Violence et banalisation de la misère
Première journée du colloque
« On ne peut plus se taire »
« Celui qui reste silencieux ne reçoit pas justice, on ne peut plus se taire et laisser parler ceux qui savent ». Les mots de Dona Valentina du Pérou résumaient bien l’esprit de cette première journée du colloque international sur la violence faite aux pauvres. Réflexion nouvelle sur le sujet, il vient conclure une démarche de 3 ans rythmée par des séminaires et des universités populaires organisées par ATD Quart-Monde. Membres du mouvement et invités (chercheurs, universitaires, membres d’autres associations…) vont croiser leurs savoirs pour s’enrichir mutuellement. Le thème de cette première journée : Violence et banalisation de la misère fut illustrée en plénière par de nombreux témoignages. « Ils ne nous disent jamais : vous n’êtes pas des êtres humains mais ils nous le montrent et nous le font ressentir » explique Moraene Roberts de Grande-Bretagne. Une impression partagée par Ricarl Pierrelouis de l’île Maurice et Moustapha Diop du Sénégal, qui témoignent de délogement de villages entiers lors de constructions d’autoroutes et de digues. Ces projets se voulaient d’utilité publique mais les déplacements ont eu des conséquences dramatiques pour les familles (encore moins de moyens, déscolarisation…)
En petits groupes, les participants ont discuté des témoignages et des questions qu’ils suscitaient, comme celle de la violence quotidienne vécue par les personnes en situation d’extrême pauvreté. Une violence souvent légitimée par les institutions, au Liban par exemple les travailleurs domestiques immigrés victimes d’agressions préfèrent rester dans le silence et ne pas porter plainte. Lala Arabian raconte qu’ils n’ont pas confiance dans le système judiciaire qui ne poursuit pas ou peu leurs agresseurs.
En fin de journée tous les participants ont fait remonter le fruit de leurs réflexion lors d’une plénière de conclusion. Beaucoup ont signalé l’importance du choix des mots pour exprimer leur ressenti afin de parvenir à une meilleure compréhension mutuelle. Mais comme a conclu une participante : « ce qui est important ce ne sont pas les solutions, mais c’est d’avoir trouvé des réponses ensemble ».
Voir ci-dessous des interviews de participants