La société n’est pas organisée pour lutter contre la misère
Rencontre à l’occasion du centenaire de la naissance du Père Joseph à Port-au-Prince(Haïti)
Adultes engagés dans le Comité de Rassemblement Quart Monde, jeunes du groupe de lecture, membre du conseil des amis, animatrices et parents de la pré-école et de « bébés bienvenus », volontaires ATD Quart Monde, tous ont quitté leur quotidien pour une après midi de rencontre à l’occasion du centenaire de la naissance du Père Joseph. Sur 49 invités, 45 ont répondu présents pour se demander comment faire connaître le message du Père Joseph et donner courage dans son entourage et dans la société. Après un temps d’accueil, de recueillement, puis de présentation de chacun, ils ont découvert l’Appel à l’Action STOP PAUVRETE et ont regardé ensemble le film Rencontre avec le Père Joseph par la journaliste Claudine Faure.
Chacun a pu dire ce qui l’a touché dans le film et ce qu’il aimerait faire comprendre à son entourage et à la société. Quelques paroles sorties des échanges en groupes :
La misère fait que les gens acceptent ce qu’ils n’aiment pas.
Chaque personne est une personne, que je sois pauvre, que je ne sois pas pauvre, je suis là comme n’importe quelle autre personne. Si dans une société il y a des gens dans la misère, c’est que la société le veut bien, qu’elle n’est pas organisée pour lutter contre la misère.
Pour lutter contre la misère il faut deux choses : du travail et de l’unité, il faut s’unir.
Il faut stopper la violence, parce que s’il y a la violence, la misère ne peut jamais finir.
Prendre conscience, c’est ce qui est le plus important.La société doit changer de regard sur les plus pauvres. Les plus pauvres sont capables de réfléchir comme tout le monde dans la société.
Les gens ont suivi le Père Joseph parce qu’ils souhaitaient une vie meilleure ; ils ont l’espérance qu’un jour une grande porte peut s’ouvrir pour eux.
Aujourd’hui, si je suis là, si je parle, si j’ose m’exprimer, c’est grâce au Père Joseph.
C’est grâce à lui que je sais qui je suis, même si je suis pauvre.
Grâce au mouvement du Père Joseph, même si je ne sais pas lire, je peux m’asseoir avec tout le monde. Il a montré comment nous devons vivre ensemble les uns avec les autres, même si nous sommes pauvres, nous avons notre place dans la société.
Dans le film on voit qu’il marche dans la boue ; en tant que prêtre, à l’époque, il aurait pu avoir des préjugés. On voit la fusion entre lui et les enfants : les enfants marchent derrière lui et lorsqu’il pleut, ils forment un parapluie de leurs mains pour le protéger. Il a retiré tous les privilèges dont il pouvait bénéficier, il s’est rabaissé complètement pour rejoindre celui qui est le plus pauvre, pour penser avec lui, pour lui faire sentir qu’il existe, pour le valoriser.
- Il vient du monde de la misère, il a senti qu’il pouvait se battre pour ceux qui sont exclus, il a senti comment sa maman s’était battu, il voulait aider son peuple, en vivant avec eux.
Le Père Joseph parle de l’importance de l’éducation pour se battre contre la misère. On doit exiger du gouvernement de prendre ses responsabilités. L’état doit créer toutes les conditions pour que les enfants puissent aller à l’école. Sans l’éducation, nous ne sommes pas capable d’en finir avec la misère. Lorsque les enfants sont réunis pour écouter une histoire, ils sont contents. Les enfants aiment apprendre.
- Le Père Joseph a fait la solidarité avec les gens, il ne leur a pas dit ce qu’ils devaient faire mais il les a rejoints pour faire ensemble. Le père Joseph réfléchissait beaucoup, il réfléchissait avec les adultes avec les enfants, avec toutes les personnes très pauvres. Il n’a laissé personne de côté.
L’amour qu’il a pour les pauvres, c’est qu’il ne se met pas au dessus, il se bat avec les gens pour que leurs droits soient respectés et pour qu’ils soient reconnus dans la société, qu’ils aient la valeur qu’ils méritent.
Il nous a laissé cette méthode, pour que nous sachions comment vivre les uns avec les autres, la main dans la main. C’est comme s’il a planté un arbre et il l’arrose.
La misère n’est pas une fatalité, nous devons nous mettre tous ensemble sans hypocrisie pour arriver à en finir avec elle.
Vous devez évaluer si ce ce que vous pensez, ce que vous dites, ce que vous faites est réellement utile aux plus pauvres. Le Père Joseph pose ces questions à chacun pour que les choses changent.
Pensez avec les plus pauvres, si vous pensez avec eux, ça va changer quand même.
Nous devons rejoindre les autres personnes, surtout celles qui sont plus pauvres d’une façon pour qu’ils sentent qu’ils sont des personnes comme les autres personnes.
S’engager avec les personnes les plus pauvres, c’est construire la paix.
Après ce partage ils ont vu qu’ils auraient beaucoup à partager pendant l’année. Ils se sont demandé comment continuer : ils se sont ensuite engagés à faire en sorte que tous ceux qui le souhaitent puissent signer l’Appel à l’Action, et aussi à raconter des histoires qui montrent que les choses peuvent changer. Puis ils ont chanté Milyonven (Strophes à la gloire du Quart Monde) avec Jean-François Gay.