Un manifeste contre les violences faites aux femmes en situation d’extrême pauvreté
Article écrit par l’équipe d’ATD Quart Monde en Bolivie.
« Les droits des femmes en situation de pauvreté ne peuvent plus être continuellement bafoués. Briser le silence et lutter contre les humiliations, les discriminations et les injustices qui produisent de la culpabilité auprès des femmes vivant dans la pauvreté est notre responsabilité à tous ».
C’est ainsi que se termine le manifeste rédigé dans le cadre d’un processus de Croisement des savoirs développé en Bolivie cette année. 23 personnes – femmes ayant une expérience personnelle de la pauvreté, universitaires et professionnels – y ont participé et ont travaillé ensemble sur les violences exercées à l’encontre des femmes en situation de pauvreté.
Une réflexion et une analyse approfondies des violences
Pendant un peu plus de huit mois, les participants et participantes ont développé une réflexion et une analyse approfondies des violences systématiquement invisibilisées subies par les femmes en situation de pauvreté. Cette recherche a ainsi permis de produire et d’acquérir de nouvelles connaissances sur ce sujet. De plus, en y participant, le processus de recherche et les découvertes qui en résultent ont provoqué d’importantes transformations personnelles des co-chercheuses.
Emma Poma et Soledad Ortiz, deux des coordinatrices de cette recherche, décrivent la démarche :
« Ces espaces de rencontre, de parole, d’écoute active et de confiance nous ont permis de prendre pleinement conscience de toutes les injustices qui sont associées au fait d’être une femme, et surtout au fait d’être une femme en situation de pauvreté. »
Erika Ruiz, militante Quart Monde, partage ce qu’elle a vécu durant cette expérience :
- « En tant que femme, je me suis sentie valorisée et j’ai vu que ma parole a de la valeur. Cela nous a donné confiance et nous a permis de partager nos savoirs. Grâce à ce Croisement des savoirs, nous avons appris que nous valons toutes la même chose, que nous valons toutes de l’or. »
Selon Tatiana Aguilar, universitaire et chercheuse,
- « Le dialogue rendu possible par le Croisement des savoirs parvient à redonner à la question de la violence l’humanité dont nous avons besoin pour aborder ce thème. Cette expérience complète les connaissances académiques. C’est un espace où les connaissances peuvent se rencontrer et avoir la même valeur. C’est une expérience personnelle innovante et différente qui a eu un impact sur ma vie de fille, de femme, de mère, de sœur, d’amie, de collègue, d’universitaire et de chercheuse. »
Cette recherche a abouti à la rédaction collective d’un manifeste dans lequel sont présentées les formes de violence les plus fortes et les plus intolérables subies par les femmes en situation de pauvreté.
Pour lire le manifeste, cliquez ici ou sur l’image :
Une étape précieuse dans l’identification des modèles de comportements violents et machistes qui se reproduisent en Bolivie
Le processus a constitué une étape importante dans l’identification des comportements violents et sexistes qui se reproduisent en Bolivie. Cependant, il est indispensable de continuer à faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes en mettant l’accent sur la grande pauvreté. Il est donc important que ce manifeste soit largement diffusé et rendu public.
- Nous espérons qu’il peut aussi contribuer à la création d’espaces de réflexion, de dialogue et d’action avec une perspective de genre en partant de ce que nous avons observé dans notre recherche : les femmes en situation de pauvreté sont confrontées à des phénomènes de marginalisation et de violations de droits supplémentaires.
Photos : ATD Quart Monde Bolivie, 2023 © ATD Quart Monde