Perrin, Déléguée générale d’ATD Quart Monde, saluant le courage et l’intelligence des très pauvres pour inventer les chemins de paix au cœur de grandes difficultés. « Quand tous ces gestes de paix seront-ils reconnus par un prix Nobel ? La mobilisation en 2017, a-t-elle souligné, devra « montrer comment, quand nous nous unissons, la misère recule. Nous voulons provoquer la rencontre entre des résistants à la misère et tous ceux qui portent un idéal de justice et de fraternité. »
Dans les échanges qui ont suivi, de nombreux participants ont manifesté leur engagement envers l’objectif de « ne laisser personne de côté », en particulier par l’accès à la culture, l’éducation pour tous, le soutien aux familles en situation de pauvreté considérées comme partenaires, l’éducation à la paix, la spiritualité ou encore la « Décennie internationale des cultures ». Plusieurs ont indiqué leur volonté de s’associer, dans leurs sphères respectives, à la mobilisation 2017.
Télécharger l’intervention de Donald Lee (en anglais) en pdf
le discours de Cassam Uteem en pdf
Lire l’article avec le discours d’Isabelle Pypaert Perrin