Un webinaire pour présenter le Croisement des Savoirs en Amérique Latine

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Le 26 septembre 2024, ATD Quart Monde et Equity for Children (un projet mené par The New York School, aux États-Unis) ont conjointement organisé un webinaire1 pour discuter du livre : « De Quien es el conocimiento: Emancipación, Cruce de Saberes y Lucha contra la Pobreza » (À qui appartient le savoir ? L’émancipation, le Croisement des Savoirs et lutte contre la pauvreté), publié aux Éditions Quart Monde.

Ce webinaire a réuni des personnes de différents milieux : des universitaires, des professionnels, et des personnes avec l’expérience de la pauvreté. L’objectif n’était pas seulement de présenter le livre, mais aussi de permettre de réfléchir et d’échanger sur différentes thématiques et à partir d’expériences développées dans le cadre du Croisement des Savoirs.  La présentation a aussi mis en évidence la pertinence et l’utilité de processus garantissant une véritable participation de tous. Il s’agissait également d’analyser les défis éthiques, académiques et financiers liés à la démocratisation du savoir, tant du point de vue institutionnel que dans une dimension culturelle.

Questionner les hiérarchies du savoir

En présentant la démarche du Croisement des Savoirs, Alberto Ugarte qui a participé à la coordination du livre ¿De quién es el conocimiento?, a présenté ce processus en le situant dans le contexte des épistémologies radicales2, tout en cherchant un dialogue et la confrontation du savoir des personnes en situation de pauvreté avec celui des praticiens et des académiciens.

Dans son explication, Alberto Ugarte a fait écho à l’objectif crucial des épistémologies radicales : questionner les hiérarchies du savoir et reconnaître que chaque personne possède des savoirs et des expériences qui doivent être pris en compte si l’on souhaite vraiment transformer les réalités d’injustice et d’oppression.

Pour Davyd Greenwood, professeur émérite d’anthropologie à l’université de Cornell, qui a plus de 30 ans d’expérience dans le développement et la promotion de processus participatifs dans le monde universitaire, la découverte du Croisement des Savoirs à été une véritable surprise.

Dans son intervention, il a dit:

Avant d’ajouter:

Face à la banalisation de la participation des personnes en situation de pauvreté, Greenwood nous met au défi de trouver un accord pour créer un réseau international de personnes très diverses et dispersées, vivant dans des situations très différentes.

Pour illustrer la démarche du Croisement des Savoirs, Soledad Ortiz et Roxana Quispe ont présenté la recherche qu’elles ont mené en Bolivie sur le thème « Las violencias que sufren las mujeres en situación de pobreza » (La violence subie par les femmes en situation de pavureté). Dans cette méthodologie proposé par le Croisement des Savoirs, il y a plusieurs étapes. Elles ont donc expliqué que la recherche a  commencé par l’expérience personnelle de chaque participant (avec ou sans l’expérience de la pauvreté) pour construire, au sein de groupes de pairs, un savoir qui pourra, dans un second temps, entrer en dialogue avec le savoir d’autres groupes de pairs. Ainsi, dans un processus alternant travail individuel et collectif, les conditions sont créées pour, dans un troisième temps, entrer dans un processus de co-construction du savoir, qui permettra un nouveau savoir qui aura été enrichi par la vision et l’expérience de chaque participantes.


Voir aussi la vidéo : Le Croisement des Savoirs


Pour un savoir plus démocratisé

Dans la deuxième partie de ce webinaire, les participants, divisés en quatre groupes thématiques, ont pu, malgré un temps restreint, discuter autour des différentes questions précédemment évoquées lors de la présentation.

Ce webinaire a été l’occasion de voir la richesse portée par le Croisement des Savoirs et, plus précisément, les processus participatifs qui cherchent à démocratiser la construction du savoir. Ces derniers permettent de construire des processus de co-construction du savoir, mais permettent aussi, au niveau personnel, que les personnes qui participent à ces processus gagnent en confiance et en sécurité pour devenir des acteurs dans leurs quartiers ou communautés.

  1. en espagnol
  2. L’épistémologie est la théorie de la connaissance et s’intéresse aux origines, aux méthodes et aux limites de la connaissance humaine. L’épistémologie radicale s’oppose aux normes actuelles de l’épistémologie. Elle s’oppose à de nombreux principes et hypothèses des idées épistémologiques modernes, en particulier celles qui concernent les hiérarchies de la connaissance.